Sénégal, (suite)
La structuration de la colonie.
• Sous le gouvernement du marin Protet (1850-1854) puis, surtout, sous celui de Louis Faidherbe (1854-1861, et 1863-1865) dont l'action est soutenue par les importateurs d'arachides bordelais, le Sénégal connaît une expansion décisive et passe de l'état de groupe de comptoirs littoraux à celui de colonie étendue, préfiguration de l'Afrique-Occidentale française. L'expédition de Médine sur le haut fleuve repousse les Toucouleurs d'El-Hadj Omar (1857) ; des établissements sont fondés au Sine-Saloun et en Casamance. La colonie est dotée d'écoles, de routes, d'une administration moderne ; la ville de Saint-Louis est agrandie et assainie. Les successeurs de Faidherbe vont poursuivre sa politique d'expansion et d'équipement (création du port de Dakar en 1868, sur le site du comptoir fondé en 1857).
L'annexion du Cayor (1886) marque le point final de la pacification du territoire sénégalais et Dakar, siège du gouvernement général de l'Afrique-Occidentale française à partir de 1902, devient la grande métropole de l'Ouest africain. Son école de médecine, fondée en 1918, forme des médecins indigènes pour toute l'Afrique française. La vocation arachidière de la colonie se confirme et fait la prospérité de Kaolack. Cas unique en Afrique, les quatre communes de Saint-Louis, Rufisque, Gorée et Dakar élisent un député : en 1914, Blaise Diagne est le premier Africain à siéger au Palais-Bourbon. Il contribue pendant la Première Guerre mondiale à la mobilisation des troupes noires (les tirailleurs sénégalais). Son successeur, Galandou Diouf (élu en 1932), sera le premier député musulman.
Vers la décolonisation.
• En 1940, le gouverneur général Boisson reste fidèle au gouvernement de Vichy et repousse par la force une tentative de débarquement de Français libres. Mais, en novembre 1942, il n'a d'autre issue que de se rallier à de Gaulle et de nombreux Sénégalais servent alors dans les armées de la France combattante.
Devenu territoire d'outre-mer en 1946, le Sénégal est doté d'une assemblée locale. Il est brillamment représenté au Palais-Bourbon par Lamine Gueye, maire socialiste de Dakar et, surtout, par Léopold Sédar Senghor, leader des Indépendants d'outre-mer et plusieurs fois ministre. En vertu de la loi-cadre de 1956, le territoire est doté d'une autonomie restreinte puis, en 1958, il opte pour le statut d'État autonome, membre de la Communauté. Des rivalités se font rapidement jour entre Senghor et le dirigeant ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Elles conduisent à l'échec des projets de grande fédération d'Afrique de l'Ouest. Senghor met cependant sur pied une Fédération du Mali avec le Soudan et ne dissimule pas ses aspirations à l'indépendance, qui est effective le 20 juin 1960. La Fédération éclate deux mois plus tard en raison de la mésentente entre Senghor et Modibo Keita.