parlements (exil des),
mesure d'éloignement prise par le roi contre les parlements, fréquente au XVIIIe siècle du fait de la dégradation constante des relations entre le monarque et ces assemblées.
Les arguments et les procédures.
• Les parlements profitent de leur droit de remontrance - que le régent Philippe II d'Orléans leur a rendu en 1715, après qu'il eut été supprimé par Louis XIV - pour refuser d'enregistrer les édits royaux et pour prétendre à un rôle politique, provoquant ainsi des conflits avec des souverains peu enclins à accepter des limites à leur autorité. Garants des structures anciennes, défenseurs des « libertés » (c'est-à-dire des privilèges), les parlements s'opposent aux projets de réforme de la monarchie, notamment à ceux qui visent à établir l'égalité devant l'impôt. Critiquant les abus de l'arbitraire et du despotisme ministériel, ils recueillent une certaine popularité. Ils appuient leurs prétentions politiques sur la thèse, historiquement fausse, de l'union des classes : les cours seraient les sections d'une même institution, le parlement de France - une institution antérieure à la monarchie.
L'exil des parlements est la procédure ultime qu'utilise le roi pour forcer leur résistance, après les lettres de jussion, après le lit de justice pour imposer l'enregistrement d'un édit, ou parfois, s'il veut se montrer plus conciliant, après la séance royale au cours de laquelle il écoute les doléances des magistrats avant de leur signifier sa volonté. Si ceux-ci ripostent par des « itératives remontrances », ou, plus grave, par la démission ou la grève de la justice, le roi peut alors contraindre à l'exil, individuel ou collectif, les récalcitrants et mettre en place des institutions pour suppléer les cours. Mais il ne peut longtemps se passer de celles-ci, quand le déficit budgétaire l'oblige en permanence à recourir aux emprunts et à faire enregistrer de nouveaux édits de finance. La crise se dénoue donc par le pardon royal, éventuellement assorti d'un règlement de discipline.
Une succession de crises.
• La sanction d'exil collectif est appliquée pour la première fois en 1720 au parlement de Paris qui, coupable d'avoir protesté contre le système de Law, est transféré à Pontoise pendant près de cinq mois. Mais c'est la question janséniste qui déclenche la première crise majeure : le refus de certains curés d'administrer les sacrements aux personnes suspectes de jansénisme - une attitude qui est soutenue par l'archevêque de Paris - entraîne un conflit dont l'acmé est le « grand exil » du parlement de Paris à Pontoise (mai 1753-septembre 1754). La querelle se termine par la victoire de celui-ci, qui impose au roi la suppression en France de la Compagnie de Jésus (1764).
L'augmentation de la pression fiscale, due à la guerre de Sept Ans, provoque une autre crise, qui s'étend à la plupart des parlements provinciaux. Les remontrances critiquent l'administration des intendants et revendiquent le contrôle des finances royales. En 1763, des sanctions collectives frappent les magistrats de Grenoble, de Rouen et de Toulouse. En 1765, les parlements de Pau et de Rennes sont dispersés. Face à une fronde générale, Louis XV tient au parlement de Paris, le 3 mars 1766, la séance dite « de la Flagellation », au cours de laquelle il réaffirme son pouvoir absolu, condamne l'« union des classes » et les prétentions politiques des cours. Malgré ces coups de force du roi, les « grandes robes » restent maîtresses du jeu, obligeant le gouvernement à d'humiliantes reculades. Excédé, Louis XV déclenche son « coup de majesté » (1771), préparé par le chancelier Maupeou : exil des magistrats parisiens, suppression de la vénalité de toutes les charges judiciaires, désormais assurées par des commissaires payés, découpage du ressort territorial du parlement de Paris.
Une ultime crise autodestructrice.
• Audacieuse mais tardive, la « révolution royale » de 1771 est une réforme judiciaire réussie, mais aussi une réforme politique manquée : il eût fallu la compléter en créant de véritables assemblées représentatives. En outre, dès son avènement (1774), Louis XVI, mal conseillé, l'abolit. Rétablies, les anciennes cours persistent dans une opposition au roi de plus en plus violente. L'exil du parlement de Paris (à Troyes, en août-septembre 1787) comme celui du parlement du Dauphiné provoquent des émeutes, telle la « journée des tuiles » à Grenoble (7 juin 1788). Acculé à la banqueroute, incapable de rétablir l'ordre, le roi capitule et annonce la convocation des états généraux. Monarchie et parlements vont disparaître ensemble dans la tourmente que leur lutte a contribué à déclencher.
Parmentier (Antoine Augustin),
pharmacien militaire (Montdidier 1737 - Paris 1813).
Originaire de la Somme, Parmentier suit une formation d'apothicaire qui le mène à Paris, dans la pharmacie d'un parent. À l'âge de 20 ans, il s'engage dans une carrière de pharmacien militaire. À ce titre, il participe à la guerre d'Indépendance américaine, puis aux guerres de la Révolution et de l'Empire. Membre de la Société royale d'agriculture de Paris, il appartient à un noyau de savants qui bousculent les traditions culturales et œuvrent pour concrétiser les progrès de la science. Le développement de la pomme de terre, introduite d'Amérique en Europe vers 1540, est ainsi favorisé. Sur une initiative de Parmentier, soutenu par Louis XVI, le tubercule est cultivé en 1785 dans les plaines des Sablons et de Grenelle. Les efforts de recherche de Parmentier portent, non sur le légume - déjà largement cultivé -, mais sur la plante afin d'en extraire la fécule pour faire du pain, dont la consommation ne parviendra pas cependant à s'imposer. De son vivant, Parmentier jouit d'une certaine notoriété, grâce à ses nombreux ouvrages, rédigés de 1773 à 1813, dont l'Examen chimique des pommes de terre (couronné en 1773 par l'académie de Besançon). Notoriété qu'il doit aussi à la protection royale dont il a pu bénéficier, et à une conjoncture favorable : sa campagne en faveur du tubercule correspond à l'apparition, dans les années 1760, de variétés de meilleure qualité gustative, facilitant ainsi son adoption par les milieux aisés.