franciscains,
religieux appartenant à l'ordre mendiant fondé en Ombrie par François d'Assise (vers 1182-1226).
La volonté de retrouver les fondements de la vie évangélique et la recherche absolue de l'humilité et de la pauvreté du Christ sont à l'origine de la vocation de François d'Assise qui, en 1206, rompt définitivement avec sa famille de riches marchands, pour mener une vie errante et pauvre, consacrée à la pénitence et à l'annonce de la parole de Dieu. La communauté qu'il rassemble bientôt autour de lui reçoit, dès 1209, en dépit de son caractère laïc et de sa grande liberté, l'approbation du pape. Le mouvement est ensuite progressivement pris en main par quelques dignitaires ecclésiastiques disciples de François. L'approbation par le pape d'une règle définitive en 1223, puis l'adoption en 1260 des constitutions dites « de Narbonne » par le chapitre général de l'ordre entraînent l'intégration des franciscains aux structures ecclésiastiques traditionnelles. Jusqu'au milieu du XIVe siècle, le nouvel ordre connaît un essor considérable. Dès les années 1210-1220, des disciples de François parcourent l'Italie, gagnent la Provence, le Languedoc et la France septentrionale. En 1223, un couvent est fondé à Paris. À la fin du XIIIe siècle, bien que plus nombreux dans les régions méridionales, les franciscains sont présents dans toute la France.
Tout comme les dominicains, ils s'implantent surtout dans les villes : ils y trouvent les ressources nécessaires à leur mode de vie mendiant et s'adressent à des populations dont il s'agit d'encadrer la piété, soupçonnée d'hétérodoxie depuis l'essor des spiritualités hérétiques au XIIe siècle. Leur action pastorale repose principalement sur la prédication, la confession et la direction spirituelle des individus ou des confréries laïques du tiers ordre. Dans ce contexte, la formation intellectuelle des frères acquiert de plus en plus d'importance. Les grands centres scolaires franciscains, tel le studium de Paris, et les grands maîtres, tel Bonaventure (1217-1275), contribuent alors au rayonnement de l'ordre. Cependant, celui-ci est déchiré par des conflits relatifs à la question de la pauvreté, qui finissent par entraîner l'apparition, en France, en 1415, d'une branche plus rigoriste appelée « observante ». En 1517, la scission en deux branches - observante et conventuelle - s'étend à tout l'ordre. Mais ce sont les capucins, nouvelle famille franciscaine née dans le contexte de la Contre-Réforme, qui, à partir de la fondation de leur premier couvent en France, en 1575, marquent la spiritualité et la piété classiques.
francisque,
arme de jet du guerrier germain, et notamment du guerrier franc, apparue vers 450.
Analogue à une cognée, dotée d'un (parfois de deux) fer plat évidé, la francisque acquiert une importance décisive dans l'armée franque : lancée en nombre et selon une technique qui accroît sa vitesse de rotation - et donc son impact -, elle constitue une arme offensive de premier ordre, pouvant même pallier les machines de guerre tels béliers et tours d'assaut. Elle assure ainsi la supériorité des guerriers francs sur les autres Barbares pour se rendre maîtres de la Gaule, avant de disparaître au VIIe siècle avec l'adoption progressive d'autres tactiques collectives de combat.
Douze siècles plus tard, sous Napoléon III, à la suite de l'historiographie romantique (Michelet, les frères Thierry) et dans le contexte de l'« archéologie gauloise » dépeignant la France comme une nation celte, la francisque connaît un regain d'actualité, et donnera naissance à de singuliers avatars symboliques.
Établissant un rapprochement entre des spécimens à deux fers et les haches à deux tranchants (bipennes) qui surmontaient les faisceaux des licteurs romains, l'historiographie officielle de la IIIe République laisse accroire une antériorité de la francisque à l'invasion franque de la Gaule. Ainsi, au lendemain de la défaite de 1870, pour tout un courant républicain partisan de « la revanche », la francisque à deux fers, au même titre que les moustaches ou le casque gaulois, devient, par un glissement de sens, l'accoutrement obligé de la « celtitude » retrouvée face à l'ennemi germanique : elle sera patriote et revancharde, laïque et nationaliste.
Et c'est cette francisque dite « gallique » qui, après la débâcle de 1940, est adoptée par le maréchal Pétain comme emblème de l'« État français » instauré par le régime de Vichy, à l'image de la bipenne de l'État mussolinien. Gravée, entre autres, sur diverses pièces de monnaie en lieu et place de la Marianne et de son bonnet phrygien, la francisque fait également l'objet d'une décoration, en octobre 1941, « pour services rendus à la révolution nationale et dévouement à la personne du Maréchal ». Les groupes fascistes, plus conséquents, l'érigent même en signe de ralliement au Reich : faisant passer la capitulation face à Hitler pour aussi « glorieuse » que la reddition de Vercingétorix face à Jules César - reddition inaugurale, selon eux, de la civilisation gallo-romaine -, ils tentent ainsi de justifier la collaboration avec l'occupant nazi, gage d'avènement d'une « nouvelle civilisation européenne ».
franc-maçonnerie,
société de pensée qui est née en Angleterre, puis s'est implantée en France au XVIIIe siècle.
La franc-maçonnerie - de l'anglais free masonry, de free mason, « maçon libre » - a joué un rôle décisif dans la modification des comportements politiques. Fondée sur des principes et une pratique culturelle égalitaires, elle a connu un développement de grande ampleur, sans commune mesure avec celui des autres formes de sociabilité, et un large recrutement.
Une expansion spectaculaire.
• Créée à Londres entre 1717 et 1723, réglée par les Constitutions dites « d'Anderson » adoptées en 1723, la maçonnerie moderne s'implante à Paris vers 1725 et se diffuse tout d'abord modestement en province : 62 loges apparaissent avant 1749, 70 entre 1760 et 1769. La décennie suivante correspond à une expansion massive, avec la fondation de 182 loges. Le mouvement se stabilise dans les années 1770, puis reprend de la vigueur : entre 1785 et 1789, on dénombre 170 créations. Au total, entre 1732 et 1793, plus de 830 ateliers sont « installés », ce chiffre excluant les ateliers militaires. À la fin de l'Ancien Régime, le royaume aurait compté de 50 000 à 100 000 maçons, soit, selon Daniel Roche, 1 citadin sur 20.