Savoie, (suite)
La Savoie : une province d'un État italien.
• Le conflit entre l'Empire germanique et la France au XVIe siècle modifie la situation. Les princes de Savoie se détournent de leurs possessions sises sur le versant ouest des Alpes : Genève est perdue ; la capitale des ducs est transférée de Chambéry à Turin. La France exerce une influence de plus en plus importante dans l'ancienne Savoie et, en 1601, Charles-Emmanuel Ier doit céder le pays de Gex, le Bugey, la Bresse et le Valromey à Henri IV pour conserver le marquisat de Saluces. Tout au long du XVIIe siècle, les princes de Savoie-Piémont renforcent la centralisation administrative dans leurs États - à l'image de ce que font les rois de France - et profitent des antagonismes entre les grandes puissances pour se maintenir et même agrandir leurs territoires. Ainsi, ils obtiennent la Sardaigne et le titre de « roi de Sicile » par le traité d'Utrecht (1713). À la veille de 1789, la Savoie proprement dite est délaissée par ses souverains, qui regardent de plus en plus vers l'Italie. À Chambéry, on estime que l'atonie des activités agricoles, industrielles, commerciales ou culturelles est à mettre sur le compte du désintérêt des princes pour leurs possessions occidentales. L'influence française se fait de plus en plus forte, et les idées des Lumières pénètrent les milieux cultivés.
Vers le rattachement à la France.
• Les premiers mouvements révolutionnaires - telle la journée des Tuiles, à Grenoble - sont accueillis avec sympathie par la population savoisienne. À partir de 1789, l'afflux des émigrés - qui se rendent à Turin - suscite un sentiment de rejet pour les ennemis de la France révolutionnaire. Un mouvement « patriote » apparaît, d'où émerge la figure du médecin François-Amédée Doppet. Poursuivi par les princes émigrés, celui-ci se réfugie à Paris et participe aux séances du Club des jacobins et à celles du Club helvétique. En septembre 1792, la France déclare la guerre à Victor-Amédée III. Le général Montesquiou entre sans coup férir à Chambéry le 24 septembre, les troupes sardo-piémontaises s'étant retirées. Aussitôt, la Convention envoie quatre représentants en mission en Savoie. Un vif débat agite l'Assemblée et les clubs sur la légitimité de la réunion de la Savoie à la France. Très vite, une « Assemblée nationale des Allobroges », composée de délégués des communes savoisiennes, demande le rattachement à la France, qui est voté le 27 novembre sur rapport de l'abbé Grégoire, et malgré l'avis de Marat, qui estime que la République ne doit pas dépasser ses limites frontalières. Un nouveau département est créé sous le nom de « Mont-Blanc ».
Le roi de Piémont renonce à ses droits sur ce territoire par le traité de Turin, en juin 1796. Sous l'Empire, la Savoie bénéficie de sa position de carrefour orienté vers l'Italie. Les voies de communication sont améliorées. Mais le second traité de Paris (1815) rend la Savoie à ses anciens princes. Toutefois, la francisation de la région est irréversible : la culture et les intérêts économiques rapprochent la Savoie de la France, et non de l'Italie. Un plébiscite, organisé en avril 1860 dans le cadre d'un accord général franco-piémontais, réunit la Savoie à la France.