Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Sainte-Chapelle,

chapelle édifiée entre 1243 et 1248 dans l'enclos du Palais de la Cité, à Paris, et qui reste associée au souvenir de Saint Louis.

C'est le roi dévot qui a souhaité abriter dans cette châsse monumentale les reliques de la Passion du Christ, notamment la couronne d'épines, glorieux symbole d'une royauté souffrante qu'il fit venir de Constantinople. Tout dans la Sainte-Chapelle est exceptionnel : la rapidité de construction (moins de cinq ans), le coût (40 000 livres tournois, d'après le procès de canonisation de Saint Louis), la prouesse architecturale. Le maître d'œuvre demeure inconnu - les historiens ont parfois avancé le nom de Pierre de Montreuil, architecte de Notre-Dame et de Saint-Denis. Il a su, en tout cas, sublimer les canons architecturaux des chapelles palatines pour faire de ce reliquaire royal un chef-d'œuvre de l'art gothique.

Deux niveaux sont clairement distincts. La chapelle basse, massive, fait reposer ses voûtes surbaissées sur des arcs-boutants d'une grande légèreté, l'essentiel de la pression étant supporté par de puissants contreforts. Ceux-ci permettent à la chapelle haute, lumineuse et aérienne, d'élever ses magnifiques verrières séparées seulement par de fines colonnettes. Cette audace architecturale se retrouve également dans le décor des statues et des vitraux, qui déploient un riche programme iconographique à la gloire d'une monarchie christique. Admirée par ses contemporains comme le monument protecteur du royaume de France, la Sainte-Chapelle - pour laquelle Saint Louis commanda de nombreux objets et manuscrits précieux - fut aussi l'un des plus brillants foyers de l'art royal au XIIIe siècle.

Sainte-Foy de Conques,

importante abbaye bénédictine du Moyen Âge, située dans le Rouergue, non loin de Rodez.

La première mention d'une communauté monastique dans les environs de Conques semble remonter au Ve siècle ; pourtant, la véritable fondation de l'abbaye date du milieu du VIIIe siècle, à l'initiative d'un ermite nommé Dadon. Au IXe siècle, les moines adoptent la règle de saint Benoît et reçoivent de nombreuses donations, en particulier de Louis le Pieux et de Pépin II, roi d'Aquitaine. Mais la fortune de l'abbaye provient de la possession des reliques de sainte Foy, qu'un de ses moines dérobe au monastère d'Agen vers 866. Sainte Foy, jeune chrétienne qui passe pour avoir été victime d'une persécution vers 286-288, était invoquée pour la guérison des aveugles et la libération des captifs. À partir du Xe siècle, ses reliques font l'objet d'une fervente dévotion et attirent de nombreux pèlerins au monastère. Au tout début du XIe siècle, Bernard, écolâtre d'Angers, séjourne à Conques à trois reprises ; il assure le succès du pèlerinage en composant un Livre des miracles de sainte Foy (Liber miraculorum sanctae fidis). Dans le même temps, l'abbaye devient une étape importante sur l'une des routes du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, la route du Puy. Le monastère noue alors des relations suivies avec les royaumes chrétiens de la péninsule Ibérique et participe, grâce à ses richesses, au financement de la Reconquête.

Afin de répondre à l'afflux des pèlerins, les moines de Sainte-Foy entreprennent à partir du milieu du XIe siècle, sous l'abbatiat d'Odolric, la reconstruction de l'abbatiale. Les travaux durent environ un siècle et aboutissent à la réalisation d'un monument qui compte aujourd'hui parmi les plus remarquables de l'architecture romane. L'église, bâtie sur le modèle des grands sanctuaires de pèlerinage, se caractérise par une haute nef, un transept saillant et une croisée voûtée d'une coupole sur trompes, un déambulatoire. Très célèbre, le tympan du portail a pour thème le Jugement dernier. Sculpté dans un calcaire très fin et à l'origine polychrome, il représente, au centre, Jésus-Christ dans une mandorle, avec, à sa droite, les Élus - conduits par la Vierge, saint Pierre, Dadon et Charlemagne - et le Paradis, à sa gauche, les Damnés et l'Enfer.

Enfin, la renommée de Sainte-Foy de Conques s'explique aussi par la richesse de son trésor, qui renferme plusieurs beaux spécimens de l'orfèvrerie des XIe et XIIe siècles, notamment la statue-reliquaire de sainte Foy, l'autel portatif de l'abbé Bégon et le reliquaire en forme de « A », dit « de Charlemagne ».

Saint-Germain (Claude Louis Robert, comte de),

général (château de Vertamboz, Jura, 1707 - Paris 1778).

Élève des jésuites, le comte de Saint-Germain envisage d'abord une carrière ecclésiastique puis embrasse la vie militaire. Ayant dû quitter la France à la suite d'un duel, il se met au service de l'Électeur palatin puis d'autres armées étrangères. De retour en France, il est nommé lieutenant général en 1748, et se distingue tout particulièrement pendant la guerre de Sept Ans. Mais un conflit personnel avec le duc de Broglie l'incite à s'exiler de nouveau, en 1760. Il se rend alors au Danemark, où il réorganise l'armée du roi Frédéric V, qui l'a nommé feld-maréchal. Revenu en Alsace en 1772, il se retire sur ses terres, mais cette quiétude ne dure guère. Turgot, qui a apprécié l'homme de guerre et reconnu l'organisateur, a également remarqué son Mémoire sur les vices du système militaire français. Il convainc Louis XVI de confier à Saint-Germain le ministère de la Guerre. Nommé en 1775, le nouveau ministre entreprend des réformes considérables : il diminue les dépenses de prestige pour augmenter les effectifs de l'infanterie, et insiste particulièrement sur l'importance d'une artillerie moderne en soutenant les projets de Gribeauval. Soucieux de renouveler les cadres et de donner aux gentilshommes moins fortunés la possibilité de servir la couronne, il crée douze écoles militaires qui les préparent à intégrer l'École militaire de Paris. Ces mesures irritent la cour, et nombreux sont ceux qui intriguent auprès du roi pour obtenir son renvoi. En rétablissant un cadre disciplinaire fort dans la troupe, il provoque un vif mécontentement en son sein et donne à ses ennemis prétexte à de nouvelles cabales. Il doit démissionner en 1777.

Saint-Germain-des-Prés,

quartier de Paris qui, après la vogue des cabarets de Montmartre à la Belle Époque et les frasques du Montparnasse des Années folles, devient à la Libération le haut lieu de la vie artistique et nocturne parisienne.