Le terme « vitrail » désigne aussi bien les vitres colorées, les fenêtres d'églises, que les fenêtres peintes et les murs de verre.
Son usage s'est répandu au XVIIe siècle, au moment où l'architecture classique abandonnait la verrière colorée au profit d'une vitrerie incolore. Aussi, la connotation historique et religieuse attachée au mot « vitrail » est-elle très restrictive au regard de la diversité formelle et technique qui a fait évoluer cet art, « art français par excellence » (André Chastel), bien au-delà du domaine religieux.
Les origines du vitrail.
• La découverte de fioles à parfums et de vases funéraires en Égypte ancienne prouve que le verre était connu au IIIe millénaire avant J.-C. Très tôt, il fut coloré et utilisé en petites pièces serties dans des claustra (clôtures ajourées), en alternance avec divers matériaux. Cette technique se diffusa tout autour du Bassin méditerranéen, dans le monde arabe comme dans le monde romain, jusqu'au haut Moyen Âge. Peu à peu - on ne sait pas exactement quand -, le réseau de plâtre qui enchâssait le verre fut remplacé par du plomb, dont la solidité permettait de réduire au minimum les montures. Ces premiers « vitraux » étaient parfois colorés, mais non peints.
Le vitrail religieux.
• En l'état actuel des fouilles, les plus anciens vestiges de vitraux peints sont des bris retrouvés à Saint-Vital de Ravenne, qui dateraient du VIe siècle et représentent vraisemblablement un Christ. La tête de Christ datant du IXe siècle découverte à l'abbaye de Lorsch, en Allemagne, est à rapprocher de celle conservée au Musée de l'Œuvre Notre-Dame de Strasbourg, et qui est le plus ancien vitrail peint connu à ce jour en France. Mais aucun de ces fragments ne permet d'expliquer l'extraordinaire développement du vitrail au XIIe siècle. Technique et esthétique en font alors un art en pleine possession de ses moyens. Ses caractéristiques sont doubles : art monumental, il entretient avec l'architecture des relations structurelles ; sa facture, ouvragée à la manière des arts précieux (enluminure, émaillerie et étoffes), présente une très grande clarté de lecture et offre un fond décoratif luxueux. Au XIIe siècle, le vitrail est « historié » selon trois formules : personnages isolés, scènes compartimentées en file verticale ou occupant toute la largeur de la fenêtre. Deux noms peuvent lui être associés : Théophile, un moine rhénan qui consigne dans un traité les méthodes de fabrication et de coloration des verrières ; et Suger, l'abbé de Saint-Denis, qui confère au vitrail une très haute spiritualité, fondée sur la symbolique de la lumière, et une typologie biblique d'une densité remarquable. Sans éclipser d'autres exemples (Poitiers, Châlons-en-Champagne, Le Mans...), l'esthétique décorative et les développements iconographiques des verrières de Chartres font de cette cathédrale un monument type de cette période.