résidence parisienne de six rois et de deux empereurs, entre 1667 et 1870, et haut lieu révolutionnaire, aujourd'hui disparu.
Un lieu de fastes et de spectacles.
• C'est Catherine de Médicis qui fait élever le palais à partir de 1564, au-delà de la muraille érigée par Charles V, sur le site de fabriques de tuiles du XIIe siècle. Le projet est confié à Philibert Delorme, puis à Jean Bullant, qui bâtissent une demeure de plaisance rectangulaire ouverte sur la campagne et perpendiculaire à la Seine. Le premier dôme édifié à Paris couronne son pavillon central. À l'ouest, le Florentin Bernardo Carnessechi lui adjoint un parc « à l'italienne » ceint de hauts murs (1564-1567). Par la galerie du Bord-de-l'Eau et le pavillon de Flore, Henri IV relie le Louvre aux Tuileries, que Mazarin puis Colbert chargent Le Vau d'agrandir et de réaménager. Un nouveau dôme, quadrangulaire, surmonte le pavillon central après qu'une aile nord a été édifiée, symétrique de l'aile sud et terminée par le pavillon de Pomone (aujourd'hui, pavillon de Marsan).
Les scénographies des Tuileries donnent alors son lustre à la monarchie : Mazarin y fait aménager par Vigarani le théâtre « à l'italienne » (1659-1662), destiné aux premières représentations d'opéra en France ; en 1662 se déroule un fameux carrousel sur la place ménagée devant la façade orientale du château. En 1666, Le Nôtre redessine le parc : autour de bassins centraux, aux parterres en arabesques qui s'étalent au pied du palais, succède une région boisée bordée par deux terrasses surplombant les perspectives tracées au-delà du parc, vers la campagne au couchant (les Champs-Élysées), et vers le fleuve, au midi. De 1667 à 1672, Louis XIV réside deux mois par an dans ce palais rénové, puis les Tuileries sont abandonnées pour Versailles - sauf pendant la minorité de Louis XV. Des particuliers y occupent des appartements ; l'orchestre du Concert spirituel (1725-1790) s'y produit ; l'Opéra (1763-1770) puis la Comédie-Française (1770-1782) s'y réfugient. Séparé par un fossé de la place Louis-XV (aujourd'hui place de la Concorde), son jardin public offre cafés, chaises à louer et bancs aux promeneurs ; la société y est mêlée, à l'exclusion des pauvres en haillons, des domestiques et des soldats.
Un centre du pouvoir politique.
• À partir d'octobre 1789, la résidence surveillée de Louis XVI aux Tuileries en fait le centre du pouvoir exécutif. La monarchie constitutionnelle y est renversée le 10 août 1792, laissant place à la Convention et à ses comités révolutionnaires (1793-1795). Rebaptisées « Palais national », les Tuileries abritent le Conseil des Anciens du Directoire (1795-1799), avant que Bonaparte n'en prenne possession (1800). Elles restent le siège habituel de l'exécutif jusqu'en 1870, sauf en 1830-1831 et durant la IIe République (1848-1851) : Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe Ier, Napoléon III, s'y succèdent, les révolutionnaires de 1830 et de 1848 s'en emparent ; jusqu'à la fin du XIXe siècle, les fêtes officielles de tous les régimes illuminent son parc. En 1806, Napoléon Ier a fait dresser une entrée triomphale, l'arc du Carrousel, et lancé à partir des Tuileries une galerie qui longe la rue de Rivoli. Achevée en 1857 sous Napoléon III, celle-ci clôt le quadrilatère Louvre-Tuileries, décor des fastes du Second Empire. En mai 1871, un incendie déclenché sous la Commune ravage les Tuileries. La restauration est possible, mais l'édifice est un encombrant symbole monarchique pour la fragile IIIe République : il est finalement détruit en 1882, à l'exception des pavillons de Flore et de Marsan. L'Orangerie des Tuileries, bâtie au sud du jardin (1853), et le Jeu de paume (1861), au nord, accueillent aujourd'hui des expositions.