Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Paris (traité de) [1763],

traité conclu entre la France, l'Espagne et l'Angleterre mettant fin à la guerre de Sept Ans.

Depuis 1756, la guerre oppose, en Europe et dans les colonies, deux coalitions : l'Angleterre et la Prusse, d'une part ; la France, l'Autriche, la Suède, la Russie, et, après 1762, l'Espagne, de l'autre. Défaite par l'Angleterre sur les mers et dans ses colonies d'Amérique et d'Inde, la France engage dès 1759 des pourparlers pour sortir d'un conflit coûteux et impopulaire. Ils sont infructueux mais reprennent en 1762, après l'avènement du nouveau roi d'Angleterre, George III, et le remplacement de William Pitt, partisan de la guerre à outrance, par lord Bute, favorable à une négociation. L'Angleterre, alors en position de force, redoute en effet que l'intervention de l'Espagne aux côtés de la France n'amenuise son avantage, et n'a qu'une médiocre confiance dans son allié Frédéric II. Des préliminaires de paix sont signés le 3 novembre 1762, et confirmés par le traité de Paris le 10 février 1763.

La France abandonne à l'Angleterre le Canada, les îles du Saint-Laurent et la partie orientale de la Louisiane, et ne conserve en Amérique du Nord que Saint-Pierre et Miquelon et le droit de pêche à Terre-Neuve ; en Inde, elle renonce à toutes ses conquêtes postérieures à 1749, et ne garde que cinq comptoirs (Pondichéry, Karikal, Yanaon, Mahé, Chandernagor) ; elle abandonne aussi ses positions au Sénégal (sauf Gorée) ; mais elle récupère la Guadeloupe, la Martinique et Sainte-Lucie, occupées par l'Angleterre au cours de la guerre. L'Espagne, quant à elle, cède la Floride à l'Angleterre, qui lui rend Cuba et Manille ; elle reçoit de la France, à titre de compensation, le reste de la Louisiane. Quelques jours plus tard, la paix d'Hubertsburg (15 février 1763) règle le conflit continental : la Prusse et l'Autriche reviennent au statu quo ante.

La France perd ainsi, dans l'indifférence de l'opinion, l'essentiel de son premier empire colonial (des « déserts glacés », selon Voltaire). Si ces traités ramènent en Europe la paix pour trente ans, ils ne mettent pas un terme à la rivalité franco-anglaise (ni à l'antagonisme austro-prussien, d'ailleurs). À peine la paix signée, Choiseul prépare la revanche en engageant la France dans un effort de réarmement maritime sans précédent.

Paris (traité de) [30 mai 1814],

traité de paix conclu entre la France et les Alliés coalisés contre elle - Russie, Autriche, Prusse et Angleterre, principalement - qui suit la première abdication de Napoléon (6 avril 1814).

Ce traité ramène la France à ses frontières de 1792 : le pays perd la Belgique, les départements italiens et la rive gauche du Rhin. Des acquisitions postérieures à l'Ancien Régime, il ne reste que Nice, Avignon, la Savoie, Montbéliard, Mulhouse et une partie de la Sarre. En revanche, le traité restitue à la France son domaine colonial, qui était tombé aux mains des Anglais (1803 et 1809-1810) : Antilles et Guyane, Sénégal, comptoirs de l'Inde, île Bourbon (la Réunion), Saint-Pierre et Miquelon. Seule l'île Maurice reste anglaise.

Plus que par la réduction du territoire (de 130 départements, en 1811, à 86 seulement), les Français sont humiliés par la restitution de 53 places fortes et de tout le matériel qu'elles contiennent. Cette cession est interprétée comme le « pourboire des Bourbons aux Alliés pour leur restauration ». Le traité de Paris contribue ainsi à rendre immédiatement impopulaire une dynastie « revenue dans les fourgons de l'étranger » et, par contraste, relève le prestige de Napoléon. Il est pourtant d'une modération remarquable. Les Alliés se sont acharnés contre Napoléon mais souhaitent voir la France conserver son statut de grande puissance, nécessaire à l'équilibre européen : aussi ne lui imposent-ils ni indemnité de guerre ni occupation, et renoncent-ils à se faire restituer les œuvres d'art qui leur ont été dérobées par les armées napoléoniennes. L'article 32 du traité prévoit la convocation du congrès de Vienne, auquel la France est invitée. Toutes ces conditions favorables, dont le mérite est attribué à l'habileté de négociateur de Talleyrand, vont être remises en cause par l'aventure des Cent-Jours.

