Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
O

outre-mer (départements et territoires d'). (suite)

En vertu des dispositions de la Constitution d'octobre 1946, toutes les autres colonies françaises sont transformées en territoires d'outre-mer (TOM). Ces collectivités ont à leur tête un haut commissaire, et non plus un gouverneur, et sont dotées d'une assemblée territoriale (le plus souvent élue au suffrage restreint et au double collège). Les crédits du Fonds d'investissement et de développement économique et social (FIDES) permettent la réalisation d'importantes infrastructures. Des lois organiques devaient définir les institutions propres à chaque TOM, mais seule la loi-cadre de juin 1956, dite « loi Defferre », est effective, les dotant d'un embryon d'exécutif (conseil de gouvernement) et d'une assemblée représentative élue au suffrage universel (suppression du double collège). Lors de la révision constitutionnelle de mars 2003 les TOM sont devenus des collectivités d'outre-mer (COM).

En 1958, les territoires d'Afrique noire et Madagascar optent pour le statut de République membre de la Communauté (à l'exception de la Guinée, qui accède aussitôt à l'indépendance). Seuls les petits territoires dispersés préfèrent conserver leur statut de TOM (ils sont parfois qualifiés de « confetti de l'empire »). Depuis l'accession à l'indépendance des Comores et du Territoire des Afars et des Issas (Djibouti), il ne subsiste aujourd'hui que quatre collectivités d'outre-mer : la Polynésie française, Wallis-et-Futuna, Saint-Pierre-et-Miquelon et Mayotte. À cela, s'ajoutent deux collectivités : la Nouvelle-Calédonie et les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Leurs statuts particuliers ont été plusieurs fois modifiés, mais ils sont tous dotés d'une autonomie plus ou moins étendue et, à l'exception des TAAF (dépourvues de population permanente), ils sont représentés au Parlement.

Ouvrard (Gabriel Julien),

négociant et financier (Clisson, Loire-Atlantique, 1770 - Londres 1846).

Fils d'un papetier, Ouvrard entre dès 1788 dans une maison nantaise de négoce colonial. Établi à son compte en 1789, il tire parti de l'essor de la presse révolutionnaire en obtenant le monopole de la vente de la totalité du papier produit dans l'Angoumois et le Poitou. Il spécule ensuite sur des produits coloniaux. Menacé d'être dénoncé comme accapareur, il échappe à la Terreur en s'engageant dans l'armée. Sous le Directoire, il accumule d'importants bénéfices dans les fournitures aux armées tout en accordant des crédits au gouvernement. Bonaparte, après avoir tenté en vain de mettre fin à sa puissance financière, recourt à son tour à ce bailleur de fonds. Mais cette « extraordinaire figure de l'aventurisme financier » (Louis Bergeron) est arrêtée en 1809 après avoir échoué dans ses spéculations sur les piastres provenant du Mexique : devenu débiteur du Trésor, Ouvrard est enfermé à Sainte-Pélagie jusqu'en 1813. En 1814, il fournit des vivres aux armées alliées puis offre ses services à Louis XVIII : son plan de finances fondé sur le crédit et une caisse d'amortissement, déjà proposé au Directoire puis au Consulat, est adopté en 1817. Mis en accusation à la suite de ses opérations financières durant la guerre d'Espagne (1823), il est de nouveau emprisonné de 1824 à 1829. Après 1830, il reprend son activité dans toute l'Europe puis se retire à Londres peu de temps avant de mourir.