Lanthenas (François Xavier),
médecin et révolutionnaire (Le Puy, Haute-Loire, 1754 - Paris 1799).
Fils d'un marchand cirier, Lanthenas fait ses études au collège du Puy, avant d'entrer dans une maison de commerce. Après son apprentissage, il voyage et, au hasard de ses rencontres, se lie avec les Roland. C'est grâce à leur soutien qu'il suit un cursus médical conclu par une thèse sur l'Éducation, cause éloignée et souvent même cause prochaine de toutes nos maladies. La Révolution vient modifier son parcours : membre du Club des jacobins, animateur de la Société des amis des Noirs, il travaille avec Roland au ministère de l'Intérieur après le 10 août 1792. Élu à la Convention, il vote la mort du roi, défend la liberté de la presse, traduit les propos de Thomas Paine. En décembre 1792, peu après avoir été exclu du Club des jacobins, il entre au Comité de l'instruction publique. Parallèlement à sa charge, il développe alors, dans le sillage d'un naturalisme rousseauiste adapté au propos révolutionnaire, une sorte d'« utopie biologique » de la liberté. Il mêle dans ses ouvrages l'exigence civique des révolutionnaires au souci hygiéniste. Sa morale, sans grande originalité, intègre une composante physique essentielle : liberté, civilité et santé sont, pour lui, indissociables. Malgré ses fonctions politiques (conventionnel, il est aussi membre du Corps législatif puis du Conseil des Cinq-Cents entre 1795 et 1797), Lanthenas n'a eu, pour ainsi dire, aucune influence ; cependant, il est représentatif d'un courant de pensée qui a contribué à faire de la santé publique un enjeu majeur du débat politique.
La Palice (Jacques II de Chabannes, sire de),
maréchal de France (vers 1470 - Pavie 1525).
Fils de Geoffroi de Chabannes, compagnon de jeu du dauphin Charles, il est chargé du commandement d'une compagnie de lances et participe à toutes les expéditions italiennes à partir de 1494. Comptant parmi les principaux capitaines de Louis XII, il prend la tête de l'armée royale en 1512, après la mort de Gaston de Foix à la bataille de Ravenne, une fonction qu'en qualité de grand maître, puis de maréchal de France, il conservera par la suite. Si les chroniqueurs contemporains émettent des jugements souvent sévères sur sa pratique du commandement, ils célèbrent son courage et sa loyauté - qui lui fait préférer, en 1523, la fidélité au roi à celle qu'il doit à son suzerain direct, le connétable de Bourbon.
La Palice est, en fait, l'un des derniers représentants de la grande noblesse guerrière française : ces compagnons du roi qui se disputaient les charges de cavalerie les plus honorifiques étaient bien peu enclins à suivre les principes de la guerre moderne et furent décimés lors de la déroute de Pavie, sanglant symbole de leur anachronisme. C'est justement à Pavie, en 1525, dans une dernière charge inutile, que La Palice trouve la mort. Quant à l'expression « vérité de La Palice » ou « lapalissade », utilisée pour désigner un truisme risible, elle a pour origine une chanson composée, deux siècles plus tard, par un certain La Monnoye pour célébrer, sur le mode de la dérision, les vertus du valeureux capitaine.
La Pérouse (Jean-François de Galaup, comte de),
marin et explorateur (Le Guo, près d'Albi, 1741 - île de Vanikoro, Mélanésie, 1788).
Entré dans la marine à 15 ans, il défend contre les Anglais les possessions coloniales françaises lors de la guerre de Sept Ans (1756-1763), puis participe à des campagnes dans le cadre de la guerre de l'Indépendance américaine (1778-1783). Louis XVI et les Académies des sciences et de marine le chargent alors de poursuivre l'exploration du Pacifique et d'apprécier la possibilité d'établir un commerce de fourrures entre l'Amérique et la Chine. En août 1785, il embarque à Brest, emmenant à bord de l'Astrolabe et de la Boussole des artistes et des savants équipés de chronomètres et d'instruments astronomiques modernes. Après six mois de traversée atlantique, de Brest jusqu'au cap Horn, La Pérouse entame deux années d'explorations. Les informations recueillies sont envoyées au fur et à mesure des avancées de l'expédition, afin d'accélérer leur diffusion et de limiter les risques de perte. En avril 1786, le navigateur fait relâche à l'île de Pâques, où l'un des artistes dessine les statues colossales qui s'y trouvent. Les vaisseaux remontent ensuite jusqu'aux rivages de l'Alaska, où vingt-et-un officiers et marins se noient accidentellement. En août 1786, La Pérouse relève les côtes californiennes, avant de traverser le Pacifique d'est en ouest jusqu'à Manille (février 1787). Une carte des mers de Chine et du Japon est établie, puis est reconnu le détroit séparant Sakhaline de Hokkaido (il porte aujourd'hui le nom de l'explorateur), grâce auquel La Pérouse rallie le port russe de Petropavlovsk, sur la côte du Kamtchatka. Il évite l'hiver boréal en repartant vers le sud, et parvient, en novembre 1787, aux îles Samoa. Lors d'une aiguade, des indigènes samoans massacrent douze hommes. La Pérouse poursuit sa route jusqu'à la colonie anglaise de Botany Bay (près de l'actuelle Sydney), en Australie, d'où, en février 1788, il fait parvenir en France la suite de son journal et son projet d'exploration du Pacifique sud. On perd alors toute trace de l'expédition. En 1791, à la demande de Louis XVI, l'Assemblée nationale envoie d'Entrecasteaux et Huon de Kermadec à la recherche des navigateurs. Si la mission est un succès scientifique, elle ne parvient pas à les retrouver. En 1828, Dumont d'Urville identifie enfin, dans l'îlot de Vanikoro, non loin des Fidji, les traces du naufrage de La Pérouse. Les indices recueillis jusqu'au XXe siècle montrent que l'expédition a abordé en Nouvelle-Calédonie, avant d'être victime des cyclones tropicaux de l'été austral, et ses survivants, des indigènes.
Plus savant que Bougainville et Cook, La Pérouse n'est pas un conquérant, mais un observateur qui apporte une contribution décisive (cartographie, botanique) à la connaissance des littoraux pacifiques. Ses remarques ethnographiques, qui soulignent l'agressivité des indigènes, remettent en cause le mythe du bon sauvage. Son journal est publié en 1797, sous le titre Voyage de La Pérouse.