Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
S

Savoie, (suite)

La Savoie : une province d'un État italien.

• Le conflit entre l'Empire germanique et la France au XVIe siècle modifie la situation. Les princes de Savoie se détournent de leurs possessions sises sur le versant ouest des Alpes : Genève est perdue ; la capitale des ducs est transférée de Chambéry à Turin. La France exerce une influence de plus en plus importante dans l'ancienne Savoie et, en 1601, Charles-Emmanuel Ier doit céder le pays de Gex, le Bugey, la Bresse et le Valromey à Henri IV pour conserver le marquisat de Saluces. Tout au long du XVIIe siècle, les princes de Savoie-Piémont renforcent la centralisation administrative dans leurs États - à l'image de ce que font les rois de France - et profitent des antagonismes entre les grandes puissances pour se maintenir et même agrandir leurs territoires. Ainsi, ils obtiennent la Sardaigne et le titre de « roi de Sicile » par le traité d'Utrecht (1713). À la veille de 1789, la Savoie proprement dite est délaissée par ses souverains, qui regardent de plus en plus vers l'Italie. À Chambéry, on estime que l'atonie des activités agricoles, industrielles, commerciales ou culturelles est à mettre sur le compte du désintérêt des princes pour leurs possessions occidentales. L'influence française se fait de plus en plus forte, et les idées des Lumières pénètrent les milieux cultivés.

Vers le rattachement à la France.

• Les premiers mouvements révolutionnaires - telle la journée des Tuiles, à Grenoble - sont accueillis avec sympathie par la population savoisienne. À partir de 1789, l'afflux des émigrés - qui se rendent à Turin - suscite un sentiment de rejet pour les ennemis de la France révolutionnaire. Un mouvement « patriote » apparaît, d'où émerge la figure du médecin François-Amédée Doppet. Poursuivi par les princes émigrés, celui-ci se réfugie à Paris et participe aux séances du Club des jacobins et à celles du Club helvétique. En septembre 1792, la France déclare la guerre à Victor-Amédée III. Le général Montesquiou entre sans coup férir à Chambéry le 24 septembre, les troupes sardo-piémontaises s'étant retirées. Aussitôt, la Convention envoie quatre représentants en mission en Savoie. Un vif débat agite l'Assemblée et les clubs sur la légitimité de la réunion de la Savoie à la France. Très vite, une « Assemblée nationale des Allobroges », composée de délégués des communes savoisiennes, demande le rattachement à la France, qui est voté le 27 novembre sur rapport de l'abbé Grégoire, et malgré l'avis de Marat, qui estime que la République ne doit pas dépasser ses limites frontalières. Un nouveau département est créé sous le nom de « Mont-Blanc ».

Le roi de Piémont renonce à ses droits sur ce territoire par le traité de Turin, en juin 1796. Sous l'Empire, la Savoie bénéficie de sa position de carrefour orienté vers l'Italie. Les voies de communication sont améliorées. Mais le second traité de Paris (1815) rend la Savoie à ses anciens princes. Toutefois, la francisation de la région est irréversible : la culture et les intérêts économiques rapprochent la Savoie de la France, et non de l'Italie. Un plébiscite, organisé en avril 1860 dans le cadre d'un accord général franco-piémontais, réunit la Savoie à la France.

Savoie (guerre de),

conflit entre la France et le duché de Savoie (1600-1601).

Lors des guerres d'Italie, la France avait annexé le marquisat de Saluces (1548), terre piémontaise que le duc de Savoie-Piémont avait réoccupée en 1588. En 1599, Henri IV se dit prêt à reconnaître le retour de ce territoire dans le giron de la maison de Savoie, contre la cession à la France des terres savoyardes situées sur la rive droite du Rhône. Le duc Charles-Emmanuel fait traîner les pourparlers, espérant tout conserver. Somptueusement reçu en France, il finit par signer un premier traité le 27 février 1600 à Paris, qui lui laisse trois mois pour répondre favorablement ou non à l'offre d'Henri IV. À l'expiration du délai, devant les nouvelles tergiversations du duc, le roi décide d'une expédition : arrivé à Lyon le 9 juillet, il masse 30 000 hommes aux frontières. Le 13 août, le maréchal duc de Biron prend Bourg-en-Bresse ; puis Lesdiguières s'empare de Montmélian et de Chambéry. Resté du côté piémontais, Charles-Emmanuel, malgré l'entremise du pape Clément VIII et de l'Espagne, doit céder. Le 17 janvier 1601, au traité de Lyon, il garde Saluces mais cède la Bresse, le Bugey, le Valromey et le pays de Gex, et doit payer une lourde indemnité de guerre. Situé naguère presque sur la frontière, Lyon est ainsi doté d'un large arrière-pays français au nord et à l'est, et la ville libre de Genève, alliée de la France, est dégagée de l'emprise savoyarde. Mais l'opinion française regrette l'abandon de Saluces, dont la possession aurait permis de garder un pied de l'autre côté des Alpes.

Saxe (Maurice, comte de),

dit le Maréchal de Saxe, maréchal de France (Goslar, Allemagne, 1696 - Chambord 1750).

Fils naturel d'Auguste II, Électeur de Saxe et roi de Pologne, Maurice de Saxe embrasse la carrière des armes encore adolescent et entre au service du roi de France en 1720. Il s'illustre au siège de Philippsburg et devient lieutenant général en 1734. Mais c'est durant la guerre de la Succession d'Autriche (1740-1748) qu'il se couvre de gloire. Pendant la campagne de Bohême, il prend d'assaut Prague (1741). Maréchal de France en 1744, il dirige la campagne de Flandre et étonne l'Europe en enlevant les places de Menin, Ypres, Knocke et Furnes en moins de quarante jours. Par la victoire de Fontenoy (1745), la prise de Bruxelles (1746), les victoires de Rocourt (1746) et de Lawfeld (1747), il achève la conquête des Pays-Bas. Pour prix de ses services, Louis XV le nomme maréchal général des armées françaises et lui accorde le gouvernement de l'Alsace ainsi que le domaine de Chambord.

Le maréchal de Saxe, qui n'a jamais été vaincu, est considéré comme le plus grand capitaine de son temps. Il a manifesté le souci d'épargner la vie humaine, se rendant très populaire auprès de la troupe par sa bravoure et sa simplicité. Sa carrière militaire se double d'une réflexion sur la guerre. Dans un ouvrage qui sera publié après sa mort, les Rêveries, il exprime des vues novatrices sur la tactique, la conscription, les fortifications, l'équipement du soldat...