Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
B

Birague (René de),

homme politique et prélat (Milan 1506 ou 1507 - Paris 1583).

Issu d'une famille de la noblesse milanaise ayant rompu avec les Sforza, il entre, à l'instar d'autres Birague, au service de François Ier. Président au parlement de Turin en 1543, il joue surtout un rôle militaire dans le Piémont, alors occupé par la France. La perte de ce même Piémont le conduit à Paris, où il est promu président au parlement en 1563. Membre du conseil du duc d'Anjou (futur Henri III), homme de confiance de Catherine de Médicis, il devient garde des Sceaux en 1571, et compte parmi les instigateurs de l'assassinat de Coligny en 1572.

Nommé chancelier en 1573, ce fidèle de la couronne reste, semble-t-il, assez effacé : c'est sans doute ce que les souverains demandaient au successeur de l'incommode Michel de L'Hospital. Un jugement sévère de Pierre de L'Estoile - « Ce chancelier était bien entendu aux affaires d'État, fort peu en la justice » - témoigne du peu d'estime de ses contemporains pour ses capacités judiciaires. Comme tous les « étrangers » de l'entourage de la reine (Nevers, Retz), il est honni par les grands du royaume. Veuf en 1572, il est tonsuré, et collectionne alors les abbayes. Devenu cardinal en 1578, il abandonne sa fonction de garde des Sceaux la même année, moyennant d'importantes compensations financières, mais il siège au Conseil du roi presque jusqu'à sa mort.

Bir-Hakeim,

point de résistance des Forces françaises libres (FFL) dans le désert libyen, du 27 mai au 11 juin 1942.

En mai 1942, Rommel lance l'Afrikakorps à l'assaut de Suez. La VIIIe armée britannique, dans laquelle sont intégrées les FFL, bat en retraite. Dans le cadre de la défense de Tobrouk, les Britanniques ont confié à la 1re brigade française libre (BFL) du général Kœnig la mission de tenir au moins six jours le lieu-dit Bir-Hakeim, croisement de pistes à 60 kilomètres de la côte, pour contraindre les forces de l'Axe soit à un long détour par le sud, soit à un combat sanglant. Kœnig et ses 3 500 hommes ont édifié un puissant bastion entouré de 50 000 mines et disposant de 1 200 postes de feu. Le 27 mai, la BFL repousse un premier assaut italien. Mais, le 1er juin, commence le pilonnage de la place par l'aviation allemande, et Rommel lance sa 90e division, soutenue par la division italienne « Trieste ». Dans de terribles conditions, les « Français libres » tiennent jusqu'au 10 juin, date à laquelle ils sont autorisés à se replier. Kœnig ordonne alors la sortie, au cours de laquelle les pertes sont sévères. Quelque 2 500 rescapés parviennent à rejoindre les lignes anglaises.

La résistance des FFL, même si elle n'a pas pu empêcher la chute de Tobrouk (14 juin), a freiné l'avance allemande et permis aux Anglais de se replier en bon ordre. Premier contact militaire entre Français et Allemands depuis juin 1940, le succès défensif de Bir-Hakeim a rencontré un immense écho, galvanisant l'esprit de résistance et consolidant la position du général de Gaulle aux yeux des Alliés.

Bituriges,

peuple gaulois qui a donné son nom à la province du Berry, et dont le nom signifie « rois du monde ».

Les Bituriges, ainsi que leur roi Ambicatus, sont mentionnés pour la première fois par l'écrivain romain Tite-Live (Histoire de Rome, livre V), au Ier siècle avant J.-C. Ils forment une confédération avec, notamment, les Arvernes, les Carnutes, les Sénons et les Aulerques.

Dans cette région aux ressources naturelles riches (en particulier en métaux), l'archéologie a mis au jour des tombes princières sous tumulus, preuves de l'existence, dès le VIe siècle avant J.-C, d'une aristocratie importante, qui entretenait des liens commerciaux avec le monde méditerranéen, comme le montrent les objets importés. Dès le IIe siècle avant J.-C. apparaissent les prémisses d'une économie urbaine. Grâce à des fouilles menées à Levroux (Indre), on a pu dégager les vestiges d'un habitat de cette période, entouré d'une fortification.

Lorsque César attaque la Gaule, il distingue les Bituriges Vivisci, qui occupent le Bordelais, et les Bituriges Cubi, cantonnés dans l'actuel Berry. La capitale de ces derniers est Avaricum, une cité fortement défendue. En 52 avant J.-C., les Bituriges font partie de la coalition menée par Vercingétorix, qui, pour affamer les légions romaines, pratique la politique de la terre brûlée. Mais ils obtiennent de lui qu'Avaricum soit préservée ; la prise de cette place forte, épisode sanglant, apportera à César un ravitaillement inespéré. Après la conquête romaine, les Bituriges seront inclus dans la province d'Aquitaine première.

Blanc (Louis),

théoricien socialiste et homme politique (Madrid 1811 - Cannes 1882).

Fils d'un fonctionnaire des finances en poste dans l'Espagne de Joseph Bonaparte, Louis Blanc commence des études de droit, qu'il doit abandonner pour gagner sa vie. Journaliste dans diverses publications républicaines à Arras puis à Paris, il se fait connaître par des articles de teneur socialiste. Rédacteur en chef de la Revue du progrès, il expose sa doctrine dans l'Organisation du travail (1839), développant l'idée que, pour instaurer la fraternité entre les hommes, il faut lutter contre l'individualisme et la concurrence économique sauvage par la création de coopératives ouvrières de production. Il appartient à l'État d'organiser ce système de production, d'encadrer les marchés et d'instituer des assurances sociales. Réforme politique et réforme sociale sont donc indissociables : la transformation sociale reste le but à atteindre (Louis Blanc est socialiste), et la réforme politique constitue le moyen d'y parvenir (il est un républicain fervent).

Militant jouissant d'une grande popularité, il devient membre du Gouvernement provisoire en 1848, et tente de mettre en pratique certaines de ses idées, en particulier à travers les propositions de la Commission du travail du Luxembourg, qu'il préside. Mais il ne réussit pas à obtenir de la majorité modérée du gouvernement la création d'un grand ministère du Progrès. Ses propositions sont dénaturées, et les Ateliers nationaux mis en place à cette époque ne correspondent pas à ceux qu'il préconisait. Opposé à la violence et partisan d'une révolution pacifique, il quitte le pouvoir après les journées de mai 1848. Il est pourtant inquiété pour sa participation supposée à l'insurrection du 15 mai, et s'exile à Londres, où il mène conjointement une activité d'historien (Histoire de dix ans, 1830-1840 ; Histoire de la Révolution française ; Histoire de la Révolution de 1848) et de journaliste républicain (rédacteur au Nouveau Monde).