Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
E

Entremont,

place forte gauloise, capitale du peuple des Salyens (Saluvii), située sur la commune d'Aix-en-Provence et détruite en 124 avant notre ère par les armées romaines.

L'oppidum celto-ligure d'Entremont n'a été occupé que pendant environ un siècle. Aussi, la lecture de son plan n'est-elle pas perturbée par de multiples transformations ultérieures. L'implantation s'est néanmoins déroulée en deux étapes successives. Une « ville haute », qui couvre un hectare, a d'abord été édifiée dans la partie sud-ouest de la colline calcaire. Naturellement fortifiée par un escarpement sur ses flancs sud et ouest, elle est protégée sur les deux autres côtés par un rempart renforcé de tours carrées. À l'intérieur de cette enceinte règne un strict urbanisme orthogonal, délimitant des îlots rectangulaires, eux-mêmes divisés par des rues en cellules d'environ quinze mètres carrés. Vers le milieu du IIe siècle avant notre ère, la surface du site est plus que triplée par la formation d'une « ville basse », qui s'étend au nord et à l'est de la « ville haute ». Elle est délimitée au nord par un imposant rempart de plus de trois mètres d'épaisseur, renforcé de tours carrées aux angles arrondis. Un urbanisme plus vaste et aéré que celui de la partie haute régit l'organisation des nouveaux quartiers. Les rues sont pavées. Un réseau d'égouts a d'ailleurs été exhumé. Les maisons, construites en brique crue sur soubassements de pierre, comportaient au moins un étage, réservé à l'habitation, le rez-de-chaussée étant voué à des activités artisanales ou utilitaires : stockage des aliments, fours, pressoirs à huile, etc. De telles caractéristiques révèlent donc que cette société avait atteint un degré technique assez élevé et que les activités de production étaient diversifiées.

À la limite des deux « villes » ont été mis au jour les vestiges d'un portique construit en deux étapes, dont les piliers de bois supportaient des têtes humaines coupées et qui avait abrité des sculptures de pierre, représentant notamment des guerriers accroupis tenant des têtes coupées.

Textes antiques et archéologie permettent d'identifier Entremont comme la capitale des Salyens, dont la puissante confédération fut écrasée en 124 avant J.-C. par Rome ; mais une seconde destruction semble avoir eu lieu vers 90 avant notre ère.

Éon (Charles de Beaumont, chevalier d'Éon),

agent secret et diplomate (Tonnerre, Yonne, 1728 - Londres 1810).

D'abord avocat au parlement de Paris, il accomplit, en 1755, une mission secrète pour Louis XV à la cour de Russie : sous un déguisement féminin, il s'insinue dans l'entourage de l'impératrice Élisabeth en qualité de « lectrice ». Il permet ainsi à la France, à la veille de la guerre de Sept Ans, de renouer des relations diplomatiques avec la Russie. Entré dans la carrière des armes en 1759, il sert en Allemagne comme capitaine de dragons sous les ordres du maréchal de Broglie, avant d'être nommé, en 1762, secrétaire d'ambassade, puis ministre plénipotentiaire à Londres. Victime de menées hostiles et de médisances relatives à son identité sexuelle, il doit abandonner son poste, mais demeure toutefois dans la capitale anglaise en tant qu'émissaire secret de Louis XV, avec lequel il entretient une correspondance confidentielle jusqu'en 1774. Rentré en France en 1777, il reçoit de la reine l'ordre de ne plus quitter les habits féminins. Aussi étrange que cela puisse paraître, il s'exécute, et ce n'est plus que sous les traits de la « chevalière d'Éon » qu'il se présente désormais. En 1784, il retourne à Londres, où il mourra dans l'oubli et la misère.

Personnage énigmatique - quelles raisons l'ont poussé à entretenir l'ambiguïté sexuelle et à ainsi alimenter les controverses ? -, le chevalier d'Éon est un observateur avisé et critique de son époque : sa collaboration à l'Année littéraire de Fréron et ses ouvrages consacrés à l'économie, au commerce et à la politique en témoignent largement.

épée.

Bien que le gladius - épée assez courte du légionnaire - et la longue spatha du cavalier figurent déjà dans l'équipement des armées romaines, c'est au Moyen Âge que l'épée devient l'arme offensive par excellence.

 L'habileté des forgerons barbares n'y est sans doute pas étrangère : en effet, grâce à leur maîtrise empirique de la carburation du fer, ils sont en mesure de fabriquer des lames qui allient une âme de fer damassé (constituée de plusieurs bandes alternées de composition et de résistance différentes), gage d'une grande élasticité, et des tranchants en acier trempé. Mince (5 millimètres d'épaisseur) et longue d'environ 80 centimètres, une telle épée est d'une efficacité redoutable, ainsi qu'en témoignent les crânes proprement décalottés que l'on a retrouvés dans les tombes.

Cette arme de luxe, censée accompagner les guerriers germaniques dans l'au-delà, est utilisée par les chevaliers du Moyen Âge central, dont elle devient l'emblème : l'épée n'est-elle pas la seule arme à recevoir un nom propre dans les chansons de geste (par exemple, « Durandal » pour Roland ou « Joyeuse » pour Charlemagne) ? De plus en plus longue (elle atteint bientôt plus d'un mètre), elle doit être tenue à deux mains à partir de la fin du XIIIe siècle, est ornée d'un pommeau décoré, et devient l'insigne du statut nobiliaire auquel les chevaliers ont accédé.

Pour parer les coups meurtriers de l'épée, on renforce l'armure et, à la fin du Moyen Âge, la cotte de mailles est remplacée par des plates de fer plain qui, couvrant entièrement le corps, ne peuvent être entamées par un coup de taille. C'est ainsi qu'au XVe siècle est mis au point l'estoc, épée destinée à frapper de pointe, et qui trouvera son prolongement dans la rapière, utilisée durant toute la Renaissance. Cependant, avec l'adoption des arcs longs dès le XIVe siècle, puis avec l'apparition des armes à feu, l'épée n'a plus la primauté sur le champ de bataille : elle sert à achever les adversaires atteints par les armes de jet et des pièces d'artillerie, et redevient une arme d'appoint, n'étant plus utilisée que dans les duels.

Épée (Charles Michel, abbé de l'),

philanthrope (Versailles 1712 - Paris 1789).