Supprimé par le décret du 21 février 1793, le titre de maréchal est rétabli par le sénatus-consulte du 18 mai 1804 portant création des charges des grands officiers ; il s'agit d'une dignité purement civile, et non d'un grade suprême dans la hiérarchie militaire.
Lors du passage du Consulat à l'Empire, Napoléon estime en effet qu'il est nécessaire de faire renaître une cour où ses meilleurs serviteurs seraient distingués par de prestigieuses charges inspirées de celles de l'Ancien Régime. Son pouvoir étant avant tout fondé sur sa gloire militaire, il honore particulièrement ses meilleurs compagnons d'armes. Les nouveaux maréchaux sont placés au premier rang des grands officiers de l'Empire et doivent être « choisis parmi les généraux les plus distingués ». Ainsi, le 19 mai 1804, Berthier, Murat, Moncey, Jourdan, Masséna, Augereau, Bernadotte, Soult, Brune, Lannes, Mortier, Ney, Davout et Bessières deviennent titulaires du titre, tandis que Kellermann, Lefebvre, Pérignon et Sérurier sont promus maréchaux honoraires. De nouvelles nominations interviennent ultérieurement : celle de Victor en 1807, celles de Macdonald, de Marmont et d'Oudinot en 1809, de Suchet en 1811, de Gouvion-Saint-Cyr en 1812, de Poniatowski en 1813 et de Grouchy en 1815. Conformément à la législation initiale, les maréchaux vivants et au service de la France n'ont jamais été plus de seize, puisque, outre ceux qui succombent à leurs blessures, comme Lannes en 1809 ou Poniatowski en 1813, certains sont rayés de la liste, en raison de fonctions exercées à l'étranger, tels Murat, roi des Deux-Siciles, Berthier, prince de Neuchâtel, Jourdan, chef d'état-major de l'armée d'Espagne, ou Bernadotte, prince de Suède.
Les maréchaux de l'Empire sont unis par la gloire des armes : presque tous ont appartenu à l'armée d'Ancien Régime, et tous ont fait ou refait leurs preuves durant la Révolution. Mais ils constituent, ainsi que le constate J. Jourquin, un groupe hétérogène. Ils n'appartiennent pas à une même génération : près de quarante ans séparent Kellermann, né en 1735, de Marmont, né en 1774. Certains, tels Lannes ou Ney, sont nés dans des milieux populaires, d'autres, tel Oudinot, dans la petite bourgeoisie commerçante ; d'autres encore, tels Brune ou Moncey, dans la bourgeoisie de robe, tandis que quelques-uns, dont Davout, Marmont ou Pérignon, sont issus de la noblesse. Ils n'ont pas eu un accès égal aux honneurs impériaux : Brune, Jourdan et Poniatowski n'ont jamais été anoblis par Napoléon, alors que presque tous les autres maréchaux ont reçu un titre ducal. Grâce à leurs traitements, dotations (celles de Berthier s'élèvent à plus d'un million de francs) et gratifications, ils ont généralement joui d'une fortune importante. Elle leur a permis de mener un train de vie nobiliaire, qu'ils parviennent à conserver après 1815, d'autant que les survivants se rallient en majorité à la monarchie constitutionnelle, après avoir souvent pesé de toute leur influence pour obtenir l'abdication de Napoléon.