commission royale, (suite)
La nomination de commissaires en tant qu'envoyés extraordinaires répond à la nécessité dans laquelle se trouve souvent le roi de passer par-dessus une administration ordinaire, composée d'officiers propriétaires de leur charge, qui lui obéit mal, avec lenteur ou réticence. Au XVIIe siècle, les lettres de commission se multiplient. Elles définissent généralement des missions ponctuelles, mais qui peuvent être spectaculaires, visant à marquer la présence du roi en tous lieux et dans tous domaines : rédaction des coutumes locales ; surveillance de l'application de décisions royales controversées ; tribunaux extraordinaires établis pour juger de cas spéciaux ayant trait aux Finances (les chambres de justice) ou aux turbulences nobiliaires (les Grands Jours). Par ailleurs, certaines fonctions n'existent que sous la forme de commissions : contrôleur général des finances, lieutenant général de police. Mais le vocabulaire peut être trompeur : en dépit de leur nom, les commissaires de police, tout comme les commissaires des guerres, sont des officiers.
Pour mener à bien les tâches d'autorité assignées par commission, le roi doit faire appel au personnel administratif disponible : tous les commissaires sont recrutés parmi les officiers - membres des cours souveraines (pour les tribunaux spéciaux), officiers des finances, ou maîtres des requêtes. Nommés par le roi, payés par lui, révocables à tout moment, ils sont tiraillés entre leur milieu, leur statut d'origine et leur mission extraordinaire qui les place au-dessus des autres officiers. Mais le loyalisme monarchique l'emporte le plus souvent.
Parallèlement aux commissions ponctuelles, la monarchie met en place, à partir de 1630, des commissaires chargés d'une mission de plus en plus étendue : les intendants de justice, de police et des finances, ou commissaires départis du Conseil, deviennent, sous le règne de Louis XIV, les principaux représentants du pouvoir central dans les provinces.
On emploie aussi l'expression de « commission extraordinaire » pour désigner les bureaux du Conseil royal chargés de juger rapidement certaines affaires d'aliénation de droits, de liquidation de dettes, etc. Il en va ainsi de la commission des réguliers de 1766, destinée à combattre les abus dans les ordres religieux.