Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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barricades (journée des) [26 août 1648]

, première insurrection populaire de la Fronde à Paris.

Cet incident est le fruit de la lutte entre la monarchie et le parlement de Paris, qui profite des troubles causés par la guerre de Trente Ans (1618-1648) pour renforcer ses pouvoirs au détriment de ceux de la régente Anne. Cette dernière, préoccupée par l'issue des combats, fait d'abord mine de se soumettre aux exigences des parlementaires, qui obtiennent notamment la suppression des intendants et de la vente d'offices ainsi que le droit de voter les impôts. Mais dès la victoire de Lens, remportée le 20 août 1648, la régente revient sur ses concessions et fait arrêter, le 26 août, les parlementaires les plus virulents, dont le très populaire conseiller Pierre Broussel. Aussitôt, Paris se couvre de barricades. Troupes royales et milice bourgeoise se font face sans pourtant oser s'affronter. Le 27 août, une délégation conduite par le futur cardinal de Retz se rend au Palais Royal pour négocier la libération de Broussel. Le 28 août, la reine, sur les conseils de Mazarin, relâche les parlementaires et quitte Paris avec le jeune roi. La monarchie s'est donc inclinée devant la dynamique bourgeoisie parisienne. Les protagonistes de la Fronde sont en place : une monarchie affaiblie et une bourgeoisie parlementaire influente, soutenue dans son action par la grande noblesse.

barricades (semaine des),

du 24 janvier au 1er février 1960, soulèvement des activistes français d'Alger qui consacre leur rupture avec le général de Gaulle.

Revenu au pouvoir avec le soutien des partisans de l'Algérie française, l'ancien chef de la France libre a vite infléchi sa politique algérienne. Le 16 septembre 1959, il se prononce pour l'autodétermination de l'Algérie ; le 22 janvier 1960, il demande le rappel en métropole du général Massu, chef du corps d'armée d'Alger, qui s'est montré hostile à ses choix récents. Cette décision suscite une réaction très vive en Algérie : le 24, des affrontements éclatent entre les gendarmes mobiles et les manifestants armés, qui dressent des barricades. Huit d'entre eux et quatorze gendarmes sont tués. Les actitivistes, menés par le député Pierre Lagaillarde et le cafetier Joseph Ortiz, constituent alors un camp retranché au centre d'Alger. Ils capitulent le 1er février, faute d'avoir pu rallier l'armée, restée en majorité fidèle au général de Gaulle. Les conséquences de la semaine des barricades sont importantes : les ministres pro-Algérie française, tel Jacques Soustelle, quittent le gouvernement, qui obtient de l'Assemblée le droit de légiférer par ordonnances ; le général de Gaulle se déclare favorable à une « Algérie algérienne », au grand dam de certains officiers. Quant aux Français d'Algérie, ils sont tentés par une radicalisation qui les isole à la fois des Français de métropole et des musulmans algériens. La violence semble désormais la seule issue pour ceux qui n'ont pu réaliser un nouveau 13 mai 1958.

Barrot (Odilon),

avocat et homme politique (Planchamp, Lozère, 1791 - Bougival, Seine-et-Oise, 1873).

Issu d'une lignée de notaires et d'avocats, fils de conventionnel, il est sous la Restauration l'un des grands orateurs du barreau, partisan farouche d'une monarchie constitutionnelle à l'anglaise. La révolution de juillet 1830 le surprend, mais il en perçoit vite les enjeux et devient secrétaire de la commission municipale siégeant à l'Hôtel de Ville. Il y œuvre contre l'établissement d'un régime républicain, notamment auprès de La Fayette. Préfet de la Seine jusqu'en février 1831, il se rapproche ensuite de l'opposition et dirige à la Chambre des députés le groupe de la gauche dynastique. Sous la monarchie de Juillet, seuls les ministères Thiers trouvent grâce à ses yeux ; il s'oppose en revanche sans relâche aux orientations de Guizot. Organisateur en 1847 de la « campagne des banquets » pour la réforme électorale, il contribue bien malgré lui à la chute de Louis-Philippe. Il est élu à l'Assemblée constituante, où il compte parmi les « républicains du lendemain ». Louis Napoléon Bonaparte, président de la République en décembre 1848, lui confie le ministère de la Justice, mais, prenant ombrage de ses convictions orléanistes, le congédie en septembre 1849. À la suite du coup d'État du 2 décembre, qu'il condamne, Odilon Barrot est arrêté, emprisonné un temps, puis quitte à jamais la scène politique. Il a plus de 80 ans lorsque Thiers le nomme à la présidence du Conseil d'État, en 1872.

Barry (Jeanne Bécu, comtesse du),

maîtresse de Louis XV (Vaucouleurs 1743 - Paris 1793).

Fille naturelle d'Anne Bécu et d'un moine, elle arrive jeune à Paris et vit de ses charmes sous divers noms. En 1768, son amant, le comte Jean du Barry, lui fait épouser son frère Guillaume. Ainsi munie d'un titre, elle est introduite à la cour de Louis XV, dont elle devient la favorite. Elle ne jouera aucun rôle politique, si ce n'est dans le renvoi de Choiseul, qui a freiné son ascension sociale. Renvoyée de la cour en 1774, elle se retire peu après dans le château de Louveciennes, que Louis XV lui a fait construire. Entre 1791 et 1793, elle se rend à plusieurs reprises en Angleterre, ce qui la fait soupçonner d'intrigues avec les émigrés. De retour à Louveciennes en 1793, elle est arrêtée par le Tribunal révolutionnaire et exécutée le 8 décembre. Ainsi périt la dernière maîtresse royale de la monarchie française.

Tout au long de sa vie, la du Barry fut la cible de pamphlets et de gravures pornographiques : en raison de son origine sociale modeste et de sa vie de courtisane, le peuple la jugeait indigne des faveurs monarchiques. Ces attaques populaires dirigées contre la comtesse et les autres maîtresses du Bien-Aimé s'inscrivent dans un long processus de dénigrement des plus éminentes figures féminines de la cour.

Bart (Jean),

corsaire (Dunkerque 1650 - id. 1702).

Issu d'une famille de marins, il s'illustre sa vie durant sur les mers, au service du roi, faisant preuve d'audace et de sens tactique. Dès 1672, après avoir combattu les Anglais sous les ordres de l'amiral néerlandais Ruyter (1666), il passe au service de la France et, en 1674, est promu commandant d'un navire corsaire. Avec Duguay-Trouin et Forbin, il devient l'un des plus grands acteurs de la guerre de course. En 1678, il a déjà 81 prises à son actif. Pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697), il met à mal les flottes anglaise et néerlandaise, multipliant les expéditions en mer du Nord. Le 29 juin 1694, alors que la France subit une grave crise de subsistances, il sauve un convoi de blé russe, ce qui lui vaut d'être anobli par Louis XIV. Ni son emprisonnement par les Anglais (1689) ni le bombardement de Dunkerque (1694-1695) n'ont pu venir à bout de son énergie. Nommé chef d'escadre et commandant de la marine de Dunkerque en 1697, il meurt avant d'avoir pu s'engager dans la guerre de la Succession d'Espagne.