ancienne colonie située dans le sud-est du Canada, française de 1604 ou 1605 à 1713.
La côte orientale du Canada est reconnue en 1498 par Jean Cabot, puis en 1524 par Verrazzano, qui lui donne le nom d'Acadie. Le premier établissement est fondé en 1604 ou 1605 par le Normand Pierre de Monts, gouverneur d'Honfleur, qui le baptise « Port-Royal ». Mais les Anglais, installés au sud, ne tardent pas à convoiter ce territoire : dès 1613, Samuel Argyll s'empare de certains établissements français. En 1632, Isaac de Razilly occupe à nouveau la colonie avec une petite troupe de 300 hommes d'élite. Son œuvre est poursuivie entre 1635 et 1650 par Charles d'Aulnay, qui fonde Pentagouet, La Hève, Saint-Jean, Sainte-Anne, dans l'île du Cap-Breton, avant que son rival, Charles de Saint-Étienne de La Tour, ne livre le territoire aux Anglais en 1654. Restituée à la France par la paix de Breda en 1667, l'Acadie ne repasse sous contrôle français qu'en 1670, et, en 1674, Colbert l'incorpore au domaine royal.
De 1674 à 1713, la colonie compte 40 gouverneurs, souvent âgés et peu compétents, trop étroitement subordonnés aux gouverneurs généraux du Canada (Québec). Le territoire est mal défendu par une garnison de 200 hommes, et la population demeure très peu nombreuse : 392 habitants en 1671, 1 088 en 1693, et 1 484 en 1707. Les colons, qui ont noué de bonnes relations avec les Indiens Iroquois et Micmacs, assèchent les marais du bassin des Mines. L'agriculture ainsi que les pêcheries de morue prospèrent, notamment après la fondation de la Compagnie de pêche sédentaire des côtes d'Acadie (1682).
En 1707, une escadre anglaise assiège Port-Royal. Jugeant cette colonie onéreuse et sans intérêt, le ministre Pontchartrain n'envoie pas de renforts au gouverneur Subercase, qui doit capituler le 10 octobre 1710. En 1713, par le traité d'Utrecht, l'Acadie est officiellement cédée à l'Angleterre, en même temps que Terre-Neuve et la baie d'Hudson, la France ne conservant que l'île du Cap-Breton avec Louisbourg. Mais les Acadiens, demeurés sur leurs terres, refusent le serment d'allégeance à la couronne d'Angleterre, et sont l'objet de diverses tracasseries de la part des Anglais, qui les appellent « Français neutres » (French neutrals). En 1755, lors de l'épisode décisif du Grand Dérangement, 7 000 d'entre eux (sur 15 000) sont expulsés et doivent s'établir dans d'autres colonies ou en France.