Grand Schisme, (suite)
La victoire du concile.
• Le schisme perdure : au pontife romain Boniface IX succède Innocent VII en 1404, puis Grégoire XII en 1406, tandis que Benoît XIII refuse d'abdiquer. La tenue d'un concile semble donc la seule solution possible pour mettre fin à la division de l'Église. Mais le concile tenu à Pise en 1409 est un échec : un troisième pape, Alexandre V, est en effet élu alors que les deux autres refusent d'être déposés. Aux papes d'Avignon et de Rome s'ajoutent désormais ceux de Pise.
L'empereur Sigismond de Luxembourg reprend l'initiative en 1413 en incitant le pape de Pise Jean XXIII (successeur d'Alexandre V) à convoquer un concile auquel des clercs, des princes et des rois mais aussi les deux autres papes sont conviés. Le 1er novembre 1414 s'ouvre le concile de Constance, qui se donne pour mission de réformer l'Église et de mettre un terme au schisme. Mais Jean XXIII, qui se désolidarise de l'empereur et des Pères, s'enfuit ; le concile déclare alors sa supériorité sur le pape et continue de siéger. Ayant déposé Jean XXIII et obtenu l'abdication du pape de Rome Grégoire XII en 1415, puis déposé Benoît XIII en 1417, le concile élit, le 11 novembre 1417, le cardinal Oddo Colonna, qui prend le nom de Martin V. L'unité est rétablie grâce au concile, voie défendue par le cardinal français Pierre d'Ailly et son disciple Jean de Gerson.
Le Grand Schisme a profondément et durablement marqué l'Église. Dans les faits, il est vécu comme un scandale permanent et douloureux par la chrétienté. Les cadres ecclésiastiques éclatent ; ainsi, deux candidats sont parfois nommés à un bénéfice vacant. Cette situation ouvre la voie, en France, au gallicanisme. Cardinaux et universitaires, en voulant pallier les insuffisances des papes depuis le début du XIVe siècle, ont favorisé l'émergence du mouvement conciliaire. Mais le concile, en résolvant la crise au profit du pape, échoue durablement dans sa tentative de réforme de l'Église. C'est peut-être en cela que le Grand Schisme ouvre la voie à la Réforme.