Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Waterloo (bataille de), (suite)

La défense active conduite par Wellington, l'intervention prussienne, l'absence de manœuvre, le manque de coordination des attaques, expliquent l'échec des troupes napoléoniennes. Les pertes sont élevées (Français : 28 000 tués et blessés, 8 000 prisonniers sur 71 000 hommes engagés dans la bataille ; Anglo-Hollandais : 15 000 sur 68 000 ; Prussiens : 8 000 sur 45 000). La défaite de Napoléon ouvre une ère de paix et de prépondérance anglaise.

Wattignies (bataille de),

bataille remportée les 15 et 16 octobre 1793 par l'armée française sur les troupes autrichiennes, qui permet de libérer la ville de Maubeuge.

En septembre 1793, l'armée autrichienne du duc de Saxe-Cobourg met le siège devant Maubeuge. Les forces françaises, commandées par Jourdan et Carnot, font leur jonction le 8 octobre afin de débloquer la ville assiégée. Le plan initial consistait à attaquer la position ennemie sur les ailes pour préparer une attaque massive au centre et briser la ligne autrichienne. Mais, le 15 octobre, Jourdan échoue dans son approche. Les deux commandants décident alors de modifier leur tactique : on affaiblit la gauche et le centre du dispositif pour renforcer la droite, qui doit procéder à un mouvement enveloppant. Le 16 octobre, le brouillard facilite l'attaque française. Il faut néanmoins trois assauts successifs - dont le dernier est dirigé par Carnot et Jourdan eux-mêmes - pour emporter la position de Wattignies. Le lendemain, le duc de Saxe-Cobourg se replie sur Mons sans être inquiété par la garnison de Maubeuge et les Français font leur entrée dans la ville. La victoire de Wattignies - qui se produit six jours après la mise en place du gouvernement révolutionnaire - marque le début du redressement militaire de la République.

Weil (Simone),

philosophe et écrivain (Paris 1909 - Ashford, Kent, 1943).

Élève d'Alain, entrée en 1928 à l'École normale supérieure, Simone Weil passe avec succès l'agrégation de philosophie en 1931 et devient professeur de lycée. Vivement intéressée par les questions politiques et sociales, elle s'engage dans le syndicalisme révolutionnaire et prend un an de congé, en 1934-1935, pour travailler comme ouvrière chez Renault. Les écrits qui témoignent de cette période seront rassemblés en 1951 dans la Condition ouvrière. En 1936, elle rejoint les rangs des républicains espagnols. Sa découverte du christianisme, amorcée à la fin des années 1930, s'approfondit au début de la Seconde Guerre mondiale, notamment à travers les rencontres qu'elle fait à Marseille, où elle s'est réfugiée après l'occupation de la France. Elle gagne ensuite l'Ardèche, travaillant comme ouvrière agricole, puis, s'expatrie en 1942 à New York, avant de revenir à Londres où elle s'engage aux côtés de la France libre. Atteinte de tuberculose, elle se laisse dépérir et meurt dans un sanatorium du Kent (Angleterre).

Avant la guerre, les analyses politiques et sociales de Simone Weil n'étaient guère connues que des milieux syndicaux révolutionnaires. Ses écrits philosophiques et religieux, publiés après sa mort - la Pesanteur et la grâce (1947), la Connaissance surnaturelle (1949), l'Enracinement (1950), la Source grecque (1953), Oppression et liberté (1955) - ont révélé une pensée aiguë et pénétrante, à la fois attentive aux exigences du réel et acharnée à détruire dans sa propre quête tout ce qui n'est pas désir passionné de Dieu.

Wendel (famille de),

grande famille d'industriels.

Petit-fils de Jean-Martin de Wendel, premier maître de forges installé en Lorraine en 1704 et anobli, Ignace de Wendel (1741-1795) est, comme Oberkampf, l'un des pionniers de l'industrialisation de la France à la fin du XVIIIe siècle ; il est à l'origine des premières tentatives de production sidérurgique moderne dans le bassin du Creusot (Loire), utilisant des hauts fourneaux au coke au lieu du charbon de bois. Mais c'est dans le Bassin lorrain que la dynastie de Wendel construit sa prospérité, autour de deux sites principaux, Hayange et Moyeuvre, aménagés dès l'Empire avec l'aide de la banque Seillière. François de Wendel (1778-1825), fils d'Ignace, membre de la Chambre des représentants, puis son fils Charles (1809-1870), député de 1849 à 1867, constituent l'une des plus grosses fortunes industrielles de la France du XIXe siècle, comparable à celle des patrons du Creusot, les Schneider. En 1864, Charles est l'un des membres fondateurs du Comité des forges, organe représentant les intérêts des patrons de la sidérurgie, au sein duquel la famille de Wendel restera toujours très puissante.

La perte de la Lorraine, en 1871, place les usines de Wendel en territoire allemand, mais elles se réimplantent en 1880 en France, à Jœuf, où sont construites des forges utilisant le procédé Thomas (qui permet d'employer le minerai lorrain) ; jusqu'à la Première Guerre mondiale, la société « Les Petits-Fils de François de Wendel et Cie » reste séparée en deux branches, la française, gérée par Henri (1844-1906) puis François (1874-1949), l'allemande, dirigée par Robert (1847-1903) puis Charles (1871-1931), qui furent tous deux députés au Reichstag. Ces « barons du fer » incarnent donc à la fois un pouvoir industriel, financier, et politique. François de Wendel, ingénieur des Mines, représente brillamment ce lien entre les affaires et la politique dans l'entre-deux-guerres : premier maître de forges de Lorraine, il dirige la compagnie familiale tout en cumulant les fonctions de député (1914) puis de sénateur (1932) de Meurthe-et-Moselle, d'animateur de la Fédération républicaine, l'un des deux grands groupes de la droite parlementaire, de régent de la Banque de France, et de président du Comité des forges. Libéral et patriote, même s'il reste un homme politique de moyenne envergure, il est considéré comme le symbole de la puissance capitaliste, de ce « mur de l'argent » qui, selon certains, peut faire échouer les politiques qui vont contre ses intérêts.

Avec le déclin puis la crise de la sidérurgie française, le fils de François, Henri (1913-1982), est le dernier grand patron d'une dynastie profondément liée à l'histoire du développement industriel de la France aux XIXe et XXe siècles.