Cent Ans (guerre de). (suite)
Si l'exceptionnelle longueur du conflit a eu des conséquences et des répercussions à plusieurs niveaux, tous les historiens s'accordent à reconnaître qu'il est difficile de faire la part des choses : la guerre de Cent Ans a-t-elle déterminé des évolutions essentielles ou simplement précipité des mutations largement entamées ? Dans la France victorieuse, la monarchie sort renforcée de l'épreuve. Dès la libération de Paris, un effort de réorganisation administrative est entrepris. Le principe de permanence de l'impôt est désormais acquis et place le droit monarchique au-dessus des droits coutumiers. Institutions judiciaires et financières sont également réorganisées. Le redressement des structures sociales et économiques n'en sera pas moins long, et n'interviendra qu'à partir du règne de Louis XI. La guerre, en effet, a prolongé et aggravé la dépression économique antérieure. L'Angleterre vaincue doit affronter une grave crise monarchique et une véritable guerre civile. Il faut attendre le règne d'Henri VII pour constater un renforcement de l'État. En revanche, le pays connaît un important développement économique et le début d'une expansion commerciale qui fera de lui une grande puissance maritime. Évolution commune aux deux peuples : le conflit fait progresser le sentiment national, où se mêle une certaine xénophobie.
Ce conflit séculaire a laissé des traces non seulement chez les responsables politiques ou parmi les historiens, mais aussi dans la conscience populaire. Sa longueur exceptionnelle a frappé les érudits dès le XVIe siècle. Toutefois, l'expression « guerre de Cent Ans » n'apparaît qu'au début du XIXe siècle et ne devient d'usage courant que dans la seconde moitié du siècle, chez les historiens et les enseignants.