dans la France d'Ancien Régime, contrebandiers du sel, produit de première nécessité employé pour la conservation des aliments.
Les faux sauniers trafiquent le « faux sel », et concurrencent ainsi le sel taxé par l'État royal en profitant des régimes particuliers des provinces. En Bretagne, exemptée de gabelle, la vente du sel est libre, et son prix, modique. En revanche, dans le Maine voisin, pays de grande gabelle, les habitants doivent se fournir au grenier à sel de leur ressort, à un tarif beaucoup plus élevé. Il s'ensuit une active contrebande : on achète du sel dans les provinces périphériques, où la gabelle est inexistante ou peu élevée, pour le revendre aux bandes de faux sauniers, ou en faire commerce directement, en petites quantités, dans les pays de grande gabelle, qui sont les plus anciens du royaume.
Déjà, en 1518, François Ier se plaint de cette contrebande : « Il y a, en nos pays d'Anjou et de Maine, plusieurs hommes et femmes qui achètent le sel des faux sauniers et le portent en poches, panetières, chapelets ou autrement, vendre d'huis en huis et de maisons en maisons, où ils font de grands larcins, abus et fraudes. » À la fin du XVIIIe siècle, dans le ressort de Laval (grande gabelle), les sujets achètent en moyenne 4,4 kilos de sel par année et par habitant, alors que dans les pays bretons de Vitré et de Fougères, ils en acquièrent 48 kilos, quantité révélant des activités de faux saunage, puisqu'elle est supérieure à ce qu'ils peuvent consommer. « Le sport national des Français » (J.-C. Waquet) symbolise la résistance populaire face à l'État percepteur. Au XVIIIe siècle, la répression organisée par la Ferme générale est largement inefficace, alors que celle-ci ponctionne la moitié des recettes de la gabelle. Les gabelous (gardes-frontières des pays de grande gabelle) arrêtent hommes, femmes, enfants, voire chiens dressés pour le faux saunage. Mais les officiers du roi affrontent également des bandes armées, telle celle de Jean Cottereau, dit Jean Chouan. Vivant dans le Maine, près de la frontière bretonne, Jean Chouan est arrêté une première fois pour faux saunage en 1772, à l'âge de 15 ans. Huit ans plus tard, il est recherché pour le meurtre d'un gabelou, et condamné à la pendaison par effigie. Il est emprisonné en 1785, et libéré au cours de l'été 1789, à la faveur des événements parisiens. Mais, en 1792, il réapparaît à la tête de la révolte contre-révolutionnaire du Maine, témoignant de la communauté d'intérêts entre monarchistes et faux sauniers, ces derniers désirant sauvegarder leur gagne-pain, la gabelle, abolie en 1790.