Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Charivari (le),

journal du XIXe siècle, fleuron de la presse politique et satirique illustrée sous la monarchie de Juillet.

Fondé en décembre 1832 par Charles Philipon, le Charivari, qui recourt aux ressources nouvelles de la lithographie, est le premier quotidien illustré de l'histoire de la presse française. Journal d'opposition républicaine mettant la caricature au service de la satire politique, il exerce sa verve féroce contre le régime de Louis-Philippe ; de multiples procès en sont la rançon. En 1835, les lois de septembre restreignant la liberté de la presse le contraignent à une plus grande modération ; il s'oriente alors vers la satire des mœurs, en accentuant sa dimension artistique. En dépit d'un tirage modeste (jamais plus de 3 000 exemplaires) et de l'hostilité du régime de Juillet, puis du Second Empire, il connaît un succès considérable pendant un demi-siècle. Si le titre survit encore au début du siècle suivant, le journal disparaît en fait en 1893.

Il doit son succès à l'esprit et à l'audace d'une pléiade de talents, rédacteurs comme Desnoyers ou Altaroche, dessinateurs comme Grandville, Gavarni, Traviès ou Cham, mais surtout au génie de Daumier, le plus grand des caricaturistes de son époque, qui collabore au journal jusqu'à sa mort (1879). Les silhouettes de ses personnages, en particulier Robert Macaire (série parue de 1836 à 1838) et le célèbre Ratapoil, qu'il créé en 1850, ont durablement marqué les mémoires, au point que le Charivari, en définitive, s'identifie à lui.

Charlemagne.

Charlemagne, second roi (768-814) de la dynastie carolingienne, conduisit celle-ci au faîte de son pouvoir.

Ses nombreuses conquêtes firent de lui le souverain le plus puissant d'Occident, le seul capable d'y restaurer, par le couronnement du 25 décembre 800, un Empire disparu depuis 476. Convaincu que les dignités royale et impériale lui avaient été conférées par Dieu lui-même, il gouverna dans le dessein d'assurer à la société chrétienne qui lui était confiée l'ordre, la paix et la prospérité, qui devaient le mieux la préparer à son salut dans l'autre monde. Fils de Pépin III dit « le Bref » et de la reine Bertrade, Charles (qui sera par la suite nommé Carolus magnus, Charlemagne) est né en 742 ou 747. Mais, pour les historiens, sa vie publique commence au printemps 754, quand lui-même et son jeune frère Carloman sont sacrés rois par le pape Étienne II en l'abbatiale de Saint-Denis, en même temps que leur père. Cette association précoce des deux héritiers à la fonction royale doit assurer la pérennité dynastique des Carolingiens, parvenus à la royauté franque grâce au coup d'État perpétré par Pépin III en 751, au détriment du dernier Mérovingien. C'est donc en toute légitimité qu'en 768, à la mort de leur père, ils s'en partagent l'héritage : Charles reçoit un vaste territoire, en forme de croissant, qui s'étire des côtes aquitaines jusqu'à la Germanie en passant par l'essentiel de la Neustrie et de l'Austrasie, ancien noyau de la puissance familiale ; Carloman obtient, quant à lui, la Gaule centrale et méridionale. Sa mort précoce en 771 permet à Charles de revendiquer la plénitude de l'héritage paternel, en bousculant les droits légitimes de son neveu Pépin. Devenu seul roi des Francs, il va s'attacher à achever l'œuvre d'unification territoriale et politique de la Gaule et de la Germanie engagée par ses prédécesseurs. Mais il va aussi en dépasser les limites : à l'intérieur, par une véritable entreprise de normalisation de la société franque ; à l'extérieur, par une politique de conquêtes, qui, à la fin du VIIIe siècle, fera de lui le souverain le plus puissant d'Europe, et légitimera la restauration à son avantage d'un Empire en Occident.

Conquêtes

Conformément à la tradition franque, Charlemagne utilise comme instrument principal de sa politique d'expansion l'armée de tous les hommes libres, levée chaque printemps. Mais la conscription change de caractère. Si la contribution de tous reste en principe exigée (sous forme de tâches de défense territoriale ou de fournitures de vivres et d'équipements), des restrictions interviennent de plus en plus souvent en vertu de critères géographiques (seuls partent les habitants des contrées les plus proches des futurs champs d'opération) ou socio-économiques (seuls sont appelés les hommes en mesure de se doter d'un armement de qualité, éventuellement d'un cheval - ce qui montre le progressif glissement vers une armée aristocratique). En outre, Charlemagne multiplie le nombre de ses vassaux directs (les vassi dominici), mobilisables à tout moment, auprès desquels il recrute ses troupes d'élite. Il peut ainsi se lancer dans des campagnes répétées, sur des terrains parfois très éloignés les uns des autres, et assurer le suivi des opérations par le maintien de troupes d'occupation, par la constitution de glacis défensifs et par la transformation en marches (à caractère militaire renforcé) des comtés situés sur les frontières les plus vulnérables.

Fort de ces moyens, Charles peut multiplier les campagnes de pacification en Gaule (par exemple, en Aquitaine) et en Germanie (par exemple, en Bavière), éliminant toute trace d'autonomie régionale par l'uniformisation de l'institution comtale, toujours confiée à des fidèles. Il entend également soumettre les Saxons, dernier peuple de Germanie continentale demeuré indépendant, avec lequel le règlement d'une paix négociée et durable est rendu difficile en raison de l'absence d'une royauté saxonne unitaire. À la soumission partielle répond souvent le soulèvement, au soulèvement la répression (des milliers d'exécutions - comme à Verden en 782 - ou de déportations), et à la répression la révolte généralisée, en un cycle infernal qui contraint Charles à partir en campagne presque chaque année entre 772 et 799, avant de se montrer capable d'imposer par voie de capitulaires une paix durable, fondée sur l'intégration institutionnelle de la Saxe dans le royaume des Francs.

Par deux opérations conduites en 795 et 796, dont il revient chargé d'un très précieux butin, il détruit le khanat des Avars, peuple venu des steppes qui s'est installé dans la plaine de Pannonie et qui, par ses incursions menées le long de la vallée du Danube, menace la Bavière. Pour la protéger durablement, il constitue le no man's land en une Ostmark, ou Marche de l'Est, à l'origine de l'Österreich (Autriche).