Paris (traité de) [20 novembre 1815],

traité signé entre la France et les Alliés après la défaite définitive de Napoléon à Waterloo (18 juin 1815).

La France est alors de nouveau envahie. Fouché, président du gouvernement provisoire institué après la seconde abdication de l'Empereur (22 juin 1815), décide la capitulation et signe la convention du 3 juillet, qui livre Paris aux Alliés.

La tâche des négociateurs français (Talleyrand, puis le duc de Richelieu) est plus difficile qu'en 1814. Parmi les Alliés, les Prussiens sont les plus virulents ; ils proposent le démembrement de la France, mais le tsar Alexandre Ier et Wellington, au nom de l'équilibre européen, s'opposent à leurs projets. Le second traité de Paris est néanmoins nettement plus rigoureux que celui de 1814 : la France perd le duché de Bouillon, Philippeville et Marienbourg, Sarrelouis et Sarrebrück, Landau, la plus grande partie du pays de Gex ; la Savoie et Nice lui sont également enlevées pour être restituées au roi de Piémont-Sardaigne ; surtout, elle doit payer une indemnité de guerre de 700 millions et subir une occupation pendant cinq ans ; enfin, elle doit restituer toutes les œuvres d'art dérobées pendant la Révolution et l'Empire.

L'occupation, dirigée par Wellington à la tête de 150 000 hommes, pèsera lourdement sur les débuts de la Restauration, du fait des exactions et des pillages commis. Pourtant, la France exécute scrupuleusement les clauses financières du traité et, lors du congrès d'Aix-la-Chapelle (septembre-octobre 1818), le duc de Richelieu, ministre de Louis XVIII et ami du tsar, obtient avec deux ans d'avance la fin de l'occupation étrangère.

Pâris (frères) :

Antoine (1668-1733), Claude (1670-1745), dit la Montagne, Joseph (1684-1770), dit Pâris-Duverney, et Jean (1690-1766), dit de Marmontel, marquis de Brunoy, financiers français.

Fils d'un aubergiste de Moirans, les frères Pâris doivent quitter le Dauphiné en 1704, ayant été soupçonnés d'avoir accaparé les blés lors d'une disette. Ils s'établissent à Paris comme ravitailleurs des armées, et ils ne tardent pas à s'enrichir, au point de prêter de l'argent à Louis XIV. Leur réputation permet à Pâris-Duverney, le plus influent d'entre eux, d'obtenir le bail des fermes générales (1716). Mais les critiques qu'il lance contre Law, son successeur, le font exiler avec ses frères (1720). Rappelé en 1721, après la chute de Law, Pâris-Duverney dirige la commission du visa et se lie avec des profiteurs influents. Jouissant de la protection du duc de Bourbon, il dirige les Finances du royaume (1723-1726), qu'il tente d'épurer (amortissement de la dette publique, baisse de la valeur des espèces, taxes sur le pain et le vin, création du cinquantième). Il contribue aussi à la conclusion du mariage entre Louis XV et Marie Leszczynska. En 1726, cependant, Fleury remplace Bourbon et les Pâris intriguent... De nouveau exilés, ils rejoignent la cour en 1729. Voltaire dresse alors leur éloge dans le Panégyrique de Louis XV. Fleury évincé, ils recouvrent leur influence et contribuent à la disgrâce d'Orry (1745). Apothéose de la carrière des Pâris, Duverney crée l'École militaire en 1751, tandis que son frère Jean, fait marquis par Louis XV, devient garde du Trésor.