Libération, (suite)
Le 12 septembre 1944, à Montbard, les troupes engagées dans les deux débarquements se rejoignent. À cette date, les trois quarts du territoire sont libérés. Au nord, les Anglais sont à Anvers et la Ire armée américaine, à Liège, après avoir libéré la Picardie, le Nord et la Champagne. À l'est, la IIIe armée de Patton fait mouvement vers la Lorraine (Nancy est libérée le 15 septembre), tandis que la Ire armée française et la VIIe armée américaine délivrent la Franche-Comté. Commence alors la difficile campagne d'Alsace. À la suite d'une audacieuse manœuvre, la division Leclerc libère Strasbourg le 23 novembre, respectant ainsi le serment fait à Koufra au début de 1941. Mais la contre-offensive allemande des Ardennes (début décembre) incite Eisenhower à demander aux Français d'évacuer Strasbourg. Fermement soutenu par de Gaulle, Leclerc refuse d'obtempérer et tient la capitale alsacienne jusqu'au rétablissement de la situation. Au début de 1945, la France est entièrement libérée.
La restauration de l'État.
• La Libération soulève rapidement la question de la prise du pouvoir. La menace représentée par l'AMGOT est assez facilement conjurée par le GPRF. Du reste, la libération (Sud-Ouest, Centre) ou le contrôle (Bretagne) de régions entières par la Résistance rend impossible la mise en place de l'administration alliée. Alors que le régime de Vichy s'écroule, la Résistance, encadrée par les officiers de liaison du GPRF, nomme les responsables (préfets, commissaires de la République) dont les listes ont été préparées dans la clandestinité. À Bayeux (juin), puis à Paris, de Gaulle fait reconnaître par sa présence son autorité.
Cependant, la légitimité du GPRF est concurrencée par celle de la Résistance. Cette dernière prétend imposer ses propres organes (comités départementaux et locaux de la Libération), et les rapports avec les préfets, surtout dans l'ex-zone sud (ainsi à Toulouse), sont parfois tendus. Tout au long de l'automne, par des voyages répétés en province, de Gaulle s'emploie à asseoir l'autorité de l'État et à marginaliser les organes de la Résistance. La question des forces militaires est encore plus délicate. De Gaulle dissout les organes de commandement des FFI et ordonne leur incorporation à l'armée régulière de de Lattre de Tassigny. Quant aux « milices patriotiques » que le PCF a créées au printemps 1944, le Général n'obtient leur désarmement qu'en échange d'un accord global avec le parti (amnistie de Thorez, qui avait été condamné par contumace pour désertion en 1939, et confirmation de la participation du PCF au gouvernement). Enfin, à l'insurrection succède l'épuration, qui, parfois, ne frappe pas que les miliciens et tourne aux règlements de comptes. On estime à 10 000 le nombre des victimes de l'épuration sauvage de l'été 1944. Ici encore, par l'instauration d'une Haute Cour de justice pour les crimes les plus graves et de cours de justice au plan local (140 000 dossiers étudiés), le GPRF s'emploie à restaurer l'autorité de l'État.