Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Sylvestre II (Gerbert d'Aurillac), (suite)

Gerbert a franchi bien des étapes de sa brillante carrière grâce à sa renommée de savant. Il manifesta une solide connaissance dans toutes les sciences du quadrivium, mais écrivit aussi un traité de logique. Admirable promoteur de la science, il fut indéniablement un précurseur dans l'introduction en Occident - et notamment en Francie - d'apports de la science arabe (ainsi la numération à neuf chiffres, dont la valeur changeait selon la position sur l'abaque, et qui est à l'origine de ce qu'on nomme « chiffres arabes »...). Sa correspondance, enfin, atteste un goût pour la rhétorique classique.

système métrique,

système de poids et mesures institué en France en 1795, dont la base est le mètre.

Fondé sur une mosaïque de pays et de coutumes, sur un assemblage composite de particularités locales dû à ses origines féodales, l'Ancien Régime n'est jamais parvenu à créer ni à imposer un système simplifié et uniforme de mesures, malgré les voix qui le réclamaient et les efforts centralisateurs de la monarchie. L'invention et la diffusion d'un tel système sont filles de la Révolution : attachés à la libre circulation des biens et à l'essor du commerce tout autant qu'à une uniformisation pensée comme égalitaire, les législateurs révolutionnaires se préoccupent dès 1790 de la diversité des poids et mesures, préjudiciable aux échanges sur le territoire national. En effet, comment s'y retrouver quand près de huit cents mesures cohabitent ? Aussi, l'Assemblée constituante décide-t-elle, le 8 mai 1790, de confier à des spécialistes la création d'un système entièrement nouveau. Une Commission des poids et mesures est constituée, qui regroupe d'éminents savants tels Lagrange, Laplace, Monge, Borda ou Lavoisier. Rapidement, elle décide que l'unité de base, qui servira à définir toutes les mesures (longueur, surface, volume, contenance, poids), s'appellera le mètre, et que l'ensemble du système se déclinera en multiples et sous-multiples de dix : le système décimal est né.

Reste à étalonner le mètre. Stable, uniforme, simple d'utilisation, il doit aussi être universel : or, quoi de plus universel que la Terre, mère commune à tous les hommes, et, sur Terre, que le méridien, qui passe sous les pieds de chacun ? Le mètre est donc bientôt défini comme la dix millionième partie du quart du méridien terrestre. Encore faut-il calculer avec précision l'arc du méridien : deux astronomes, Pierre Méchain et Jean-Baptiste Delambre, s'y emploient entre 1792 et 1798, prenant comme référence le méridien compris entre Dunkerque et Barcelone. Leur travail, vérifié par une commission internationale, aboutit à la réalisation du premier mètre étalon, qui est présenté aux Conseils des Cinq-Cents et des Anciens le 22 juin 1799.

Institué en 1795 (sur la base d'un étalon provisoire), le système métrique a mis plusieurs décennies à s'imposer, d'abord en France puis à l'étranger. Le mètre, dont un nouvel étalon a été réalisé en 1870, s'est depuis précisé, au gré des progrès scientifiques et technologiques : depuis 1983, il se définit comme la distance parcourue par la lumière dans le vide en 1/299 792 458 seconde.