Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
G

gaullisme, (suite)

Le cœur de sa pensée politique, à savoir la nécessité d'un État fort qui soit subordonné à la nation, et d'un pouvoir exécutif au-dessus des partis et disposant de réels pouvoirs (discours de Bayeux, 16 juin 1946), se traduit d'abord par le rejet d'un pouvoir législatif omnipotent, dominé par les joutes partisanes, qu'incarne la IVe République : le gaullisme est alors « d'opposition ». Puis vient le temps du gaullisme « de pouvoir ».

La création de la Ve République en 1958, le choix d'une élection présidentielle au suffrage universel direct en 1962, correspondent à la volonté gaullienne de disposer d'un pouvoir exécutif fort et bénéficiant de l'assentiment populaire. La politique extérieure ou coloniale s'inspire du souci de préserver la souveraineté et d'affirmer le rôle de la France dans le monde. Ainsi, ne souhaitant pas livrer un combat d'arrière-garde, le Général se résout à l'indépendance de l'Algérie et des pays d'Afrique noire, qu'il estime inéluctable. Il se fait l'artisan d'une coopération européenne tissée autour de l'amitié franco-allemande, et décide d'une force de frappe atomique nationale. Enfin, sans refuser l'alliance atlantique, il s'oppose à la domination militaire et diplomatique des États-Unis. Le gaullisme de De Gaulle est donc essentiellement une forme de nationalisme. Sur le plan économique, plus anticommuniste qu'anticapitaliste, le gaullisme est toujours assorti de mesures libérales ; il est aussi marqué par une certaine modestie dans la mise en œuvre de la « participation », un thème pourtant régulièrement avancé dans les écrits de De Gaulle, et présenté comme une solution pour remédier aux inégalités sociales.

Le nationalisme de De Gaulle, qui cherche à rassembler les Français - sans aucun accent xénophobe -, ne s'inscrit pas dans le clivage politique traditionnel droite/gauche. Pourtant, si le gaullisme fédère à plusieurs reprises les Français, le courant politique qui se réclame de lui s'apparente, par son électorat - retraités, commerçants, artisans et agriculteurs y sont « surreprésentés » -, par ses alliances politiques avec la droite modérée et libérale, comme par ses détracteurs - qui appartiennent, pour l'essentiel, à l'extrême droite et à la gauche -, à un mouvement classé à droite de l'échiquier politique français.

Les gaullismes.

• Le gaullisme de guerre réunit, à l'origine, des hommes idéologiquement et politiquement fort différents : les maurrassiens Rémy et Bénouville, des hommes issus de la gauche (Malraux, Capitant, Vallon, Soustelle), des modérés (Palewski), des démocrates-chrétiens (Michelet, Terrenoire), ou des radicaux (Debré, Chaban-Delmas). Le gaullisme d'opposition incarné par le Rassemblement du peuple français (RPF), mouvement lancé le 7 avril 1947, se veut également rassembleur, mais, en raison de son attitude farouchement anticommuniste, et bien qu'anti-atlantiste, il rallie une partie de la droite jusqu'en 1953. L'Union pour la Nouvelle République (UNR), fondée en 1958, et qui se transforme en 1967 en Union des démocrates pour la Ve République (UD Ve), puis, en juin 1968, en Union pour la défense de la République (UDR), figure comme le parti majoritaire à la Chambre, soutien efficace du président.

Après le départ du général de Gaulle en 1969, puis sa mort en 1970, c'est le président Georges Pompidou qui se place en héritier du gaullisme. Il maintient un pouvoir exécutif fort, mène une politique extérieure indépendante, et fait un moment renaître le gaullisme social, grâce au projet dit « de nouvelle société » que lance le Premier ministre Jacques Chaban-Delmas. Mais l'échec de celui-ci, candidat de l'Union des démocrates pour la République (UDR) à la présidence de la République après la mort de Pompidou en 1974, sonne le glas du gaullisme dominant. Durant le septennat de Valéry Giscard d'Estaing (issu de la droite libérale), le parti gaulliste, devenu le Rassemblement pour la République (RPR) en 1976, se réorganise sous la houlette de Jacques Chirac. Les barons du gaullisme (Jacques Chaban-Delmas, Michel Debré) sont tenus à l'écart, la base militante est élargie, et la réflexion réactivée, mettant parfois en lumière des divergences sur la politique européenne ou économique. L'idéal de rassemblement est repris avec succès par Jacques Chirac, qui remporte, autour du thème de la « fracture sociale », l'élection présidentielle de 1995. Le gaullisme, qu'il s'agisse de l'idéal du Général ou du courant politique qui en découle, regroupé aujourd'hui au sein de l'UMP qui a pris la suite du RPR, reste donc une composante primordiale de la vie politique française.

Gaulois,

nom de signification variable, désignant en général un ensemble de peuples protohistoriques de l'Europe tempérée appelés « Gaulois » (Galli) par les auteurs romains, et « Celtes » (Keltoi) ou « Galates » par les auteurs grecs.

Les origines.

• On tend actuellement à identifier d'une part les Gaulois aux Celtes, et d'autre part la civilisation celtique à celle, définie archéologiquement, de La Tène. Celle-ci est elle-même l'étape la plus récente de l'évolution d'un « complexe » culturel dit « nord-alpin » qui apparaît au début de l'âge du bronze, vers 2 000 ans avant notre ère, dans une région comprenant la moitié orientale du Bassin parisien, le sud de l'Allemagne, la Bohême, la Suisse et l'Autriche. Dans cette zone se forme, au début de l'âge du fer, vers 750 avant J.-C., la civilisation de Hallstatt, du nom d'un site autrichien, avec les premiers phénomènes « princiers », dont témoignent les très riches tombes de Vix, en Bourgogne, ou de Hochdorf, en Allemagne. Les « princes » de Hallstatt tirent leur pouvoir de ressources naturelles particulières (sel) mais aussi du contrôle de voies de communication entre le monde méditerranéen et l'intérieur du continent, notamment de la « route de l'étain » entre la Grande-Bretagne et l'Italie. Cette civilisation débouche, sans connaître de rupture, sur celle de La Tène, vers 480 avant J.-C.

C'est à partir de ce moment que les auteurs grecs et romains parlent, respectivement, de « Celtes » et de « Gaulois ». En effet, vers le début du IVe siècle avant notre ère, différentes populations issues des régions de la civilisation de La Tène se mettent en marche en direction du sud et de l'est de l'Europe, sans doute en raison de tensions démographiques. Elles entrent alors en contact, en général violent, avec le monde des cités d'Italie et de Grèce. Plusieurs noms de peuples gaulois nous ont été transmis : Lingons, Boïens (qui ont laissé leur nom à la Bohême) ou Sénons, qui franchissent tous les Alpes pour s'installer dans le nord de l'Italie. Ainsi s'emparent-ils de Felsina en 350, qui devient Bononia, la cité des Boïens, ou de Melpum, qui devient Mediolanum (Milan). Rome est assiégée et prise vers 385 avant J.-C. : les Gaulois, emmenés par Brennus, se seraient arrêtés devant le Capitole puis retirés de la ville après avoir imposé aux Romains un lourd tribut. Terror gallicus, la « terreur gauloise », tel est le sentiment qu'inspireront pour longtemps les Gaulois aux Romains.