surréalisme. (suite)
Au-delà des querelles politiques, l'esprit de chapelle que dénonce Michel Leiris - le poète n'hésite pas à évoquer l'« abominable intellectualité surréaliste » - fait fuir des artistes qui explorent des voies différentes de celles choisies par Breton, vite considéré comme le « pape du surréalisme » : ainsi, Georges Bataille s'interroge sur la puissance de la jouissance et de l'érotisme, Artaud se livre à une exploration psychique vertigineuse, et Raymond Queneau axe ses recherches sur la complexité de la langue.
Au sein même du groupe, les écarts sur le sens du travail artistique sont également remarquables : c'est ainsi que, par exemple, s'oppose la production picturale raisonnée de René Magritte à celle, bouillonnante, d'André Masson. De même, il n'y a guère de similitudes entre les artistes, tel Dalí, qui n'ont pas renoncé à une figuration minutieuse - même s'il s'agit d'objets fantasmatiques - et les artistes qui, tel Miró, empruntent la voie de l'abstraction.
Pourtant, malgré ses divergences, le mouvement surréaliste exerce entre les deux guerres une profonde influence, perceptible dans sa forte capacité d'attraction. Au-delà de la poésie et de la peinture, le surréalisme a touché le cinéma (Buñuel), la photographie (Man Ray) et la sculpture (Jean Arp). Marginal dans les années 1920, il arrive à consécration dès les années 1930, notamment grâce à l'Exposition internationale de 1937. Au lendemain de la Libération, il influence d'autres familles artistiques telles que les peintres abstraits américains, et prend place parmi les chapitres les plus marquants de l'art contemporain.