mot latin signifiant « ville fortifiée », repris dans la littérature archéologique pour désigner les premières villes du monde celtique.
L'étymologie du mot oppidum n'est pas définie avec certitude. Les auteurs latins emploient ce terme par opposition à urbs (« ville »), souvent réservé à Rome, « la » ville par excellence. Dans sa Guerre des Gaules, César désigne fréquemment les villes gauloises sous le nom d'oppidum (pluriel : oppida), mais emploie parfois le mot urbs pour insister sur l'importance des agglomérations conquises. Les archéologues ont repris ce terme pour les sites fortifiés de l'âge du fer, dans la mesure où leur nature de « ville » n'est pas toujours claire, parfois faute de fouilles. La « ville » suppose, en effet, non seulement une certaine taille, mais aussi un plan d'ensemble et des fonctions bien individualisées (voiries, places publiques, sanctuaires, espaces privés, centres de pouvoir, etc.).
Dans le midi de la France, le terme d'oppidum désigne l'émergence précoce de phénomènes proto-urbains indigènes, en partie liés à l'activité commerciale des Grecs, Étrusques, Phéniciens et Romains. Dès le milieu du VIIe siècle avant notre ère, la pierre et la brique crue (une technique grecque) tendent à remplacer peu à peu le bois et le torchis dans l'architecture indigène. À partir du Ve siècle avant J.-C., commence le véritable essor des oppida, avec de nouvelles implantations, comme Ambrussum, Entremont ou Nages, et une augmentation de la taille des sites et de leur nombre. Ces oppida, qui ont des murailles renforcées de tours et présentent un strict urbanisme orthogonal, couvrent chacun une surface qui ne dépasse toutefois guère 5 hectares. Après la conquête romaine de 121 avant J.-C., ces agglomérations seront peu à peu abandonnées ou fortement réaménagées, au profit des implantations de Rome.
La moitié nord de la France appartient au monde celtique traditionnel (civilisation dite « de La Tène »). Après l'essor éphémère des « résidences princières » de la culture de Hallstatt (comme à Vix) à la fin du VIe siècle avant notre ère, ce n'est que plus de trois siècles plus tard que l'on assiste à l'émergence progressive d'une « civilisation des oppida ». Ceux-ci se présentent sous la forme de sites de grande surface, atteignant environ 50 à 100 hectares, implantés sur des hauteurs (mont Beuvray, Gergovie, Besançon, Alésia) ou adossés à des cours d'eau (Villeneuve-Saint-Germain, Variscourt). Ce sont des centres à la fois politiques, religieux et économiques, entourés de remparts en terre ou en bois et pierre (murus gallicus). De plus grande taille et beaucoup plus espacés l'un de l'autre que dans le Midi, ils semblent témoigner d'une urbanisation plus lente et aussi plus autonome. Avec la conquête romaine de 52 avant J.-C., leur destin sera néanmoins identique.