Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
E

Expositions universelles, (suite)

1925 marque la coupure entre XIXe et XXe siècle. En même temps que l'Art déco s'affirme, on voit émerger des pavillons modernes : le Théâtre de Perret, les deux pavillons de Mallet-Stevens, celui de l'URSS dû à Melnikov et celui de l'« Esprit nouveau » à Le Corbusier. La fonction de l'architecture est intégrée au programme avec son apport urbanistique et monumental. Le style moderne international est lancé et, en 1937, lors de l'Exposition internationale « Arts et Techniques dans la vie moderne », il s'affiche avec ses deux cents pavillons répartis en îlots, reliés par des passerelles.

S'inscrire dans le siècle.

• Jusqu'à 1900, les Expositions universelles obéissent, pour leur contenu, à un mode de présentation constant. Elles mettent en scène le processus de transformation des matières premières en produits finis, habitat ou mobilier par exemple. L'économie sociale et les beaux-arts parachèvent le parcours. Dans les expositions parisiennes, ces derniers ont toujours eu une place de choix ; il s'agit surtout de rétrospectives qui concrétisent l'enracinement ou l'explosion d'une tendance ou d'un mouvement, d'abord le japonisme et, en 1900, l'Art nouveau. Pour certains pavillons, le choix d'un thème précis est inscrit dans un contexte historique et culturel : 1878, eaux et forêts ; 1889, gaz ; 1900, électricité ; 1937, publicité, photo, cinéma, phonographie.

Chaque Exposition a été un événement attirant les foules. L'Exposition de 1900 se place en tête avec 50 millions de visiteurs, contre 16 millions en 1878 et 30 millions en 1889 et 1937. Ces déploiements de fastes ne laissent pas indifférents : écrivains, journalistes, ouvriers, manifestent leur admiration ou leur indignation, une façon de glorifier ou de rejeter son siècle. Certains y voient seulement des dépenses somptuaires, d'autres jugent leur effet catalyseur sur l'industrie, l'économie, les sciences et la pensée. Facteurs de progrès, les Expositions universelles ont résolu en amont certains problèmes d'urbanisme liés à la croissance démographique. Ainsi, le métro parisien est né des difficultés de circulation lors de l'Exposition de 1889. Aujourd'hui, à l'heure où la diffusion des informations est devenue quasiment instantanée, ce type de manifestations se justifie moins. Depuis la Seconde Guerre mondiale, elles se sont espacées et dispersées géographiquement (Bruxelles, 1958 ; Montréal, 1967 ; Osaka, 1970 ; Séville, 1992, Hanovre, 2000), et Paris a renoncé à célébrer le bicentenaire de la Révolution de 1989 par une Exposition universelle.

Express (l'),

hebdomadaire d'opinion lancé en mai 1953 par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud, avec comme rédacteur en chef Pierre Viansson-Ponté.

Soutenant à l'origine Pierre Mendès France, favorable à la rénovation des fondements de la gauche française, fort critique aussi à l'égard du fonctionnement de la IVe République, l'Express prend position contre les guerres coloniales et, en particulier, contre la guerre d'Algérie. Hostile au général de Gaulle, il cherche ensuite à rassembler le centre et la gauche non marxiste autour de Gaston Defferre avant l'élection présidentielle de 1965 (ce dernier renoncera finalement à se porter candidat). Malgré cet échec, et la concurrence du Nouvel Observateur, né en 1964, le tirage de l'Express, qui a adopté la formule du news magazine en septembre de la même année, ne cesse d'augmenter, jusqu'à franchir la barre des 500 000 exemplaires à la fin des années soixante. En juillet 1969 est fondé le Groupe Express.

L'hebdomadaire va alors traverser plusieurs crises, notamment liées à l'accession de Jean-Jacques Servan-Schreiber à la tête du Parti radical. Le journal, dont la diffusion stagne, est vendu en mars 1977 au P-DG de la multinationale Générale occidentale, James Goldsmith, qui accentue la ligne éditoriale néo-libérale. Raymond Aron est appelé à la direction politique de l'Express, tandis que Jean-François Revel se voit confier la direction de la rédaction. De nouveau en crise au moment de l'élection présidentielle de 1981 (départs de Jean-François Revel et d'Olivier Todd), l'hebdomadaire est repris en main par Willy Stricker puis par Françoise Sampermans, qui cherche à en faire un grand journal d'informations générales, fidèle à la ligne néo-libérale. Malgré une évolution parfois heurtée (nouvel actionnaire, changements successifs des responsables de la rédaction), l'Express, qui fait partie du groupe Express-Expansion depuis 2002 comptait, en 2004, plus de 2 millions de lecteurs pour une diffusion de 430 000 exemplaires environ.

Eylau (bataille d'),

victoire remportée par les troupes françaises sur l'armée russe, le 8 février 1807.

Si Napoléon Ier, engagé contre la quatrième coalition, mène une véritable guerre éclair contre la Prusse, qui s'effondre après Iéna (14 octobre 1806), la campagne de Pologne contre les Russes - campagne d'hiver dans les plaines du Nord enneigées et boueuses - est au contraire longue et difficile. Ne parvenant pas à imposer sa stratégie - qui consiste à diviser ses adversaires et à les battre isolément par de rapides mouvements tournants -, l'Empereur doit se résoudre, après onze jours de marche épuisante, à combattre de front au village d'Eylau, au sud de Königsberg.

Opposant 60 000 Russes à 40 000 Français, la bataille, entrecoupée de charges de cavalerie et de tirs d'artillerie d'une rare violence, commence à 7 heures du matin et s'achève, douze heures plus tard, par la retraite russe. C'est un véritable carnage : 25 000 Français, dont 6 généraux, et 30 000 Russes sont mis hors de combat. Le « cimetière d'Eylau » marquera durablement la mémoire collective - c'est à Eylau que le colonel Chabert, personnage de Balzac, est enterré vif dans un charnier. Fait unique, Napoléon, choqué, reste huit jours sur le champ de bataille pour veiller à l'enlèvement des blessés mais aussi à la récupération des trophées. Le très officiel Bulletin de la Grande Armée rapporte que « ce spectacle est fait pour inspirer aux princes l'amour de la paix et l'horreur de la guerre ». La guerre cependant ne s'achève qu'après la victoire de Friedland (14 juin 1807), avant la paix, toute provisoire, de Tilsit (7 juillet 1807).