Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

CNRS (Centre national de la recherche scientifique), (suite)

Jalousé par les universitaires, honni d'une partie de la classe politique, méconnu du public, le plus grand organisme français de recherche (25 000 fonctionnaires), et le premier en Europe, suscite bien des critiques, même s'il est, paraît-il, envié dans le monde entier... sans pour autant être imité.

coalitions,

de 1793 à 1815, alliances militaires de diverses puissances européennes contre la France.

La première coalition naît au début de 1793 en réponse à l'exécution de Louis XVI et aux annexions de la Convention. Elle se forme autour de l'Angleterre et de la Hollande, et rassemble également l'Autriche et la Prusse (déjà en guerre contre la France depuis 1792), l'Espagne, le Portugal, la Sardaigne et le royaume de Naples, les États allemands et la Russie. Initialement victorieuse, cette première coalition conduit la France à décréter une levée de 300 000 hommes, constituant une armée de soldats-citoyens qui contraint la Prusse, la Hollande et l'Espagne à poser les armes en janvier 1795. L'Autriche signe la paix par le traité de Campoformio en octobre 1797. L'Angleterre reste seule dans la lutte : c'est contre elle qu'est organisée l'expédition d'Égypte tandis que le Directoire multiplie les provocations en Italie et menace d'envahir l'Irlande. L'Angleterre réunit alors autour d'elle la Turquie, l'Autriche, le royaume de Naples et la Russie en une deuxième coalition. Une nouvelle campagne de Bonaparte en Italie, en 1800, et l'armée de Moreau en Autriche permettent de rétablir la paix au profit de la France : elle est signée à Lunéville en 1801 avec l'Autriche, à Amiens en 1802 avec l'Angleterre. Mais les ambitions manifestées par Bonaparte tant en Europe qu'outre-Atlantique (expédition de Saint-Domingue, projet d'invasion de la Grande-Bretagne) incitent l'Angleterre à rompre la paix. Soutenue par l'Autriche, la Russie et le royaume de Naples, elle forme, au cours de l'été 1805, une troisième coalition, brisée après la bataille d'Austerlitz. Pour contrer l'influence de la France en Allemagne, la Prusse devient, en 1806, l'initiatrice de la quatrième coalition, qui comprend également l'Angleterre et la Russie. Mais les victoires françaises d'Iéna et de Friedland contraignent les Prussiens et les Russes à demander la paix. Après le traité de Tilsit (juillet 1807), seule l'Angleterre résiste à la France. Mais l'enlisement de celle-ci en Espagne encourage l'Autriche, avec l'appui de l'Angleterre, à reprendre les armes. Par sa victoire à Wagram (juillet 1809), Napoléon triomphe de cette cinquième coalition. Après l'échec de la campagne de Russie, la France doit faire face à une sixième coalition, formée initialement par la Russie et la Prusse, mais à laquelle se rallient l'Autriche en août 1813 et l'Angleterre en février 1814. Au retour de Napoléon de l'île d'Elbe, une alliance des mêmes puissances forme le prolongement de la sixième coalition, parfois considérée comme la septième, qui se solde par la défaite définitive de l'Empereur à Waterloo, en juin 1815.

Ennemis résolus de la Révolution, dont Bonaparte est à leurs yeux l'héritier, les coalisés ont voulu ramener la paix en Europe en rétablissant les frontières françaises de 1792. En dépit des initiatives prussiennes ou autrichiennes, c'est le gouvernement anglais qui s'est affirmé comme le chef de file des coalitions. Pour ce faire, l'Angleterre a largement contribué à leur financement, tandis que la Russie et l'Autriche ont joué un rôle militaire majeur. Par ailleurs les antagonismes économiques ont été déterminants dans ces alliances qui ont également pris le caractère d'une lutte de nationalismes.

cocarde,

emblème circulaire mis au chapeau en signe de reconnaissance.

La cocarde est d'abord un insigne militaire porté par les soldats d'Ancien Régime, de couleur différente suivant le corps auquel ils appartiennent : « porter la cocarde » signifie alors « se faire soldat ».

Mais, dès juillet 1789, des civils arborent la cocarde tricolore, qui devient le premier des symboles révolutionnaires : le 17 juillet, le maire de Paris présente au roi ce symbole de « l'alliance auguste et éternelle entre le monarque et le peuple ». En laine pour les pauvres, ou en fine étoffe pour les riches, elle est portée par les patriotes en signe d'engagement révolutionnaire. Aussi reste-t-elle honnie par les royalistes : lors d'un banquet d'officiers à Versailles, le 1er octobre 1789, « le signe sacré de la liberté française » est foulé aux pieds et remplacé par la cocarde blanche du roi, ou noire de la reine. L'indignation que soulève cet événement déclenche les journées des 5 et 6 octobre 1789. En 1792, puis en 1793, son port est rendu obligatoire. Néanmoins, rien n'indique que ces décrets s'appliquent aux femmes ; les militantes tiennent à accrocher la cocarde à leur bonnet, au risque d'être molestées par celles qui considèrent que les femmes ne doivent pas s'occuper de politique. En septembre 1793, une pétition de Parisiennes soutenues par les sans-culottes et les clubs demande que les citoyennes soient également tenues de la porter. Dans les rues de Paris, des femmes s'affrontent quotidiennement à ce sujet, poussant la Convention à rendre son port obligatoire pour toutes sous peine de prison le 21 septembre. Loin d'être anodine, cette mesure est perçue par ses partisans et par ses adversaires comme un premier pas vers une éventuelle égalité politique entre les sexes.

Comme tous les symboles révolutionnaires, la cocarde cristallise des enjeux politiques. À la cocarde tricolore, chouans et vendéens opposent la cocarde blanche, portée par les chefs et les soldats des armées catholiques et royales et parfois juchée, en signe de défi, au sommet des arbres de la liberté républicains. Le 19 mars 1793, la Convention décrète que toute personne prise les armes à la main ou portant la cocarde blanche encourt la mort. Cette véritable guerre des symboles se poursuit au début du XIXe siècle. La charte de 1830 précise ainsi : « La France reprend ses couleurs. À l'avenir, il ne sera plus porté d'autre cocarde que la cocarde tricolore. »