Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
F

Faure (Paul), (suite)

Plusieurs partisans de Paul Faure soutiennent, à des degrés divers, le régime de Vichy. Paul Faure lui-même sert un temps d'émissaire entre le gouvernement et l'occupant, et siège au Conseil national. Exclu de la SFIO en 1944, il recrée la sociabilité « paul-fauriste » au sein du Parti socialiste démocratique, mais n'exerce plus, désormais, d'influence. Il a justifié son parcours politique dans De Munich à la VE République, fustigeant la IVe République qui l'avait marginalisé.

Faure (loi),

loi d'orientation de l'enseignement supérieur votée le 12 novembre 1968.

Conçu par Edgar Faure, appelé au ministère de l'Éducation nationale au lendemain de mai 68, ce texte pose les principes de la participation des différents acteurs de la vie universitaire (étudiants, enseignants, personnels administratifs et de service) à la gestion, et celui de l'autonomie administrative, pédagogique et financière des unités d'enseignement et de recherche (UER), et des universités. Les conseils d'UER et d'université sont désormais élus et accessibles à des personnalités extérieures, mais surtout aux représentants des étudiants. Cette réforme marque la fin d'une certaine forme de mandarinat. Par ailleurs, l'introduction du contrôle continu réduit la sélection, l'activité syndicale et politique n'est plus proscrite à l'intérieur des universités, tandis que la recherche de la pluridisciplinarité et d'une meilleure ouverture sur le monde extérieur aboutira à la création de nouvelles filières, voire d'universités comme celle de Paris VIII-Vincennes (aujourd'hui Saint-Denis).

faux-monnayeurs.

L'une des caractéristiques de la circulation monétaire médiévale est son insuffisance, les États se trouvant dans l'incapacité d'alimenter une frappe régulière qui permette de satisfaire aux besoins des échanges.

Il en résulte, de façon structurelle, en dehors même des périodes de troubles politiques ou de crises économiques, un « état de famine » monétaire. Par ailleurs, les techniques de fabrication des monnaies sont telles qu'il est aisé, en apparence, de contrefaire les espèces en circulation. Un bon orfèvre dispose forcément des outils nécessaires à la fabrication des coins monétaires et des matériaux lui permettant de masquer l'imposture en recouvrant les pièces d'une couche de métal précieux. Pour toutes ces raisons, le faux-monnayage est l'une des données permanentes de l'économie médiévale, et l'une de ses plaies. La nécessité d'obtenir des monnaies à faible valeur libératoire est tellement pressante que le public n'est pas très soucieux de leur origine ni de leur authenticité.

Deux types de trafic existent. Le premier est ponctuel et artisanal. Les malfaiteurs se cachent aux marges d'un finage, dans un lieu reculé mais assez proche tout de même d'un centre de consommation et d'échanges ; ils alimentent un marché local. La principale difficulté est alors d'écouler la marchandise sans que les autorités puissent remonter à l'atelier. Un second genre de trafic, beaucoup plus périlleux parce qu'international, porte sur de très grosses quantités. Un atelier installé près d'une frontière contrefait les monnaies d'un État voisin et prend la tête d'un trafic qui peut durer des décennies. Des marchands viennent y acheter à bon prix de fausses espèces en quantités impressionnantes et les écoulent sur le marché. Des bandes de passeurs et de revendeurs s'organisent et alimentent un véritable courant commercial. Par exemple, au XVe siècle, un atelier de faux-monnayeurs, installé à Maastricht, inonda le marché français durant près d'un demi-siècle sans qu'aucune intervention soit possible, cette ville se trouvant dans la principauté de Liège, alors indépendante.

Ces trafics réapparaissent chaque fois que l'État traverse de fortes crises : ainsi, des traces d'ateliers de contrefacteurs datant de l'époque moderne, et en particulier des années difficiles du règne de Louis XIV, sont régulièrement retrouvées par les archéologues. La contrefaçon cesse d'être une industrie payante dès le retour de l'abondance monétaire, qui se conjugue toujours avec une efficacité croissante de la répression, le public n'ayant alors plus aucun intérêt à fermer les yeux sur les monnaies d'origine douteuse. Des peines, tels l'essorillage, la flétrissure, le versement d'amendes aux montants exorbitants, sont prévues pour les complices. Quant aux coupables principaux, ils sont, jusqu'à la fin de l'époque moderne, jetés vifs dans une marmite d'eau bouillante.

faux sauniers,

dans la France d'Ancien Régime, contrebandiers du sel, produit de première nécessité employé pour la conservation des aliments.

Les faux sauniers trafiquent le « faux sel », et concurrencent ainsi le sel taxé par l'État royal en profitant des régimes particuliers des provinces. En Bretagne, exemptée de gabelle, la vente du sel est libre, et son prix, modique. En revanche, dans le Maine voisin, pays de grande gabelle, les habitants doivent se fournir au grenier à sel de leur ressort, à un tarif beaucoup plus élevé. Il s'ensuit une active contrebande : on achète du sel dans les provinces périphériques, où la gabelle est inexistante ou peu élevée, pour le revendre aux bandes de faux sauniers, ou en faire commerce directement, en petites quantités, dans les pays de grande gabelle, qui sont les plus anciens du royaume.

Déjà, en 1518, François Ier se plaint de cette contrebande : « Il y a, en nos pays d'Anjou et de Maine, plusieurs hommes et femmes qui achètent le sel des faux sauniers et le portent en poches, panetières, chapelets ou autrement, vendre d'huis en huis et de maisons en maisons, où ils font de grands larcins, abus et fraudes. » À la fin du XVIIIe siècle, dans le ressort de Laval (grande gabelle), les sujets achètent en moyenne 4,4 kilos de sel par année et par habitant, alors que dans les pays bretons de Vitré et de Fougères, ils en acquièrent 48 kilos, quantité révélant des activités de faux saunage, puisqu'elle est supérieure à ce qu'ils peuvent consommer. « Le sport national des Français » (J.-C. Waquet) symbolise la résistance populaire face à l'État percepteur. Au XVIIIe siècle, la répression organisée par la Ferme générale est largement inefficace, alors que celle-ci ponctionne la moitié des recettes de la gabelle. Les gabelous (gardes-frontières des pays de grande gabelle) arrêtent hommes, femmes, enfants, voire chiens dressés pour le faux saunage. Mais les officiers du roi affrontent également des bandes armées, telle celle de Jean Cottereau, dit Jean Chouan. Vivant dans le Maine, près de la frontière bretonne, Jean Chouan est arrêté une première fois pour faux saunage en 1772, à l'âge de 15 ans. Huit ans plus tard, il est recherché pour le meurtre d'un gabelou, et condamné à la pendaison par effigie. Il est emprisonné en 1785, et libéré au cours de l'été 1789, à la faveur des événements parisiens. Mais, en 1792, il réapparaît à la tête de la révolte contre-révolutionnaire du Maine, témoignant de la communauté d'intérêts entre monarchistes et faux sauniers, ces derniers désirant sauvegarder leur gagne-pain, la gabelle, abolie en 1790.