établissements d'assistance publique, apparus à l'époque moderne, qui reposent sur des travaux d'intérêt général confiés aux plus défavorisés.
L'emploi de pauvres à des ouvrages de voirie remonte au moins au XVIe siècle, et c'est alors une peine qui réprime l'oisiveté.
Des ateliers de charité ...
• De véritables ateliers de charité apparaissent sous le règne de Louis XIV, mais ils se multiplient surtout dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Ils répondent au souci d'assister par le travail et de fournir un salaire plus qu'une aumône. Des établissements textiles sont organisés pour femmes, enfants, vieillards, tandis que des chantiers routiers sont ouverts pour les hommes. Cette politique devient systématique à partir d'une instruction du contrôleur général Joseph Marie Terray (11 octobre 1770). Turgot, qui, intendant du Limousin, en avait établi, les favorise durant son ministère, procurant ainsi des secours aux journaliers sans emploi. Les états provinciaux, lorsqu'ils subsistent, ainsi que les assemblées provinciales, créées en 1787, soutiennent aussi la formule. Au temps de la Révolution, des ateliers de secours ont fonctionné à Paris jusqu'en 1791. On dut en rouvrir en 1808.
... aux ateliers nationaux.
• Mais c'est surtout à l'occasion de la révolution de 1848 qu'ils réapparaissent. Dans l'Organisation du travail (1839), Louis Blanc avait préconisé la création d'ateliers sociaux. Financés par l'intermédiaire de l'État, dirigés par des cadres élus, ils devaient distribuer des salaires égaux. Le reste des bénéfices aurait servi à soutenir les malades et à créer des emplois. Le Gouvernement provisoire de 1848, qui comprend Louis Blanc et l'ouvrier Albert, proclame le droit au travail dès le 25 février. Aussitôt après, il crée des ateliers nationaux, contrôlés par la commission du gouvernement qui siégeait au Luxembourg. Marie, en charge du portefeuille des Travaux publics, et Émile Thomas, directeur, les mettent en place. Dans une organisation de type militaire affluent des sans-travail, dont le nombre dépasse 100 000 dès le mois de mai et qui sont surtout employés à des travaux de terrassement, lorsqu'on ne doit pas les mettre au chômage en leur payant seulement un demi-salaire.
Les ateliers nationaux permettent à beaucoup de familles de survivre. Mais on les accuse d'être coûteux, de susciter une concurrence déloyale aux autres ouvriers, et les Ponts et Chaussées leur sont hostiles. Après les élections du 23 avril, l'Assemblée constituante accentue ces critiques, ajoutant que les ateliers nationaux sont un lieu d'agitation bonapartiste. C'était reprendre les conclusions du rapport de la commission d'enquête, dirigée par le légitimiste Falloux. Le nouveau directeur, Lalanne, établit le travail à la tâche, suspend les inscriptions, supprime le service médical. Puis le gouvernement annonce l'envoi de 5 000 ouvriers en Sologne, et invite ceux âgés de 18 à 25 ans à opter entre licenciement et engagement dans l'armée. Ces mesures contribuent à l'insurrection des 23-26 juin, que Cavaignac réprime dans le sang. Les ateliers nationaux, un symbole de la république généreuse de février, avaient vécu.