gauche (suite)
Si l'on met à part celle-ci, si l'on prend en compte l'évolution du PCF, si l'on se remémore la faiblesse du radicalisme (et aussi celle du mouvement écologiste, lorsqu'il se situe ouvertement à gauche) on constate qu'au début du XXIe siècle la gauche française est dominée par le socialisme démocratique. La France, tout comme l'Italie depuis la naissance du Parti démocratique de la gauche (PDS), se rapproche donc sur ce point de l'Allemagne et de l'Angleterre, dont elle se distinguait par le poids du communisme. La perspective d'une « révolution prolétarienne » paraît définitivement écartée, celle d'une économie mixte avec un secteur public dominant est elle-même compromise. Ne reste donc ouverte que la voie social-démocrate, celle d'une gestion contrôlée de l'économie de marché, dans le but de promouvoir davantage de justice sociale. Cette volonté de pallier les conséquences néfastes de l'ultralibéralisme économique s'accompagne, le plus souvent, d'un libéralisme politique et culturel affiché : défense des droits de l'homme, des minorités, de la démocratie et de la paix dans le monde.
Toutefois, la gauche ainsi définie est loin d'être unie. Elle se compose de plusieurs organisations jalouses de leur identité et de leur indépendance : à la différence du Parti communiste italien (PCI), le PCF ne s'est pas rallié ouvertement à la social-démocratie. Elle ne dispose encore ni d'un programme à court terme pour lutter contre la crise, ni de projets à plus long terme comportant une définition nouvelle du socialisme. Ses composantes sont en désaccord sur la construction européenne, les dissidents de gauche du PS (le Mouvement des citoyens) se rapprochant, dans ce domaine, des positions communistes. Surtout, elle souffre de la faiblesse de ses appareils politiques (le PCF reste un parti de masse, mais le PS ne compte guère que 100 000 adhérents), et du déclin d'un syndicalisme qui, très divisé, ne regroupe plus qu'environ 10 % des salariés : il lui manque donc ce qui constitue un atout de la social-démocratie classique. Aussi, son emprise sur son électorat, qui appartient très largement aux classes moyennes salariées et au milieu ouvrier, se révèle-t-elle fragile. François Mitterrand n'a été élu deux fois au second tour qu'avec un renfort de voix de droite. Alors que la gauche à forte composante radicale était normalement majoritaire au début du siècle, et à nouveau dans les années trente, la gauche socialiste et communiste ne l'a plus été, sauf exception, depuis 1946.