Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
M

Merveilles (Vallée des), (suite)

Quelques rares figurations, exécutées en lignes fines, et dont le style « linéaire » se rencontre dans les Pyrénées, pourraient appartenir à la fin de l'âge du fer, voire à l'époque romaine.

Meslier ou Mellier (Jean),

dit le curé Meslier, curé et philosophe athée (Mazerny, Ardennes, 1664 - Étrépigny, id. 1729).

Aucun signe dans la vie publique de Jean Meslier ne contredit la trajectoire du curé rural champenois qu'il était : fils unique d'un marchand, entré au séminaire de Reims en 1684, ordonné prêtre en 1688, il obtient en 1689 la cure d'Étrépigny. En 1716, un rapport d'inspection défavorable, où lui sont reprochés des propos mordants proférés en chaire contre le seigneur local, ne le distingue guère d'autres prêtres « opiniâtres ».

Meslier a choisi de vivre masqué, et seuls ses écrits, connus après sa mort, nous révèlent la radicalité de sa pensée. Il laisse en effet une Lettre à Messieurs les Curés du voisinage, une critique du Traité de l'existence de Dieu, de Fénelon, et, surtout, trois copies d'un volumineux Mémoire des pensées et sentiments de [J. M.] sur une partie des erreurs et des abus de la conduite et du gouvernement des hommes où l'on voit des démonstrations claires et évidentes de la vanité et de la fausseté de toutes les divinités et de toutes les Religions du Monde [...]. Ce texte, dans son entier ou abrégé, commence à circuler sous la forme d'un manuscrit clandestin vers 1734-1735. En 1762, Voltaire en publie un extrait, mais en le modifiant de telle façon que les propos athées disparaissent au profit de l'expression d'un déisme marqué du sceau du voltairisme ! La première édition intégrale de ce « testament » paraît en Hollande, en 1864. L'originalité de Jean Meslier est de réunir pour la première fois, dans une dénonciation virulente des inégalités sociales et de la tyrannie politique, l'athéisme philosophique et un communisme agraire. Il appelle à la révolte et au tyrannicide, contre l'alliance complice des rois, des nobles et du clergé, en vue d'établir, sur la communauté locale des biens, « une même famille ».

Messali Hadj (Ahmed Mesli, dit Ahmed),

dirigeant nationaliste algérien (Tlemcen 1898 - Paris 1974).

Ce jeune musulman d'origine très modeste, auto-didacte, effectue en France son service militaire de 1918 à 1921. En 1926, il prend la tête de l'Étoile nord-africaine (ENA), un nouveau mouvement politique de travailleurs immigrés qui, sous son impulsion, réclame, le premier, l'indépendance totale de l'Algérie, plutôt que l'assimilation. Malgré diverses condamnations, Messali Hadj développe l'ENA en France mais aussi en Algérie. Il la fait adhérer au Front populaire en 1935, mais s'oppose au projet Blum-Viollette (visant à octroyer la citoyenneté aux élites musulmanes) et rentre en Algérie. Son mouvement, dissous en janvier 1937, se reconstitue alors sous le nom de Parti du peuple algérien (PPA). Arrêté en 1939, Messali Hadj refuse de collaborer avec Vichy et, en 1943, apporte son soutien à Ferhat Abbas et à l'association des Amis du manifeste de la liberté. Déporté au Congo en avril 1945, à la veille des émeutes qui secouent l'Algérie, il est libéré en 1946 et fonde le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Mais, contesté au sein de son mouvement, victime d'une nouvelle mesure d'expulsion en 1952, il assiste en 1954 à la scission du MTLD. Il reste à la tête du Mouvement national algérien (MNA), tandis que les dissidents choisissent la lutte armée et créent le FLN. Messali Hadj et le MNA sont alors marginalisés et exclus des négociations de paix. L'indépendance de son pays s'étant réalisée sans lui, le vieux dirigeant nationaliste reste en France, où il meurt le 3 juin 1974. Il est enterré à Tlemcen.

Messmer (Pierre),

homme politique (Vincennes, Val-de-Marne, 1916).

Le rêve colonial est à l'origine du premier engagement de Pierre Messmer. Diplômé en 1937 de l'École nationale de la France d'outre-mer, puis de l'École des langues orientales, docteur en droit après avoir soutenu une thèse sur les emprunts coloniaux, il entre dans l'armée coloniale. Au lendemain de la défaite de 1940, il rejoint Londres, avant même d'avoir entendu l'appel du 18 juin. De ce moment date son attachement indéfectible au général de Gaulle. Il se bat dans les Forces françaises libres, avant de participer au débarquement et à la libération de Paris. Parachuté ensuite au Tonkin, fait prisonnier par le Viet-minh, il s'évade et rejoint les forces combattantes françaises. Démobilisé en 1946, il commence une carrière d'administrateur civil en Indochine, puis en Afrique, où il occupe le poste de haut-commissaire de l'A-ÉF (1958), puis de l'A-OF (1958-1959). Peu de temps après le retour au pouvoir du général de Gaulle il revient en métropole. Ce baron du gaullisme est, sans interruption, ministre des Armées de 1960 à 1969. Ministre d'État chargé des départements et territoires d'outre-mer dans le gouvernement Chaban-Delmas (1971-1972), il remplace ce dernier à la tête du gouvernement quand la tension devient trop forte avec le président Pompidou. De 1972 à 1974, il mène une politique avant tout pragmatique face à une société en pleine ébullition sociale et idéologique après les événements de mai 68 (affaire Lip).

Après 1974, Pierre Messmer se consacre à ses mandats à la mairie de Sarrebourg, au conseil général de Moselle, au conseil régional de Lorraine et au Palais-Bourbon. Son échec aux élections législatives de 1988 et la pression de la nouvelle génération gaulliste le conduisent à se retirer de la vie politique en 1989. Il se consacre dès lors à la Fondation Charles-de-Gaulle et à l'Académie des sciences morales et politiques, dont il est membre depuis 1988 et secrétaire perpétuel de 1995 à 1998, avant d'entrer à l'Académie française en 1999.

métayer.

Personnage typique des régions pauvres à la fin de l'Ancien Régime, le métayer est celui qui exploite un bien rural concédé par un bailleur, avec partage, en principe par moitié, des frais et des revenus.

Dès l'apparition du métayage vers le XIIIe siècle, et jusqu'au XVIe siècle, les rapports du métayer avec son bailleur sont équilibrés. Puis ils ne cessent de se dégrader, particulièrement au XVIIe siècle, au bénéfice des fermiers généraux.