principautés territoriales, (suite)
En fait, une transition s'opère de la principauté à l'État princier. Le cas le plus typique est celui de l'État bourguignon. Les premiers ducs valois de Bourgogne possèdent les comtés de Flandre, d'Artois et de Bourgogne (Franche-Comté). Puis, sous Philippe le Bon, leurs possessions s'étendent aux Pays-Bas. Elles vont de la pointe du Helder au comté de Mâcon, mais la Lorraine sépare les deux parties de leur vaste État. Les ducs de Bourbon font l'acquisition du Forez, du Beaujolais, de l'Auvergne. L'État breton développe son organisation administrative, et ses maîtres s'intitulent « ducs par la grâce de Dieu ». Dans le Midi, le vicomte de Béarn affirme sa « souveraineté ». Les comtes d'Armagnac s'efforcent de reconstituer une principauté semblable à celle qui existait à l'époque carolingienne.
La royauté française prend conscience, dès Charles VII (1422/1461), du danger princier, qui éclate lors de la Praguerie (soulèvement des princes en février 1440, mis en échec par l'armée royale). Louis XI doit faire face à deux États princiers renforcés : l'État bourguignon et l'État breton. Le premier s'effondre après la mort de Charles le Téméraire, à Nancy, en 1477. Le problème breton ne se résout, après des périodes de guerre, que par le mariage de Charles VIII et d'Anne de Bretagne, en 1491. Seuls subsistent, sous François Ier, les domaines de la famille gasconne d'Albret, qui fait sa soumission, le Béarn, qui ne pose pas de problèmes en raison de sa position géographique, et les possessions bourbonnaises. Avec ces dernières, le conflit royauté-principauté a été retardé du fait que les Beaujeu, durant la minorité de Charles VIII (1483/1491), gouvernaient à la fois la France et l'État bourbonnais. Mais le connétable de Bourbon, Charles III, est entraîné dans un conflit avec François Ier et sa mère, Louise de Savoie. Il n'est pas en mesure de résister à leur action, qui va dans le sens du renforcement monarchique et de l'unification du royaume. Sa fuite, en 1523, sur les terres de l'Empire, est l'ultime péripétie de la lutte entre royauté et principautés. Malgré la persistance de conflits entre les rois et les grands du royaume, le problème des principautés est définitivement réglé.