Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

Académie des beaux-arts, (suite)

Placée sous la protection de Mazarin, elle voit le jour grâce aux initiatives conjointes du sculpteur Sarrazin et des peintres Egmont et Le Brun. C'est un lieu d'échanges, d'expositions et d'enseignement du dessin d'après le modèle vivant. Dès 1655, elle exerce un monopole sur la vie des arts. En 1663, Colbert, par un arrêt du Conseil royal, ordonne à tous les peintres pensionnés de rejoindre l'Académie, sous peine de se voir retirer leur pension. Dissoute en 1793, l'Académie est reconstituée en 1795 et rattachée à la classe « littérature et beaux-arts » de l'Institut de France, créé le 25 octobre de cette même année. L'ordonnance royale du 9 juillet 1816 arrête le règlement de la nouvelle Académie des beaux-arts. Confortée dans son autorité sur l'enseignement artistique et dans son rôle auprès du gouvernement, elle est chargée de préparer les Grands Prix de Rome. Elle est composée de 55 membres répartis en 7 sections : peinture (10), sculpture (8), architecture (9), gravure (4), musique (8), section des membres libres - écrivains d'art, critiques, amis des arts (10), créations artistiques dans le cinéma et l'audiovisuel (6), cette dernière section ayant été ouverte depuis 1985.

Académie française,

institution littéraire fondée par Richelieu en 1635, et qui constitue aujourd'hui l'une des cinq classes de l'Institut de France.

Officialisant l'existence d'un groupe de neuf lettrés et écrivains qui se réunissent depuis 1629, Richelieu lui impose une mission d'utilité publique sous la protection et l'autorité royales. « La principale fonction de l'Académie, édictent les statuts, sera de travailler avec tout le soin possible à donner des règles certaines à notre langue, à la rendre pure, éloquente, et capable de traiter les arts et les sciences. » Ce dirigisme linguistique et littéraire s'inscrit dans une politique centralisatrice : temple du « bon usage » et de la promulgation de règles strictes, instance de consécration des grands écrivains, l'Académie est un instrument idéal de contrôle de la langue et des productions de l'esprit.

Composée de 40 membres dès 1639, l'assemblée s'assigne la tâche de réaliser un dictionnaire lexicographique, dont la première édition ne verra le jour qu'en 1694. Les Quarante s'attirent, dès le XVIIe siècle, les railleries de ceux qui les taxent de purisme excessif, mais ils parviennent à asseoir leur autorité et leur prestige. Accueillant la plupart des grands écrivains classiques - à l'exception notable de Molière -, l'Académie devient un haut lieu de réflexion et d'échange où la création littéraire acquiert un rayonnement social. Installée au Louvre par Louis XIV, elle décerne des prix, intervient dans les grands débats littéraires et instaure la tradition du discours académique. Le dynamisme de l'institution ne se dément pas durant le siècle des Lumières. L'Académie française ne reste pas étrangère au mouvement des idées nouvelles : elle accueille Voltaire, Turgot, Condorcet et d'Alembert. Elle n'en est pas moins supprimée en 1793, accusée d'avoir « dirigé les littérateurs pour les corrompre et façonner par leurs mains le peuple à la servitude ».

De la norme à la référence.

• Napoléon la fait renaître, en 1803, sous le nom de « seconde classe de l'Institut de France ». De cette époque datent le fameux habit vert de ses membres et son installation sur la rive gauche de la Seine, dans l'ancien Collège des Quatre-Nations. En 1816, un décret de Louis XVIII restaure toutes ses anciennes prérogatives : l'Académie française retrouve son nom, sa primauté, ses statuts originels, ainsi que la protection royale.

L'institution est le théâtre, tout au long du XIXe siècle, de véritables débats littéraires et politiques, mais ses voies ne recoupent que rarement celles des mutations et révolutions esthétiques. Certes, elle accueille Victor Hugo - après une élection des plus difficiles -, mais elle repousse les candidatures de Stendhal, Balzac, Baudelaire et Verlaine. Le XXe siècle confirme ce compromis entre une relative frilosité et des audaces mesurées : après l'entrée inattendue de Ionesco sous la Coupole (1970), une première femme (Marguerite Yourcenar, 1980) et le premier écrivain d'outre-mer (Léopold Sédar Senghor, 1983) rejoignent les rangs des Immortels.

La structure et le fonctionnement de l'Académie n'ont guère changé depuis sa création : un directeur, élu pour une brève période, préside la séance hebdomadaire, tandis que le secrétaire perpétuel, officier le plus important, a la charge de l'organisation générale des travaux.

La question de l'utilité d'une telle institution est souvent posée aujourd'hui. Fleuron de l'Académie, le Dictionnaire - dont la neuvième édition est en cours d'élaboration - souffre de lenteurs de procédure, qui risquent de rendre le résultat caduc avant publication. La vitalité de l'Académie se manifeste plutôt dans ses actions multiformes en faveur de la culture française : attribution de quelque cent cinquante prix annuels (tous les genres littéraires sont concernés), subventions accordées à des associations ou à des revues littéraires qui contribuent à la diffusion de la langue et de la pensée françaises. Souvent mal connue par le public, victime de clichés simplistes, l'Académie française a un statut paradoxal dans l'opinion : le fréquent persiflage ou les sarcasmes dont elle fait l'objet ne l'empêchent pas de demeurer une référence prestigieuse.

Académie des inscriptions et belles-lettres,

académie héritière de la Petite Académie, réunie par Colbert à partir de 1663.

Celle-ci, entièrement vouée à la glorification du Roi-Soleil, est chargée de rédiger les inscriptions destinées à orner les monuments, ainsi que d'élaborer les allégories décorant les médailles. Elle a un rôle consultatif et normatif, et contribue ainsi à définir l'art officiel. Dite d'abord « Académie royale des inscriptions et médailles » en 1701, elle prend son nom définitif en 1716. Dès cette époque, elle s'oriente vers les travaux d'érudition historique. Mais la loi du 8 août 1793, qui supprime toutes les Académies royales, met un terme à son activité. Lors de la création de l'Institut de France (25 octobre 1795), les membres relevant de l'Académie sont dispersés dans différentes sections de la deuxième et la troisième classe. En 1803, la réforme de Chaptal redonne une existence à l'Académie, qui constitue désormais la classe d'« histoire et de littérature ancienne » de l'Institut. Elle retrouve son ancien nom par l'ordonnance royale du 21 mars 1816. Les activités de l'Académie sont orientées vers l'étude de l'Antiquité classique et de l'histoire nationale, notamment de ses origines médiévales (Augustin Thierry et Prosper Mérimée), mais aussi vers les études orientalistes (Champollion). Temple de l'archéologie et de l'épigraphie – d'Antoine Jean Letronne à Louis Robert –, elle reste, aujourd'hui encore, un haut lieu de la science historique française.