Bossuet (Jacques Bénigne), (suite)
Une souveraineté polémique.
• En 1681, Bossuet est nommé à l'évêché de Meaux, où il déploie jusqu'à la fin de sa vie un grand zèle pastoral. Mais sa réputation et son autorité ne peuvent borner son action aux limites d'un diocèse. Outre les oraisons funèbres qu'il continue de prononcer à Paris, Bossuet donne sa forme achevée à la tradition gallicane en rédigeant, pour l'assemblée extraordinaire du clergé de France, la Déclaration des Quatre Articles (1682). Il s'engage dans des controverses à l'extérieur de l'Église (Histoire des variations des Églises protestantes, 1688), tout en pratiquant une forme d'œcuménisme avant la lettre, mais il polémique aussi au sein même du catholicisme avec Fénelon, qu'il suspecte de quiétisme et fera condamner ; avec le Père Caffaro, qui avait osé prendre la défense du théâtre ; avec Richard Simon, auteur d'une traduction « téméraire » du Nouveau Testament. Bossuet finit par l'emporter, mais la postérité donnera raison à ses adversaires. Il meurt à Paris le 12 avril 1704.
Témoin inquiet de « la crise de la conscience européenne », qu'il avait combattue avec les armes d'une orthodoxie identifiée au pessimisme augustinien, Bossuet fut un temps la conscience de la monarchie absolue et de l'Église de France. Mais il demeure, au-delà des clivages religieux et politiques, comme le plus grand maître d'éloquence sacrée de notre histoire littéraire.