goliards.
S'il finit par désigner les marginaux ou les contestataires de la société médiévale, le nom de « goliard » définit d'abord, à partir du XIIe siècle, un clerc ayant renoncé à son insertion dans les structures sociales et à une carrière ecclésiastique ou intellectuelle.
Dénoncés pour leur pratique de la mendicité et leurs rapines, les goliards, dont la littérature du Moyen Âge a fait le plus souvent des « ribauds », des bouffons ou des étudiants, constituent ainsi une frange de population subversive, caractérisée par son vagabondage et sa critique de la société instituée.
Sorte d'intelligentsia urbaine plus révoltée que révolutionnaire, les goliards vivent le plus souvent de petits métiers et parfois aux crochets du prince ou du mécène - comme le goliard Gautier de Lille. Ils chantent un immoralisme provocateur proche du libertinage (l'amour jusqu'à l'obscénité, le vin et le jeu...) et prônent la recherche du salut ou du paradis sur la terre. Ils s'attaquent également à tous les représentants de l'ordre (le noble, le bourgeois) mais aussi aux figures de l'Église (le pape, l'évêque ou le moine « paresseux et paillard »). Leurs chansons et leurs pamphlets satiriques ridiculisent ainsi les conflits entre les puissances laïques et les puissances ecclésiastiques (au moment de la lutte entre l'Empire et le sacerdoce, notamment). Les jeux de mots (par exemple : « Commencement du saint Évangile selon le marc d'argent ») mais aussi l'utilisation d'un bestiaire satirique (pape-lion, évêque-veau, etc.) ou d'allégories audacieuses proches de la parodie caractérisent la littérature goliardesque.
Abélard (1079-1142), dont les chansons étaient récitées sur la montagne Sainte-Geneviève, à Paris, fut un des plus grands poètes médiévaux se réclamant de cet esprit. Le répertoire des goliards inspire également toute une série d'auteurs anonymes ou d'œuvres lyriques (comme le célèbre recueil de poésie des Carmina Burana, copié vers 1220-1230). Les œuvres en langue vernaculaire d'un Rutebeuf (mort vers 1285) ou d'un François Villon (1431-après 1463) s'inscrivent dans la même veine. Cependant, condamnés par l'Église pour leurs mœurs dissolues et rejetés en marge de la plupart des mouvements intellectuels, les goliards n'ont eu bien souvent de postérité littéraire que posthume. Mais, à beaucoup d'égards, l'audace de leurs idées et la verve de leurs attaques de la société morale ne sont pas sans faire de ces épicuriens des précurseurs de l'humanisme de la Renaissance.
Gondebaud ou Gondobald,
roi des Burgondes ( ? - 516). Issu de la famille royale burgonde, Gondebaud a sans doute été formé dans les écoles romaines de Vienne et de Lyon.
Il est d'abord maître de la milice de l'empereur Olybrius, puis, à la mort de son oncle Chilpéric Ier, en 480, partage le royaume de ce dernier avec ses trois frères. Il parvient rapidement à éliminer deux d'entre eux et reste à la tête du royaume de Lyon, tandis que son frère Godegisèle règne depuis Genève. Pour renforcer sa puissance, Gondebaud mène une politique agressive, tant envers les Alamans, auxquels il reprend Langres et Besançon, qu'envers les Wisigoths, auxquels il ravit Avignon. Grâce au mariage de son fils Sigismond avec la fille du puissant roi Théodoric, il fait alliance avec les Ostrogoths, qui le sauvent de la première tentative d'invasion franque, vers 500. Gondebaud en profite pour se débarrasser de son frère et réunifier le royaume des Burgondes (500-516).
Bien que resté fidèle à l'arianisme, Gondebaud obtient la collaboration des élites gallo-romaines et, en particulier, des évêques de son royaume. Il fait rédiger en 502 la loi des Burgondes, appelée « loi Gombette », dispositif juridique influencé par le droit romain et caractérisé par le principe de la « personnalité des lois » (droit de chacun à être jugé selon la loi de ses pères). Parallèlement, il fait compiler, vers 506, des extraits du Code théodosien et des sentences de jurisconsultes : c'est la « loi romaine des Burgondes », applicable aux Gallo-Romains du territoire. En 516, Gondebaud lègue à son fils Sigismond un royaume menacé par les Francs.
gothique (art)
Souveraine et fervente, la France de la période « gothique » se résume si bien dans ses cathédrales qu'aujourd'hui ce terme qualifie principalement l'architecture religieuse. Mais l'art gothique est plus que cela : il est un événement culturel global, une forme de pensée cohérente qui s'inscrit dans tous les arts, civils, militaires et religieux, les arts monumentaux, les arts décoratifs, les arts précieux.
Né au cours du XIIe siècle, dans le domaine royal d'Île-de-France, l'opus francigenum, selon l'expression d'un historien allemand d'aujourd'hui, acquiert un développement tel que, sur une durée de trois siècles, il essaime non seulement dans les provinces françaises, mais au-delà des frontières.
Un style, une époque, un esprit
Selon la conception courante, l'art gothique fait suite au style roman et précède la grande éclosion de la Renaissance. Cependant, ses insertions précoces (en Normandie) et ses développements régionaux (gothique méridional, art des Plantagenêts...) nuancent cette affirmation. À titre d'exemple, dès 1101, la salle capitulaire de l'abbaye de Jumièges possède des croisées d'ogives, alors que, quatre siècles plus tard, au cœur de la Renaissance, le palais de justice de Rouen (1526) est encore tributaire du gothique.
Le mot « gothique » lui-même a son histoire. Il naît sous la plume méprisante des écrivains de la Renaissance, qui jugeaient cet art « barbare », le terme « goth » désignant tout ce qui provenait « des régions d'au-delà des Alpes ». C'est encore dans ce sens péjoratif qu'au XVIIe siècle, Boileau, qui n'aime ni le Moyen Âge ni Ronsard, parle des « idylles gothiques » de ce dernier. Au début du XXe siècle, certains historiens ont proposé la dénomination d'« art ogival ». Ce terme ne serait pas exact, puisqu'il ne s'appliquerait qu'à l'architecture. L'historien Camille Enlart adopte, lui, l'expression médiévale ars francigenum, mais ce qualificatif n'est pas juste : la France a-t-elle jamais cessé de produire un art français ? Reste donc le mot « gothique », que la tradition a fini par consacrer, même si, au sens proprement étymologique, il est peu défendable.