Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
V

variole. (suite)

Tout se précipite à la fin du XVIIIe siècle : après une vingtaine d'années d'observations minutieuses et d'expérimentations soignées, le chirurgien anglais Edward Jenner publie à Londres, en 1798, son Enquête sur les causes et les effets de la variole vaccine et met au point, sur la base des principes de l'inoculation, le premier véritable procédé de vaccination. Beaucoup plus sûr quant à ses résultats et susceptible d'être reproduit à grande échelle grâce à sa technique de conservation, le vaccin ainsi créé fait bientôt l'unanimité. Médecins et pouvoirs publics mènent, dès 1800, sous l'impulsion du Premier consul Bonaparte, une grande campagne visant à vacciner la population. Malgré quelques difficultés initiales, la vaccination entre dans les mœurs et permet un recul spectaculaire de la mortalité variolique. Elle annonce, à l'orée du XIXe siècle, l'ère des découvertes pasteuriennes et l'avènement d'une santé publique efficace et omniprésente.

Varlin (Louis Eugène),

militant socialiste (Claye-Souilly, Seine-et-Marne, 1839 - Paris 1871).

Né dans une famille de paysans, Eugène Varlin devient ouvrier relieur à Paris. Disciple de Proudhon, il joue un rôle éminent dans le mouvement mutualiste et coopératif : membre de la Société civile des relieurs en 1857, il fonde ensuite plusieurs coopératives de consommation. Il adhère à la Ire Internationale peu après sa création (1865) et devient rapidement l'un de ses dirigeants. Il connaît à ce titre la prison et doit s'exiler à la fin de l'Empire.

Se définissant comme un « collectiviste anti-autoritaire », Varlin est hostile à la toute-puissance d'un parti qui organiserait la révolution et à la mise en place d'un État centralisé. Il plaide pour un mouvement social structuré à la base mais, contrairement à son maître Proudhon, il ne renonce pas à se mêler à la lutte sociale et politique, appelant à participer aux grèves et au jeu électoral aux côtés des radicaux, associant combat social et combat politique. En 1870, commandant du 193e bataillon de la Garde nationale, membre du Comité central provisoire des vingt arrondissements de Paris, il joue un rôle important pendant le siège de la capitale. Il est élu à la Commune en mars 1871 et occupe successivement des fonctions à la commission des finances, aux subsistances et à l'intendance. Au moment de la Semaine sanglante, il participe à la défense de la Commune et, le 28 mai, il est arrêté et fusillé. Personnage intègre, Varlin a été élevé au rang de martyr de la cause ouvrière.

Varsovie (grand-duché de),

État créé par Napoléon Ier à la suite de la paix de Tilsit (1807) et transformé en royaume de Pologne sous domination russe par le congrès de Vienne (1815).

Depuis son troisième partage (1795), la Pologne a disparu de la carte de l'Europe : ses territoires sont attribués à la Russie, la Prusse et l'Autriche. Lorsque ses troupes prennent Varsovie (28 novembre 1806), Napoléon Ier exploite le sentiment national en appelant la population à prendre les armes contre ses voisins ; mais, en dépit des espoirs des exilés, il n'est pas question pour l'Empereur de rétablir l'indépendance. À la fin de 1807, la paix de Tilsit crée un nouvel État - le grand-duché de Varsovie, confié au roi de Saxe - à partir des provinces enlevées à la Prusse (Mazovie, Poznanie). En fait, le grand-duché est un État artificiel et dépendant. La réalité du contrôle politique revient au résident français. La Constitution du grand-duché est octroyée par Napoléon : elle proclame, certes, la liberté religieuse et l'égalité en droit, mais elle consacre surtout le rôle social et politique de l'aristocratie. L'abolition du servage - mesure apparemment la plus radicale - est une illusion, car les terres, les bâtiments et même l'outillage agricole restent la propriété des seigneurs. La participation de troupes polonaises commandées par le prince Josef Poniatowski pendant la campagne napoléonienne de 1809 (en Allemagne et en Autriche) vaut au jeune État une extension de son territoire (Galicie, Cracovie, Lublin). Mais la retraite de Russie sonne le glas du grand-duché, dont le sort est réglé en 1815 par le congrès de Vienne : au quatrième partage de la Pologne, la Russie se taille la part du lion.

vassalité

, institution sociale qui organise et codifie les rapports hiérarchiques à l'intérieur de la société médiévale.

Le vassal est un homme libre qui s'est volontairement placé dans la dépendance d'un autre homme en lui prêtant hommage. La relation instituée est viagère et ne peut être rompue, sauf en cas de manquement grave. Elle est réciproque : au devoir du vassal d'aider et de conseiller son seigneur répond l'obligation dans laquelle se trouve ce dernier de pourvoir à l'entretien de son homme en lui fournissant un bénéfice (IXe siècle) ou un fief (XIe siècle). Elle est toutefois fortement inégalitaire, le vassal se reconnaissant explicitement comme le subordonné de son seigneur.

La vassalité trouve son origine dans les rituels de compagnonnage des sociétés germaniques. Elle est utilisée de façon systématique par les Carolingiens pour structurer des chaînes de commandement cohérentes à l'intérieur du groupe aristocratique. Dès le début de son règne impérial, en effet, Charlemagne a enjoint aux grands de faire entrer les hommes libres de leur région dans leur clientèle vassalique afin de faciliter le contrôle de la monarchie sur la société, c'est-à-dire afin de se donner les moyens de garantir la transmission et l'exécution des ordres donnés par le souverain. Il s'agit d'un palliatif dont la mise en place tient à l'absence de véritables institutions publiques.

Après le règne de Charlemagne, la diffusion de la vassalité contribue fortement à rendre l'empire ingouvernable : la multiplication des clientèles vassaliques a eu comme principal effet de faire passer la fidélité envers le seigneur avant celle due au souverain. L'éclatement territorial des Xe et XIe siècles se traduit ainsi par la territorialisation des chaînes de fidélités, l'espace gouverné par un grand coïncidant avec les zones où se trouvent ses vassaux. Cette situation caractérise la société féodale, qui apparaît comme constituée de réseaux parallèles et rivaux, ancrés sur des territoires restreints.