formation politique fondée le 7 avril 1947, à Strasbourg, par le général de Gaulle.
Après sa démission en janvier 1946, n'ayant pu faire triompher ses vues dans les projets constitutionnels de la IVe République, le Général entend promouvoir un mouvement populaire à la fois pour contrecarrer l'influence du communisme et pour entreprendre la révision des institutions. À Bruneval, le 30 mars 1947, il justifie sa décision en ces termes : « Le jour va venir où, rejetant les jeux stériles et réformant le cadre mal bâti où s'égare la nation et se disqualifie l'État, la masse immense des Français se rassemblera avec la France. » Le Rassemblement, qui est présidé par de Gaulle (aidé du secrétaire général Jacques Soustelle), connaît des débuts prometteurs. Aux élections municipales d'octobre 1947, il recueille environ 35 % des suffrages exprimés dans les villes de plus de 9 000 habitants. Les mairies de grandes villes telles que Rennes, Bordeaux ou Strasbourg lui sont acquises. Mais son recul est tout aussi soudain. Fort de plus de 400 000 adhérents en 1947-1948, le RPF préfère se présenter seul (à quelques exceptions locales près) aux élections législatives de juin 1951, et refuse les « apparentements » (alliance entre plusieurs listes pour le décompte des voix et donc pour la répartition des sièges). Avec 121 députés (dont 3 apparentés), le RPF constitue le premier groupe parlementaire, mais il n'est pas en mesure d'imposer le changement institutionnel. En outre, il ne réussit pas à attirer à lui une partie des modérés : au contraire, 27 députés RPF votent l'investiture d'Antoine Pinay, le 6 mars 1952, et forment le groupe dissident Action républicaine et sociale (ARS). De plus, en juin 1953, 77 parlementaires RPF s'inscrivent à l'Union des républicains d'action sociale (URAS), présidée par Jacques Chaban-Delmas, qui accepte des fonctions ministérielles et, par conséquent, l'intégration au système politique de la IVe République. Un communiqué du général de Gaulle, le 13 septembre 1955, annonce la mise en sommeil du RPF.
La courte expérience du RPF s'explique par ses ambiguïtés. Alors qu'il a vocation d'être un rassemblement - dont seuls les communistes sont a priori exclus -, il devient en fait un parti à cause du refus même des partis constitués de permettre à leurs membres la « double appartenance ». En outre, le groupe parlementaire RPF concilie mal l'attitude d'opposition systématique au régime et le jeu électoral. Le RPF souffre aussi de la concurrence du Mouvement républicain populaire (MRP) et du Centre national des indépendants et paysans (CNIP). Enfin, il n'a pas le monopole de l'anticommunisme et du nationalisme.
Le RPF méritait-il davantage que les quelques lignes que lui a consacrées le général de Gaulle dans ses Mémoires ? La réponse est affirmative si l'on évalue combien est important l'héritage du RPF dans la Ve République gaullienne, tant chez les élites que dans la culture gaullistes.