Chambre des comptes,
institution d'Ancien Régime destinée, à l'origine, à vérifier les comptes de tous les agents responsables des deniers publics, c'est-à-dire, essentiellement, des officiers ou fermiers du Domaine, et des prévôts.
Elle est issue, comme le Conseil royal ou le parlement, du démembrement progressif, depuis la fin du XIIe siècle, de l'ancienne curia regis (cour du roi). Un démembrement que nécessitent l'extension et la centralisation du pouvoir royal.
Installée dès 1303 dans une camera (chambre) du palais royal, cette commission n'est organisée comme institution permanente qu'en 1320, dans sa composition, son fonctionnement et sa double mission de contrôle et de justice. Le contrôle concerne la comptabilité des agents publics mais aussi la validation administrative des actes portant engagement de dépenses ou aliénation de biens. Il en résulte des compétences contentieuses qui autorisent la Chambre des comptes à juger, le cas échéant, les agents suspects de mauvaise gestion.
Ces attributions la consacrent, jusqu'à la Révolution, comme une cour souveraine, au prestige et aux effectifs considérables : tout au long du XVIIIe siècle, la valeur des offices de ses membres demeure très élevée, et, en 1789, elle est composée de 189 officiers. Néanmoins, l'extension du domaine royal ainsi que du pouvoir souverain a donné naissance à des institutions rivales en matière de compétences - parlement pour la justice, Chambre des aides pour les impôts, Cour du Trésor, Chambre des monnaies - et de ressort géographique - 11 chambres des comptes locales outre celle de Paris. De cette multiplicité des institutions financières découlent l'absence de toute comptabilité d'ensemble et des retards considérables dans les vérifications, se chiffrant en années. Perçue par les révolutionnaires comme un vestige de l'administration enchevêtrée d'Ancien Régime, la Chambre des comptes est supprimée à la Révolution, avant d'être rétablie par l'Empire, sous le nom de « Cour des comptes ».
Chambre introuvable,
nom donné à la Chambre des députés élue en 1815, sa majorité ultraroyaliste étant plus forte que ne le souhaitait le roi lui-même.
Les élections se déroulent les 14 et 21 août, dans un contexte de Terreur blanche et de désarroi de l'opinion. Les résultats sont inespérés pour les royalistes puisque les collèges électoraux de l'Empire, maintenus, ont élu 350 ultras (pour 402 sièges), parmi lesquels de nombreux membres de l'ancienne noblesse, des bourgeois magistrats ou de hauts fonctionnaires.
Les nouveaux députés établissent une Terreur blanche légale : le 29 octobre 1815 est votée une loi de sûreté générale facilitant l'arrestation des suspects de complot contre l'État ; une loi contre les cris et écrits séditieux est adoptée le 9 novembre ; le 27 décembre sont organisées des juridictions d'exception, les cours prévôtales ; enfin, la loi d'amnistie du 2 janvier 1816 prononce des proscriptions en nombre. La Chambre refuse de voter le budget équilibré proposé par le ministre des Finances Corvetto car il prévoit d'indemniser les créanciers de l'État par la vente de bois domaniaux. Las des surenchères des ultras, Louis XVIII, sur les conseils de Decazes, ordonne, le 5 septembre 1816, la dissolution de la Chambre. Toutefois, la Chambre introuvable a contribué à l'élaboration du régime parlementaire en affirmant le droit des députés à amender un projet de loi et à soutenir un point de vue différant de celui du gouvernement. En 1824, une nouvelle Chambre à majorité ultraroyaliste est élue et appelée, en référence à 1815, la « Chambre retrouvée ».
Champagne (comté de),
principauté médiévale correspondant, approximativement, aux départements de l'Aube, de la Marne, de la Haute-Marne, de la Seine-et-Marne, et à une partie de la Meuse.
À l'origine de sa formation se trouve Herbert II de Vermandois, qui profite, avec d'autres, de l'affaiblissement de l'autorité carolingienne pour se constituer un vaste domaine : à ses biens, il ajoute, en peu de temps, l'archevêché de Reims (925) et la place forte de Laon (928), puissants bastions de la zone d'influence royale, ainsi que les comtés de Troyes, Meaux, Melun, Sens... Il occupe ainsi une position dominante au nord de la Seine. Partagée à sa mort, la principauté est reconstituée en 1023, au profit de la maison de Blois, par héritage. Très puissant, le comté de Blois et de Champagne, qui enserre le domaine royal, est cependant coupé en deux par ce dernier, ce qui rend les communications difficiles. Il souffre, en outre, de successions chaotiques aux XIe et XIIe siècles - pas moins de trois partages entre 1037 et 1152 -, même si son unité est finalement maintenue. Sans particularismes, la Champagne est, au XIe siècle, une principauté essentiellement rurale, en retard sur sa voisine flamande. Les villes, pour la plupart cités épiscopales, à l'instar de Reims et de Châlons, échappent au comte, et restent hors du mouvement communal. La seule ville comtale est Troyes. Pour accroître leur puissance, les comtes de Champagne multiplient les liens féodaux : nombreux suzerains (le roi, le duc de Bourgogne, l'archevêque de Reims, celui de Sens, et même l'empereur) ; nombreux vassaux, également, puisqu'en 1170 le comte Henri Ier le Libéral n'en compte pas moins de deux mille.
Une principauté riche, des princes influents.
• D'abord puissance territoriale et militaire, la Champagne devient également, à la fin du XIIe siècle, une puissance économique, avec le développement des foires. Tout au long du XIIIe siècle, des marchands italiens, flamands, allemands, anglais et espagnols négocient, à Troyes, Provins, Lagny et Bar-sur-Aube, le drap des villes du nord de la France. Signe tangible de la prospérité économique, le denier provinois est une monnaie forte. À la même époque, l'administration du comté prend forme, avec une chancellerie, une chambre et une cour judiciaires, les Grands Jours de Troyes. À la mort de Thibaud II de Champagne (Thibaud IV de Blois), en 1152, la principauté bléso-champenoise est définitivement séparée entre Champagne, pour Henri Ier le Libéral, et Blois, pour Thibaud V ; mais ce partage n'affecte pas la puissance champenoise. Les liens avec les Capétiens se resserrent en effet à partir de 1160 lorsque Adèle de Champagne, fille du comte Thibaud II, épouse le roi Louis VII. L'influence du clan champenois, avec les frères de la reine, le comte Henri Ier le Libéral, et l'archevêque de Reims Guillaume aux Blanches Mains, est alors à son faîte. Philippe Auguste n'aura de cesse de secouer la tutelle de ses oncles en s'alliant à la Flandre. Cependant, cet apogée est suivi, entre 1201 et 1223, de la délicate minorité du comte Thibaud IV le Chansonnier : l'héritage champenois est revendiqué par ses cousines, mais Thibaud IV conserve son fief, grâce à la protection royale et à sa mère Blanche de Navarre. En 1234, il succède à son oncle maternel en tant que roi de Navarre, augmentant encore la puissance et le prestige de sa maison.