Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
G

Guizot (François), (suite)

L'éloignement.

• Après l'établissement de la République, et plusieurs mois d'exil en Belgique ou en Angleterre, il tente, en vain, de conserver un rôle politique ; il n'obtient qu'un résultat dérisoire aux élections législatives de 1849 dans son « fief » de Lisieux. Ses projets de fusion monarchique ou ses jugements bienveillants à l'égard d'un Second Empire en voie de libéralisation rencontrent peu d'échos. Il poursuit par ailleurs son œuvre littéraire, achève en 1856 l'Histoire de la révolution en Angleterre, rédige entre 1858 et 1867 les précieux Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps. Il conserve jusqu'à sa mort une place éminente dans le protestantisme français et au sein des grandes Académies.

Guyane,

ancienne colonie française, devenue en 1946 un département d'outre-mer.

Un premier établissement est fondé en 1612 à Sinnamary par des marchands de Rouen ; puis le comptoir de Cayenne voit le jour en 1643, mais il est détruit par les Anglais quatre ans plus tard. Après l'échec de diverses tentatives de colonisation menées par Poncet de Brétigny, la Compagnie des douze associés, La Vrigne et Michel, la mise en valeur commence véritablement avec la Compagnie de la France équinoxiale, que fonde Colbert en 1661. Ses débuts n'en sont pas moins bien modestes, limités à la bourgade de Cayenne et à ses environs immédiats. Au XVIIIe siècle, les efforts des jésuites amènent un peu de prospérité, notamment sous l'administration des trois gouverneurs d'Orvilliers (1710-1765). Mais l'expulsion de la Compagnie de Jésus, puis la catastrophique expérience de colonisation agricole à Kourou (1764), portent des coups funestes à la colonie, qui bénéficie néanmoins des travaux de drainage et de l'extension des plantations sucrières promus par le gouverneur Malouët (1768-1778).

La Révolution fait de la Guyane un lieu de déportation où sont internés - dans la région de Sinnamary - des montagnards et des prêtres réfractaires (c'est la « guillotine sèche »). À partir de 1801, l'administration de l'ex-jacobin Victor Hugues donne un élan à la colonie, qui est occupée ensuite par les Portugais, de 1809 à 1817.

Le XIXe siècle est marqué par les chimériques projets de colonisation de Catineau-Laroche et par les efforts de la Mère Marie Javouhey pour améliorer le sort des esclaves, mais l'économie de plantation est ruinée par l'abolition de l'esclavage (1848), ainsi que par la découverte d'or à l'Approuague (1855), qui entraîne la dépopulation des régions littorales. Enfin, à partir de 1852, l'implantation du bagne à Saint-Laurent-du-Maroni jette l'opprobre sur la Guyane : plus de 74 000 forçats ou relégués vont s'y succéder, jusqu'au décret Monnerville de 1937, qui met fin à la transportation.

Par suite du règlement des contentieux relatifs aux frontières avec le Surinam hollandais (1891) et avec le Brésil (1900), la superficie de la Guyane est ramenée à 88 000 kilomètres carrés.

En 1930, la Guyane est divisée en deux arrondissements. Ralliée à la France libre en 1942, elle devient un département d'outre-mer en 1946. Depuis lors, elle a connu un essor démographique notable (27 000 habitants en 1954, 114 000 en 1990), accueillant des réfugiés asiatiques (Hmongs du Laos) et surinamiens. L'économie reste très dépendante de la métropole : un « plan vert » agricole (1975) n'a pas donné de résultats heureux, et la base spatiale de Kourou assure une grande partie des ressources. La Guyane forme une région monodépartementale et est représentée au Parlement par deux députés et un sénateur. L'audience des formations autonomistes ou indépendantistes y demeure limitée.

Guyenne,

terme utilisé à partir du traité de Paris (28 mai 1258) pour désigner le duché dont le roi d'Angleterre est le titulaire dans le sud-ouest de la France.

Par le traité de Paris, Henri III d'Angleterre et Louis IX mettent un terme au conflit qui oppose les deux royaumes depuis le début du XIIIe siècle. Henri III renonce définitivement à ses domaines normands et angevins, redevient pair du royaume et conserve la Guyenne, l'Agenais, le Quercy, le Périgord et le Limousin. Mais, concernant ces derniers fiefs, Henri III se reconnaît vassal du roi de France, à qui il fait hommage le 4 décembre 1259. Le duché de Guyenne rassemble alors la totalité des possessions continentales du roi d'Angleterre, à l'exception de Calais. Les frontières de ce duché varient ensuite au grè des aléas du conflit franco-anglais des XIVe et XVe siècles. Mais le cœur en demeure la région bordelaise et la basse Garonne, qui font preuve d'une grande vitalité démographique et économique jusqu'au milieu du XIVe siècle, ce qu'attestent l'activité portuaire de Bordeaux, le dynamisme de la production viticole et des échanges régionaux, ainsi que la fondation de nombreuses bastides le long de la frontière orientale. En 1453, à la suite de la bataille et du traité de Castillon, la Guyenne est intégrée au domaine royal ; la constitution du duché en apanage pour Charles de France, frère de Louis XI, de 1469 à 1472, ne constitue qu'un épisode éphémère. La Guyenne devient enfin un gouvernement militaire, étendu à la Gascogne, au XVIIe siècle.

Guyon (Jeanne Marie Bouvier de La Motte, dite Mme

), mystique, propagatrice en France du quiétisme (Montargis 1648 - Blois 1717).

Élevée chez les Ursulines, tôt imprégnée de lectures spirituelles, Mme Guyon reste veuve en 1676 d'un mari riche, plus âgé qu'elle. Dès 1669, sa dévotion la conduit à un mariage mystique avec l'Enfant Jésus. À partir de 1682, elle tient registre de ses états (les Torrents spirituels) ; elle insiste sur l'abandon passif de l'âme à Dieu, fait d'indifférence au monde et d'anéantissement de l'identité propre, rejoignant ainsi le quiétisme de l'Espagnol Miguel de Molinos, condamné en 1687 par Rome. La hiérarchie catholique s'inquiète d'une spiritualité qui se passe de la médiation de l'institution. Enfermée dans un couvent en 1688, Mme Guyon en sort au bout de quelques mois grâce à Mme de Maintenon, qui lui confie la maison d'éducation de Saint-Cyr. La brouille avec sa protectrice la livre aux foudres de Bossuet, qui abhorre cette dévotion sentimentale. Mais Fénelon, qui l'a rencontrée en 1688, prend sa défense, soutenant que cette « ignorante » en théologie est dans la droite ligne des saints. Embastillée en 1698, exilée à Blois en 1703, Mme Guyon y meurt entourée d'un cercle de disciples.