Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
G

Guadeloupe, (suite)

Ralliée à la France combattante en juin 1943, la Guadeloupe est érigée en département d'outre-mer par la loi du 19 mars 1946. Bénéficiant des crédits du FIDOM, elle est dotée d'un important équipement scolaire et hospitalier. Les formations autonomistes y remportent quelques sièges aux élections locales. Divisée en trois arrondissements (Pointe-à-Pitre, Basse-Terre, îles du Nord) formant une région monodépartementale depuis la loi de régionalisation de 1982, l'île est représentée au Parlement par quatre députés et deux sénateurs. 300 000 Guadeloupéens se seraient fixés en métropole.

Guerre folle,

nom donné au conflit qui oppose le duc d'Orléans, Louis (futur Louis XII), à Anne et Pierre de Beaujeu, régents du royaume, durant les années 1485-1488.

Avant de mourir, le 25 août 1483, Louis XI a confié le pouvoir et la garde de son fils, le petit Charles VIII, à sa fille Anne et à son gendre, Pierre de Beaujeu. Ces dispositions sont contestées par Louis d'Orléans (cousin germain du nouveau roi), qui réclame pour lui la régence et le contrôle du Conseil. À sa demande, les Beaujeu acceptent de convoquer les états généraux, qui se réunissent à Tours, en janvier 1484. Mais, en raison de son mode de désignation - pour la première fois, les députés sont élus dans le cadre des bailliages et des sénéchaussées -, l'assemblée de Tours comprend un nombre important d'officiers royaux favorables aux Beaujeu. Louis d'Orléans ne peut faire triompher ses vues : la composition du Conseil de régence est donc confiée par les états aux Beaujeu et la question de la tutelle, laissée en suspens, puisque Charles VIII va bientôt être majeur. Louis d'Orléans décide alors de s'allier avec le duc de Bretagne, François II, et, en janvier 1485, se lance dans la « Guerre folle ». Cette entreprise n'est guère fructueuse. Les coalisés, qui négocient par ailleurs avec le roi d'Angleterre Richard III, ne parviennent pas à rallier à leur cause les villes et la noblesse. En outre, avec la mort par pendaison du trésorier de Bretagne Pierre Landais (19 juillet 1485), victime du parti nobiliaire breton, ils perdent l'un de leurs plus fervents soutiens. Le 2 novembre 1485, une paix provisoire est signée à Bourges.

Mais, les hostilités reprennent en 1487, et l'équipée de Louis d'Orléans devient alors l'une des composantes de la guerre de Bretagne pour la succession de François II. Charles VIII et les Beaujeu s'inquiètent en effet du projet de mariage envisagé par le duc de Bretagne, lequel consiste à unir sa fille Anne, héritière du duché, à l'archiduc d'Autriche, Maximilien, nouveau roi des Romains depuis 1486. En 1487 et 1488, les troupes royales mènent deux expéditions en Bretagne. Le 27 juillet 1488, à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, les troupes bretonnes sont battues et le duc Louis d'Orléans est fait prisonnier. Le roi et les Beaujeu engagent alors contre lui une procédure judiciaire pour trahison, mais celle-ci n'est pas menée à son terme. Louis d'Orléans reste en prison jusqu'en 1491. Fidèle ensuite à Charles VIII, il lui succède comme roi de France en 1498.

guerre froide,

conflit larvé qui, de 1947 au milieu des années cinquante, oppose le camp soviétique au camp américain, ébranlant fortement la France en raison de sa place au cœur de l'Europe occidentale, de son implication dans les guerres coloniales et de la puissance du Parti communiste français.

Guerre froide, politique intérieure et diplomatie.

• La rupture entre les deux grands, consécutive à la mainmise de l'Union soviétique sur l'Europe orientale, est consommée en 1947 : à la doctrine Truman sur l'endiguement du communisme (12 mars), l'URSS réplique par la doctrine Jdanov affirmant que le monde est coupé en deux camps irréconciliables (septembre) : à l'annonce du plan Marshall (5 juin), les Soviétiques répondent par la création du Kominform (5 octobre), chargé de coordonner l'action des partis communistes européens. Le brusque regain de tension entre les deux grands a des conséquences immédiates sur la vie politique française. Exclus du gouvernement le 4 mai 1947, les communistes changent brutalement de stratégie sous la pression du Kominform, qui tente de déstabiliser les démocraties occidentales. Jusqu'au printemps 1947, le PCF, alors premier parti de France, a joué la carte de l'alliance gouvernementale avec la SFIO et le MRP (tripartisme). Relayé par la CGT, il a cherché à freiner les actions revendicatives dans le monde ouvrier. Mais à l'automne 1947, exploitant les difficultés économiques et sociales grandissantes, PCF et CGT déclenchent une vague d'agitation. Grèves insurrectionnelles, manifestations violentes, sabotages : un climat de guerre civile larvée gagne la France ; le gouvernement fait alors rappeler des milliers de réservistes. Le mouvement échoue mais laisse de nombreuses traces. En décembre 1947, la CGT éclate, les syndiqués non communistes créant la CGT-Force ouvrière (avril 1948). Quant aux enseignants, ils prennent leur autonomie en fondant la Fédération de l'éducation nationale (FEN). Le PCF se trouve désormais isolé, pour longtemps, dans un véritable ghetto politique. Cependant, son poids électoral gêne indéniablement les partis gouvernementaux de la « troisième force » (SFIO, MRP, radicaux, UDSR, bientôt modérés), d'autant qu'à l'autre extrémité de l'échiquier politique, le Rassemblement du peuple français (RPF) se montre un farouche opposant à la IVe République.

Sur le plan international, la France, largement bénéficiaire du plan Marshall, choisit clairement son camp. Au lendemain du coup de Prague de février 1948, qui déclenche une réaction de peur en Europe occidentale, elle signe le pacte de Bruxelles (avec la Grande-Bretagne et les pays du Benelux) et réclame la protection militaire des États-Unis. Fidèle alliée des Américains pendant la crise de Berlin (juin 1948-mai 1949), elle adhère à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) qui, en avril 1949, unit douze pays occidentaux. Elle reçoit l'aide financière de Washington dans sa lutte contre le Viêt-minh dès lors que les Américains, engagés dans le conflit coréen, considèrent la guerre d'Indochine comme une « croisade anticommuniste ».