homme politique (Clausen, Luxembourg, 1886 - Scy-Chazelles, Moselle, 1963).
Né au Luxembourg, de nationalité allemande jusqu'en 1918, Robert Schuman est d'abord un homme de la Moselle, dont il est élu député en 1919 : de cette région profondément germanisée de 1871 à 1918, il garde une double culture, mise à profit lors de ses études de droit dans diverses universités allemandes ; de la tradition politique locale, il tient son attachement à la démocratie chrétienne ; de la position géographique de la Lorraine du Nord, le sentiment aigu qu'il faut, par intérêt économique et pour préserver la paix, bâtir une Union européenne.
Les premiers combats de Robert Schuman au Palais-Bourbon concernent la défense du statut local de l'Alsace et de la Lorraine, notamment le maintien du concordat avec Rome. À la Chambre, il siège au centre droit et adhère, de 1932 à 1939, au Parti démocrate populaire. Son influence est encore limitée, mais ses convictions pacifistes sont assez enracinées pour qu'il épouse tour à tour les espoirs (soutien à la politique de Briand dans les années 1920) et les renoncements de son temps (soutien aux accords de Munich en 1938). Nommé sous-secrétaire d'État aux réfugiés en mars 1940 dans le gouvernement Reynaud, il assiste impuissant à l'exode de juin. Emprisonné puis placé en résidence surveillée par les nazis, il s'évade en août 1942 et entre dans la clandestinité.
Député MRP de Moselle jusqu'en 1958, Robert Schuman devient, en raison de sa participation à tous les gouvernements de 1946 à 1952, l'une des personnalités éminentes de la IVe République. Ministre des Finances (juin 1946-novembre 1947), il s'efforce d'appliquer un programme d'austérité. Dans un pays frappé par les grèves (décembre 1947), il exerce avec sa fermeté coutumière la présidence du Conseil (novembre 1947-juillet 1948). De juillet 1948 à décembre 1952, il est ministre des Affaires étrangères, puis garde des Sceaux de février 1955 à janvier 1956. C'est au Quai d'Orsay qu'il bâtit l'essentiel de son œuvre politique, au service de la construction européenne : la création du Conseil de l'Europe (mai 1949), la déclaration du 9 mai 1950 qui propose l'institution de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA, avril 1951), sont autant d'étapes importantes d'une action pragmatique en faveur d'une Europe supranationale, action fondée sur des plans limités et concrets. Schuman échoue cependant sur le projet de Communauté européenne de défense (CED). À la construction européenne, il consacre néanmoins les dernières années de sa vie publique : il préside le Mouvement européen de 1955 à 1961, et l'Assemblée parlementaire européenne de 1958 à 1960.