Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
P

préhistoire (suite)

L'économie et la société des magdaléniens nous sont assez bien connues par la fouille systématique de campements dans le Bassin parisien - tels ceux de Pincevent, d'Étiolles ou de Verberie. Il s'agit de petits groupes de chasseurs-cueilleurs nomades, qui déplacent leurs tentes en fonction des ressources saisonnières.

Les incidences du réchauffement climatique

Aux alentours de 10 000 ans avant notre ère, le climat se réchauffe par oscillations successives : c'est l'actuel interglaciaire. La forêt tempérée s'installe, avec sa faune de cerfs et autres aurochs, ours, loups ou sangliers. Rennes et mammouths remontent vers le nord, tandis que les chevaux se déplacent vers les steppes orientales. L'environnement permet un mode de vie plus sédentaire. Au paléolithique succède le mésolithique, civilisation de chasseurs-cueilleurs dans un climat tempéré. On distingue trois périodes successives : azilien, sauveterrien, tardenoisien, caractérisées par les formes différentes de leurs pointes de flèches, la chasse à l'arc étant l'un des traits dominant de l'économie mésolithique. La technique du silex connaît une tendance à la réduction de plus en plus grande de la taille des outils : on parle de microlithisme. Dès l'azilien, l'art figuratif s'estompe, au profit de la représentation sur des galets de signes géométriques peints ou gravés ; cette technique se retrouve au tardenoisien, dont les abris sous roche des forêts de Fontainebleau ou du Tardenois conservent des gravures géométriques.

C'est ce milieu de chasseurs-cueilleurs que rencontrent les premiers colons agriculteurs néolithiques venus par étapes du Proche-Orient. Les contacts initiaux datent d'environ 6000 avant J.-C. dans le Midi, et 5000 avant J.-C. dans le Bassin parisien. L'économie de chasse et de cueillette disparaît rapidement, même si certains de ses traits techniques ont pu être repris par les agriculteurs, notamment dans le Bassin parisien (pointes de flèches). On ignore encore les détails de l'assimilation de la civilisation indigène. On conviendra ici que l'étude du néolithique proprement dit, comme de l'âge du bronze et de l'âge du fer qui lui succèdent, relève de la protohistoire.

Des sites menacés

On peut ainsi considérer que la préhistoire a, dans les trente dernières années, connu des progrès considérables, tant dans ses méthodes que dans ses résultats. On a vu aussi que de nombreux points de débats subsistent, qui tiennent aux inévitables lacunes de nos connaissances. Néanmoins, les grandes lignes de l'évolution biologique et culturelle de l'homme sur l'actuel territoire français peuvent être considérées comme nettement établies. Les problèmes tiennent plus à la disparition rapide des sites préhistoriques, due à la croissance continue de l'urbanisation et de l'industrialisation : malgré la mise en place de plus en plus fréquente de fouilles de sauvetage réalisées dans l'urgence, de nombreux sites sont détruits chaque année sans intervention archéologique, et parfois sans même avoir été reconnus comme tels.

Premier Mai,

journée de revendication ouvrière devenue jour de la fête du travail.

L'idée d'instaurer un jour de chômage généralisé pour signifier les revendications du monde ouvrier vient des États-Unis où, en 1886, les socialistes de l'International Labor Union choisissent le 1er mai pour manifester en faveur de la « journée de huit heures ». À partir de cet événement - marqué par des affrontements entre les forces de l'ordre et les manifestants -, le premier jour de ce mois de printemps, associé à l'espérance et au renouveau, devient une référence qui « tire sa valeur symbolique de son caractère volontariste et international » (Madeleine Rebérioux)

Une journée de revendication ouvrière.

• En France, l'initiative américaine est récupérée par les guesdistes du Parti ouvrier français (POF), qui sont à la tête de la Fédération nationale des syndicats. Au congrès de Bordeaux (1888), cette dernière prévoit pour février 1889 l'organisation de plusieurs manifestations pour la journée de huit heures. Leur succès, notamment dans quelques villes de province, pousse les dirigeants à fixer une date unique pour rassembler tous les manifestants. En juillet 1889, sur proposition du guesdiste Raymond Lavigne, le congrès fondateur de la IIe Internationale, qui se déroule à Paris, fait du 1er mai la date universelle de revendication pour la journée de huit heures. Le 1er mai 1890 est marqué en France par plusieurs manifestations ouvrières, dans les villes et les régions minières. Le 1er mai 1891 connaît une ampleur particulière en raison du nombre de grévistes et de l'écho d'affrontements dramatiques avec les représentants de l'ordre : à Fourmies, centre industriel du Nord, neuf jeunes manifestants, de moins de 21 ans, sont tués, dont un enfant. L'armée est directement mise en cause, mais elle est entièrement couverte par les autorités - même si la troupe a tiré dans la foule après de simples jets de pierres de la part des manifestants. Les pouvoirs publics dénoncent, quant à eux, la responsabilité des dirigeants socialistes guesdistes et poursuivent les organisateurs locaux et nationaux, comme Culine et Lafargue. Néanmoins, l'épisode de Fourmies illustre, autour de la journée du 1er mai, la force d'une nouvelle tradition de lutte syndicale et politique, fondée sur l'action socialiste et symbolisée par les succès du POF aux élections partielles de Lille, dès octobre 1891.

Fête du travail et jour de lutte.

• À la fin du XIXe siècle se développe une intense réflexion sur le travail, aussi bien chez les socialistes et les marxistes, qui considèrent qu'il doit se transformer « de fardeau en joie » (Kautsky), que chez les catholiques, pour lesquels l'encyclique Rerum novarum (15 mai 1891) renouvelle la pensée sur les liens entre le travailleur et le capitaliste. Dans ce contexte, le 1er mai s'affirme comme un moment de cristallisation de toutes les revendications de l'heure pour améliorer le sort du travailleur et signifier la force de ses défenseurs. Le 1er mai 1906 symbolise cette rencontre réussie entre une revendication précise - « les huit heures » - et un syndicalisme organisé représenté par la CGT - avec des formes d'action radicales comme la grève générale (qui réunit près de 50 % des grévistes de l'année) et les défilés avec drapeau rouge. Désormais, pour les classes dirigeantes et le patronat, le 1er mai appartient au légendaire de la révolution prolétarienne.