Frédégonde,
reine mérovingienne de Neustrie de 570 environ à 597 (vers 545 - 597).
« Servante et maîtresse » du roi de Neustrie Chilpéric Ier, petit-fils de Clovis, Frédégonde est connue pour la longue lutte qu'elle a menée contre sa rivale Brunehaut, reine d'Austrasie.
Chilpéric, jaloux du prestige de son frère Sigebert, qui a pris pour femme la princesse wisigothique Brunehaut, se marie peu après avec Galeswinthe, sœur de celle-ci, alors même qu'il est nanti d'une épouse légitime, Audovère, et d'une maîtresse encombrante, Frédégonde. Cette dernière fait assassiner ses deux rivales et se retrouve peu après promue au rang d'épouse et de reine. C'est l'étincelle qui allume une guerre de quarante ans entre la Neustrie et l'Austrasie. En effet, Sigebert doit assumer la vengeance de sa belle-sœur et ouvre les hostilités, mais Frédégonde le fait assassiner en 575. La lutte se poursuit entre Chilpéric et Brunehaut. Frédégonde triomphe dans un premier temps en faisant exiler sa rivale et tuer les fils légitimes de Chilpéric et d'Audovère, coupables de soutenir Brunehaut. Mais, en 584, Chilpéric meurt, lui aussi assassiné, laissant Frédégonde seule avec un nourrisson, Clotaire II. Réfugiée auprès de Gontran, roi de Bourgogne, elle reprend le dessus à partir de 595, et fait triompher Clotaire II, avant de mourir en 597.
L'histoire de Frédégonde et Brunehaut est narrée en détail par Grégoire de Tours, leur contemporain. Si Brunehaut a fini par trouver grâce aux yeux des historiens, Frédégonde reste un monstre pour la postérité.
Frenay (Henri),
homme politique (Lyon 1905 - Porto-Vecchio, Corse-du-Sud, 1988).
Jeune officier saint-cyrien, Frenay refuse l'armistice et, dès l'été 1940, met en place un mouvement de résistance. Épaulé par ses fidèles (Bertie Albrecht, Claude Bourdet), il projette de créer une organisation à la fois militaire - il jouera un rôle important dans la fondation de l'Armée secrète en 1942 - et politique - via la diffusion de périodiques clandestins tels que Vérités. À la fin de 1941, son groupe fusionne avec les démocrates-chrétiens de Liberté (François de Menthon, Pierre-Henri Teitgen), pour former Combat, qui s'affirme comme le principal mouvement de résistance, et qui s'unira à Libération-Sud de d'Astier de la Vigerie en janvier 1943.
Tout comme les idées politiques de Combat, celles de Frenay ont évolué. En 1940-1941, il agit par patriotisme et par antinazisme, mais n'est pas insensible à l'idéologie de la « révolution nationale ». La rupture définitive avec Vichy advient au début de 1942, et Frenay s'oriente alors vers la définition d'un socialisme humaniste. Il s'oppose à la conception gaullienne de l'unification de la Résistance, et entre en conflit avec Jean Moulin. Il intègre néanmoins le Comité français de libération nationale en novembre 1943, puis, à la Libération, devient, dans le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), ministre des Prisonniers, déportés et réfugiés. En juin 1945, il participe à la fondation de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR), avant de se retirer de la vie politique, déçu par l'écroulement des ambitions de la Résistance.
Frenay sera au centre d'une importante polémique lors de la publication, en 1977, de son Énigme Jean Moulin, qui dépeint l'unificateur de la Résistance en « crypto-communiste ». Une thèse formellement combattue par Daniel Cordier, ancien secrétaire de Moulin.
Frères des Écoles chrétiennes,
congrégation religieuse vouée à l'éducation des jeunes garçons pauvres des villes.
Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, l'intérêt des milieux dévots pour l'instruction et l'éducation religieuse du peuple des villes se traduit par plusieurs initiatives, telles celles de Charles Démia à Lyon, ou de Jean-Baptiste de La Salle à Reims. En 1681, ce dernier rassemble autour de lui une communauté de laïcs s'engageant à dispenser gratuitement un enseignement élémentaire aux plus déshérités. Le succès de la formule entraîne la multiplication des Écoles chrétiennes, et attire de nombreuses vocations : en 1688, les frères sont appelés à la direction d'une école de charité, à Paris, qui devient le centre de la communauté. Au XVIIIe siècle, les maîtres d'école lassalliens seront plus de 2 800 à avoir été formés dans les séminaires de la congrégation, dont le principal se trouve à Saint-Yon, près de Rouen.
Les méthodes appliquées dans les écoles s'inspirent des recommandations de leur fondateur, exprimées dans les Règles de la bienséance et de la civilité chrétienne (1703) et la Conduite des écoles chrétiennes (1720). Dans un but avant tout pratique, les maîtres apprennent à lire à leurs élèves en utilisant des textes français, et non latins, et leur enseignent les rudiments de l'écriture et du calcul. Ils inculquent en même temps aux enfants les principes de la civilité : discipline du corps, maîtrise des émotions, politesse doivent traduire une morale chrétienne transmise par un catéchisme quotidien. La surveillance est stricte, dans le cadre d'un emploi du temps minutieusement organisé.
En 1724, leur institut est reconnu par le roi, et, en 1725, il est approuvé par le pape. À partir des premières écoles rémoises, les établissements se multiplient, à la demande des évêques, des villes et des curés. Les maîtres lassalliens, issus en majorité de milieux populaires, sont présents tout d'abord dans le nord et l'est du royaume, mais, au cours du XVIIIe siècle, ils ouvrent de nombreuses écoles dans la vallée du Rhône, en Provence et en Languedoc, souvent par la volonté du roi, dans le cadre d'une reconquête des populations protestantes de ces régions. En 1790, ils instruisent, dans 108 villes, près de 35 000 jeunes garçons, des enfants pauvres ou, du moins, de condition modeste. L'efficacité de leur enseignement est l'un des éléments d'explication du recul de l'analphabétisme masculin observé dans les villes du Bassin parisien, du nord et de l'est de la France, dans les dernières années de l'Ancien Régime. Supprimée en 1791, la congrégation est rétablie à la suite du concordat de 1801.