conflit larvé qui, de 1947 au milieu des années cinquante, oppose le camp soviétique au camp américain, ébranlant fortement la France en raison de sa place au cœur de l'Europe occidentale, de son implication dans les guerres coloniales et de la puissance du Parti communiste français.
Guerre froide, politique intérieure et diplomatie.
• La rupture entre les deux grands, consécutive à la mainmise de l'Union soviétique sur l'Europe orientale, est consommée en 1947 : à la doctrine Truman sur l'endiguement du communisme (12 mars), l'URSS réplique par la doctrine Jdanov affirmant que le monde est coupé en deux camps irréconciliables (septembre) : à l'annonce du plan Marshall (5 juin), les Soviétiques répondent par la création du Kominform (5 octobre), chargé de coordonner l'action des partis communistes européens. Le brusque regain de tension entre les deux grands a des conséquences immédiates sur la vie politique française. Exclus du gouvernement le 4 mai 1947, les communistes changent brutalement de stratégie sous la pression du Kominform, qui tente de déstabiliser les démocraties occidentales. Jusqu'au printemps 1947, le PCF, alors premier parti de France, a joué la carte de l'alliance gouvernementale avec la SFIO et le MRP (tripartisme). Relayé par la CGT, il a cherché à freiner les actions revendicatives dans le monde ouvrier. Mais à l'automne 1947, exploitant les difficultés économiques et sociales grandissantes, PCF et CGT déclenchent une vague d'agitation. Grèves insurrectionnelles, manifestations violentes, sabotages : un climat de guerre civile larvée gagne la France ; le gouvernement fait alors rappeler des milliers de réservistes. Le mouvement échoue mais laisse de nombreuses traces. En décembre 1947, la CGT éclate, les syndiqués non communistes créant la CGT-Force ouvrière (avril 1948). Quant aux enseignants, ils prennent leur autonomie en fondant la Fédération de l'éducation nationale (FEN). Le PCF se trouve désormais isolé, pour longtemps, dans un véritable ghetto politique. Cependant, son poids électoral gêne indéniablement les partis gouvernementaux de la « troisième force » (SFIO, MRP, radicaux, UDSR, bientôt modérés), d'autant qu'à l'autre extrémité de l'échiquier politique, le Rassemblement du peuple français (RPF) se montre un farouche opposant à la IVe République.
Sur le plan international, la France, largement bénéficiaire du plan Marshall, choisit clairement son camp. Au lendemain du coup de Prague de février 1948, qui déclenche une réaction de peur en Europe occidentale, elle signe le pacte de Bruxelles (avec la Grande-Bretagne et les pays du Benelux) et réclame la protection militaire des États-Unis. Fidèle alliée des Américains pendant la crise de Berlin (juin 1948-mai 1949), elle adhère à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) qui, en avril 1949, unit douze pays occidentaux. Elle reçoit l'aide financière de Washington dans sa lutte contre le Viêt-minh dès lors que les Américains, engagés dans le conflit coréen, considèrent la guerre d'Indochine comme une « croisade anticommuniste ».