Colbert (Jean-Baptiste),
homme politique, principal ministre de Louis XIV de 1661 à 1683 (Reims 1619 - Paris 1683).
La prodigieuse ascension de Colbert tient à son génie propre d'homme d'État, mais aussi aux atouts lentement accumulés par sa famille : une fortune tirée du grand négoce, depuis le XVIe siècle ; des liens politiques patiemment tissés dans l'appareil d'État, grâce à l'achat d'offices. C'est son cousin qui conduit Jean-Baptiste en 1640 dans les allées du pouvoir. En 1648, il devient conseiller d'État et est anobli. Les troubles de la Fronde lui fournissent ensuite l'occasion de se rendre utile auprès de Mazarin, qui en fait son homme de confiance. Il connaît alors tous les rouages des affaires, publiques et privées, du cardinal. Partisan d'une réforme administrative, et loyal envers le roi, il intrigue à partir de 1657 contre le surintendant Fouquet, dont il dénonce la gestion désordonnée et la trop grande puissance politique, et dont il convoite la place. Devenu intendant des Finances, il finit par convaincre le roi : après la mort de Mazarin, en mars 1661, la prise en main des affaires par Louis XIV assure le triomphe de Colbert ; Fouquet est arrêté en septembre, son poste, supprimé, et Colbert le remplace au Conseil d'en-haut.
Peu à peu, il va cumuler de multiples fonctions : surintendance des Bâtiments (1664), contrôle général des Finances (redéfini en 1665), Maison du roi (1668) et Marine (1669). Seules la Guerre et les Affaires étrangères lui échappent. Opiniâtre, austère, volontariste, il a l'art de présenter ses projets à Louis XIV de façon à la fois assurée et déférente. Véritablement soucieux de la gloire du roi, il s'attache à accroître la puissance de la France. Mais il ne néglige pas pour autant ses intérêts personnels : il s'enrichit, introduit ses proches et ses clients dans les rouages de l'État, s'opposant à Louvois, à Michel Le Tellier et à leurs protégés.
L'œuvre réformatrice.
• Unification, rationalisation et impulsion sont les maîtres mots de l'action de Colbert. Face à l'enchevêtrement des privilèges locaux, il s'efforce de mettre en place une administration plus efficace, sous la tutelle des intendants, dont les pouvoirs à la tête des généralités sont renforcés. L'uniformisation juridique passe par la rédaction de codes : Code Louis sur la procédure civile (1667), ordonnance des Eaux et Forêts (1669), ordonnance criminelle (1670), Code du commerce (1673), Code de la marine (1681). La culture est mise sous tutelle par la création des diverses Académies royales, notamment celles des inscriptions et belles-lettres (1663), des sciences (1666), de musique (1669), d'architecture (1671).
En matière de finances, Colbert fixe les règles modernes d'un budget prévisionnel, apure la dette et améliore le rendement de l'impôt en révisant les exemptions usurpées par de faux nobles. Surtout, il baisse les impôts directs (la taille), réduisant ainsi la pression fiscale qui pesait sur les paysans. Si les ressources indirectes augmentent, elles sont néanmoins mieux réparties : les taxes sont allégées, et portent sur un plus grand nombre de produits. L'embellie, à ce niveau, durera dix ans.
Un mercantilisme banal mais obstiné.
• Mercantiliste convaincu, Colbert estime que la puissance réside dans l'abondance monétaire et qu'un pays ne peut s'enrichir qu'aux dépens des autres pays, les richesses disponibles étant fixes. Toute sa politique vise donc à acheter peu à l'étranger, et à vendre en quantité pour accumuler des capitaux. D'où le recours au protectionnisme et à des tarifs douaniers prohibitifs (1664 et, surtout, 1667). D'où, encore, le souci de développer la production intérieure en vue de l'exportation par tous les moyens : implantation de manufactures nationales, subventions, appel aux techniques et aux techniciens étrangers, règlements de fabrication garantissant la qualité des produits. Enfin, Colbert tente de faciliter la circulation intérieure (routes, canaux, réduction des douanes intérieures) et de développer la puissance maritime française face à ses concurrents anglais et hollandais. Il crée, sans grand succès, des compagnies commerciales et renforce considérablement la marine française (arsenaux, formation des équipages, flotte de guerre).
Le plus original, chez Colbert, n'est pas sa pensée, mais la constance de ses efforts pour faire de la France agricole un pays de manufacturiers, de marchands et de marins. Cependant, la logique guerrière dans laquelle s'inscrit sa politique se retourne contre lui : le coût de la guerre de Hollande (1672-1678) est tel qu'il ruine les douze années d'effort précédentes. Son œuvre est restée inaboutie, prisonnière qu'elle était d'une vision économique dépassée mais, surtout, des contraintes propres à la société d'Ancien Régime : le décollage économique dépendait en fait d'une réforme approfondie du système fiscal et financier, que Colbert n'avait pas les moyens d'enteprendre.
Colette de Corbie (sainte),
initiatrice de la réforme de l'ordre des clarisses, au XVe siècle (Corbie 1381 ou 1382 - Gand 1447).
En 1399, Colette est confiée par son père mourant à l'abbé de Corbie, en Picardie. Elle entre successivement chez les béguines, les bénédictines et, enfin, les clarisses conventuelles de l'abbaye royale de Moncel, près de Beauvais. Animée d'une spiritualité exigeante, elle décide de devenir recluse en 1402. Elle mène alors une vie de pénitence et de prières, et connaît plusieurs expériences mystiques. Très influencée par son guide spirituel, le franciscain Henri de la Beaume, elle entreprend un voyage pour rencontrer le pape d'Avignon, Benoît XIII. Le 14 octobre 1406, elle fait profession devant lui, et obtient la responsabilité de la réforme de l'ordre des clarisses. En 1410, elle prend possession de l'ancien couvent, en plein déclin, des clarisses de Besançon, et en fait le premier centre de sa réforme : la clôture est strictement rétablie ; la vraie pauvreté, instituée, et la vie contemplative, restaurée. La communauté connaît un essor rapide, et les nouvelles fondations se multiplient. Les liens de Colette avec la haute aristocratie, en particulier avec les grandes dames de la noblesse, sont directement à l'origine de la naissance de nombreux couvents. Les Constitutions, qu'elle rédige en 1434, sont approuvées par le ministre général des franciscains et par le concile de Bâle. Elles influencent profondément la réforme masculine au cours du XVe siècle, et réglementent la vie de nombreux couvents franciscains jusqu'à aujourd'hui. Très populaire de son vivant, Colette est béatifiée en 1625, et canonisée en 1807.