Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Ollivier (Émile), (suite)

Bien que peu enclin à une guerre avec la Prusse, il dit néanmoins l'assumer d'un « cœur léger » : cette déclaration malheureuse, qui est suivie des premières défaites, lui vaut d'être mis à l'écart ; sa carrière politique prend fin malgré plusieurs tentatives pour se faire réélire dans le Var. Il a souvent été accusé de traîtrise - en raison de son ralliement à Napoléon III - et tenu en partie responsable de la défaite de 1870. Son engagement répondait en fait à une volonté sincère de réformer le régime dans un sens social et libéral, position difficilement tenable avec des alliés conservateurs. Quant à la seconde accusation, elle est infondée. Mais la IIIe République, héritière de l'opposition intransigeante sous l'Empire, ne pouvait que condamner sa mémoire.

Onze Novembre,

jour anniversaire de l'armistice de 1918, qui a mis fin à la Première Guerre mondiale.

Le 11 novembre 1918, à 11 heures, l'armistice entre en vigueur. Cet événement a tout de suite une résonance extraordinaire : il suscite une grande liesse à l'arrière et particulièrement à Paris, beaucoup d'émotion et un intense soulagement sur le front. D'emblée, le 11 novembre revêt une double signification : joie de la victoire, affliction pour les morts. Cette dualité est bien marquée par l'éloquence de Clemenceau : « Honneur à nos grands morts qui nous ont fait cette éternelle victoire. Quand les vivants passeront devant nous en marche vers l'Arc de triomphe, nous les acclamerons. Grâce à eux, la France, hier le soldat de Dieu, aujourd'hui le soldat de l'humanité, sera toujours le soldat de l'idéal. » Le 11 novembre 1920, on inhume le soldat inconnu sous l'Arc de triomphe. Pourtant, les anciens combattants doivent militer pour que le 11 novembre devienne un jour férié légal - ce qui faillit ne pas être le cas ; en 1921, on fêta l'armistice le dimanche 13 novembre - car, pour eux, il s'agit d'une date fondatrice : « Notre dignité nous impose de rendre hommage à nos chers morts au jour anniversaire où l'infâme tuerie cessa. » La volonté est nette : il ne s'agit pas ici de fêter la victoire mais la fin de la guerre et donc de pleurer les morts. Novembre étant le mois du deuil dans le calendrier catholique, l'aspect funèbre de la journée est d'autant plus marqué. À partir de 1922, le 11 novembre - fête de l'armistice - devient un jour férié et donne lieu rapidement à un véritable culte civil de la République. À 11 heures, les habitants des communes se rassemblent autour des monuments aux morts : drapeaux, crêpe noir, fleurs, discours, créent une pédagogie morale et civique. Hommes et femmes qui ont connu la guerre partagent leur expérience avec les plus jeunes ; lorsque le nom d'un disparu est prononcé, les enfants répondent par un solennel « Mort pour la France ! », comme en un amen laïque. Le temps de la cérémonie, les morts rejoignent les vivants. Le sens des discours repose presque toujours sur un diptyque : grâce aux morts, la vie continue car elle trouve sa force dans l'exemple héroïque des combattants. Cet extrait d'une allocution prononcée un 11 novembre en témoigne : « Nous avons horreur de la guerre qui vous a pris à notre affection, mais si par malheur notre pays était encore une fois injustement attaqué, si notre liberté se trouvait menacée, si le droit était violé, nous saurions, nos enfants sauraient, comme vous, mourir pour la France. »

Les tout premiers résistants qui se rassemblent sous l'Arc de triomphe dès le 11 novembre 1940 ont médité la leçon de ce jour, tous comme ceux qui, de 1941 à 1943, choisissent la date du 11 novembre pour manifester, par des coups d'éclat contre les occupants ou les collaborateurs, leur attachement indéfectible à la patrie.

oppidum,

mot latin signifiant « ville fortifiée », repris dans la littérature archéologique pour désigner les premières villes du monde celtique.

L'étymologie du mot oppidum n'est pas définie avec certitude. Les auteurs latins emploient ce terme par opposition à urbs (« ville »), souvent réservé à Rome, « la » ville par excellence. Dans sa Guerre des Gaules, César désigne fréquemment les villes gauloises sous le nom d'oppidum (pluriel : oppida), mais emploie parfois le mot urbs pour insister sur l'importance des agglomérations conquises. Les archéologues ont repris ce terme pour les sites fortifiés de l'âge du fer, dans la mesure où leur nature de « ville » n'est pas toujours claire, parfois faute de fouilles. La « ville » suppose, en effet, non seulement une certaine taille, mais aussi un plan d'ensemble et des fonctions bien individualisées (voiries, places publiques, sanctuaires, espaces privés, centres de pouvoir, etc.).

Dans le midi de la France, le terme d'oppidum désigne l'émergence précoce de phénomènes proto-urbains indigènes, en partie liés à l'activité commerciale des Grecs, Étrusques, Phéniciens et Romains. Dès le milieu du VIIe siècle avant notre ère, la pierre et la brique crue (une technique grecque) tendent à remplacer peu à peu le bois et le torchis dans l'architecture indigène. À partir du Ve siècle avant J.-C., commence le véritable essor des oppida, avec de nouvelles implantations, comme Ambrussum, Entremont ou Nages, et une augmentation de la taille des sites et de leur nombre. Ces oppida, qui ont des murailles renforcées de tours et présentent un strict urbanisme orthogonal, couvrent chacun une surface qui ne dépasse toutefois guère 5 hectares. Après la conquête romaine de 121 avant J.-C., ces agglomérations seront peu à peu abandonnées ou fortement réaménagées, au profit des implantations de Rome.

La moitié nord de la France appartient au monde celtique traditionnel (civilisation dite « de La Tène »). Après l'essor éphémère des « résidences princières » de la culture de Hallstatt (comme à Vix) à la fin du VIe siècle avant notre ère, ce n'est que plus de trois siècles plus tard que l'on assiste à l'émergence progressive d'une « civilisation des oppida ». Ceux-ci se présentent sous la forme de sites de grande surface, atteignant environ 50 à 100 hectares, implantés sur des hauteurs (mont Beuvray, Gergovie, Besançon, Alésia) ou adossés à des cours d'eau (Villeneuve-Saint-Germain, Variscourt). Ce sont des centres à la fois politiques, religieux et économiques, entourés de remparts en terre ou en bois et pierre (murus gallicus). De plus grande taille et beaucoup plus espacés l'un de l'autre que dans le Midi, ils semblent témoigner d'une urbanisation plus lente et aussi plus autonome. Avec la conquête romaine de 52 avant J.-C., leur destin sera néanmoins identique.