journaliste et homme politique (Alençon 1757 - Paris 1794).
Davantage pamphlétaire que journaliste, Hébert, auteur du très populaire journal le Père Duchesne, est un des personnages les plus controversés de la période révolutionnaire. Pour beaucoup, il demeure un aboyeur grossier et sanguinaire dénonçant dans sa feuille traîtres et conspirateurs, ou encore un substitut du procureur de la Commune de Paris lançant cyniquement l'accusation d'inceste lors du procès de Marie-Antoinette. Bien souvent décrit comme un être inquiétant et trouble, il a aussi le tort d'être l'un des principaux chefs populaires parisiens en 1793.
De fait, ce fils d'un notable d'Alençon, réfugié à Paris en 1780 à la suite de déboires judiciaires, royaliste en 1789 et 1790, n'entre que tardivement dans le combat politique. En mars 1791, six mois après avoir lancé son journal (septembre 1790), il devient membre du Club des cordeliers, qui prend la tête du mouvement républicain et qu'il présidera en juin 1792. Chantre de la souveraineté populaire et du droit à l'existence, le Père Duchesne, qui appelle, comme d'autres, au meurtre préventif des traîtres avant les massacres de septembre, acquiert une grande notoriété à partir de l'hiver 1792. Membre de la Commune du 10 août 1792, Hébert devient, en décembre de l'année suivante, second substitut de l' « exagéré » Chaumette, le procureur de la Commune, et entre, en janvier 1793, au Club des jacobins, où il diffuse les positions des cordeliers. Dans le cadre de la lutte entre la Convention girondine et la Commune, cet adversaire acharné des girondins, qu'il dénonce violemment, est arrêté en mai 1793 et bientôt libéré sous la pression des sections parisiennes. Dès lors, et surtout après la mort de Marat (13 juillet 1793), dont il se présente comme le successeur, Hébert acquiert une influence prépondérante sur le mouvement révolutionnaire parisien, canalisant les insurrections populaires - notamment lors des journées de septembre 1793 qui mettent la Terreur à l'ordre du jour -, tandis que sa feuille devient le périodique le plus diffusé de France. Dès l'automne 1793, cependant, après l'arrestation des « enragés » dont il fait siennes les revendications, il est en butte aux attaques des robespierristes, soucieux de domestiquer le mouvement populaire et d'asseoir l'autorité du gouvernement révolutionnaire. Dénoncé par les dantonistes - les « indulgents » -, il est arrêté avec les principaux chefs cordeliers le 13 mars 1794, puis, accusé de fomenter un « complot de l'étranger », il est guillotiné le 24 mars. Avec sa mort, Robespierre met au pas la Commune mais perd un précieux appui populaire.