police. (suite)
Les événements de mai 68 révèlent la fracture qui sépare la police de la société civile. Les Compagnies républicaines de sécurité (CRS), héritières des Groupes mobiles de réserve (GMR) créés en 1941, ont polarisé sur elles de vieilles rancunes qui remontent peut-être aux origines mêmes et aux missions étatiques de la police.
Mal aimée, la police de la fin du XXe siècle se transforme profondément au fil des évolutions sociales. Elle s'adapte à de nouvelles formes de criminalité, comme le piratage informatique et les réseaux mafieux à l'échelle mondiale. Elle joue un rôle important de prévention dans les banlieues par l'îlotage, qui rappelle l'une des fonctions des inspecteurs du XVIIIe siècle : le ravaudage du tissu social. Elle évolue également vers des missions internationales, malgré les obstacles importants que rencontre Interpol.
Sa chance serait-elle de voir faiblir le lien exclusif la liant à l'État depuis l'origine ? La charte européenne signée par quinze pays à Strasbourg en novembre 1992 lui assigne une mission « au service de la loi et de la société, non à celui des gouvernements ». S'il en allait réellement ainsi, l'image de la police gardienne du pouvoir s'atténuerait au profit de celle de protectrice du citoyen. La réalité pourrait alors rejoindre l'imaginaire cinématographique et télévisuel centré sur le « bon flic de base », bourru mais humain, qui lutte autant contre le crime que contre sa propre hiérarchie pour assainir la ville malade et troublée du début du XXIe siècle.