bataille menée en 687 par Pépin II de Herstal, maire du palais d'Austrasie, à l'issue de laquelle il remporte une victoire définitive sur les Neustriens, et clôt ainsi la guerre civile qui ravageait les royaumes francs depuis 673.
La situation était particulièrement confuse dans le royaume neustro-burgonde, dont l'aristocratie s'était ralliée au roi d'Austrasie Childéric II, en 673, pour lutter contre les tentatives centralisatrices, qualifiées de tyranniques, du maire du palais Ébroïn. Pourtant, dès 675, Childéric est en butte à l'hostilité d'une partie de l'aristocratie neustrienne, qui le fait assassiner, ainsi que sa femme et ses enfants. De cette conspiration naît une panique indescriptible qu'un chroniqueur contemporain appelle « la guerre de tous contre tous », dont Ébroïn semble cependant sortir vainqueur : en 679, au Bois de Fay (dans les Ardennes), il bat les Austrasiens à plate couture. Mais cette victoire est de courte durée, car Ébroïn est à son tour assassiné (680) et son successeur à la mairie du palais, Warathon, conclut la paix avec les Austrasiens et reconnaît la suprématie de Pépin II sur l'Austrasie. La situation politique se stabilise quelques années, jusqu'à la disparition de Warathon (686) et à la révolte d'une partie de l'aristocratie neustrienne contre le nouveau maire du palais, Berchaire. C'est cette dissension entre les Neustriens que Pépin II met habilement à profit : il se rallie les opposants à Berchaire et prend la tête d'une expédition qui marche vers Paris, capitale de la Neustrie. Les deux armées se rencontrent à Tertry, près de Saint-Quentin, et Pépin y remporte une victoire éclatante. Ainsi parvient-il à mettre la main sur la mairie du palais de Neustrie tout en conservant celle d'Austrasie.
Dès le VIIIe siècle, l'importance de cet épisode qui a permis d'asseoir la puissance des ancêtres des Carolingiens était clairement perçue : en réunissant sous sa houlette les deux mairies du palais, Pépin II devenait le véritable régent du royaume, gouvernant au nom du roi Thierry III jusqu'en 690, puis des fils de ce dernier, Clovis III (690/694) et Childebert III (694/711). Mais il serait abusif de considérer la victoire de Tertry comme le fondement du pouvoir exclusif des Carolingiens sur l'ensemble du royaume : Pépin II devra encore travailler au renforcement de son autorité en Neustrie, c'est-à-dire à la consolidation des alliances passées avec l'aristocratie neustrienne, et à la multiplication des relais de son pouvoir par la fondation de nombreuses abbayes entre Seine et Ardennes.