Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Constitutionnel (le),

journal national d'information générale publié entre 1815 et 1914.

Créé pendant les Cent-Jours, le Constitutionnel, libéral, modéré, anticlérical et plutôt favorable à l'Empire, se développe sous la Restauration, malgré la répression dont la presse est victime, car il accepte la Charte, même s'il refuse les doctrines monarchistes. Il touche une opinion majoritairement bourgeoise, qui reste son public sous la monarchie de Juillet. Le journal soutient alors le régime, et voit son nombre d'abonnés augmenter au début des années 1830. Mais il s'affaiblit à partir de 1832, et se trouve menacé peu après par l'arrivée d'une nouvelle presse à bon marché (la Presse et le Siècle), qui utilise la publicité pour baisser le prix de l'abonnement et attire la clientèle par la publication de romans-feuilletons. Lorsque le Dr Véron, qui reprend le journal en 1844, introduit la publicité et achète à Eugène Sue un feuilleton à succès, « Le Juif errant », le Constitutionnel se relève : il est tiré à 25 000 exemplaires en 1846. Sous Napoléon III, le titre devient l'un des organes officieux du régime. Mais ses tirages chutent progressivement. À la fin du Second Empire, il ne pèse plus guère face aux journaux officiels et, surtout, à la presse non politique (le Petit Journal, par exemple, tire à 285 000 exemplaires). Le Constitutionnel poursuit son déclin après 1870 et, malgré son ralliement à la République modérée en 1877, il n'a plus qu'une diffusion confidentielle après 1882, et disparaît en 1914.

Consulat,

régime politique de la France du coup d'État des 18 et 19 brumaire an VIII (9 et 10 novembre 1799) à la proclamation de l'Empire (18 mai 1804).

Le coup d'État de brumaire est accueilli avec scepticisme. Il ne paraît pas différer de ceux qui l'ont précédé sous le Directoire, laissant augurer un simple changement d'équipe politique, au demeurant limité. Le passage du Directoire au nouveau régime, le Consulat, se fait ainsi dans l'indifférence de l'opinion. Après avoir donné aux vainqueurs de Robespierre, qui ont dominé l'époque du Directoire, le nom de « thermidoriens », on appelle « brumairiens » ceux (la majorité) qui se rallient au coup d'État.

La Constitution de l'an VIII.

• Il ne faut pourtant que quelques semaines aux Français pour découvrir l'ampleur du changement. Le projet de révision constitutionnelle proposé par Sieyès, inspirateur du coup d'État, ayant été écarté, Bonaparte apparaît rapidement comme l'homme fort du nouveau régime. Trois consuls provisoires sont désignés : Bonaparte, Sieyès et Ducos. Les deux derniers s'effacent lorsque la nouvelle Constitution (la quatrième depuis 1789) est mise en place le 13 décembre 1799. Celle-ci établit quatre assemblées : le Conseil d'État, qui rédige les projets de loi ; le Tribunat, formé de 100 membres renouvelés par cinquième tous les ans, qui les discute ; le Corps législatif, composé de 300 députés, également renouvelés par cinquième tous les ans, qui les vote ; le Sénat enfin, constitué de 80 sénateurs inamovibles et recrutés par cooptation, qui vérifie la constitutionnalité des textes et choisit sur des listes de notabilités tribuns et députés.

Le pouvoir exécutif est attribué à trois consuls, nommés par le Sénat pour dix ans et rééligibles, dont le nom figure dans la Constitution : Bonaparte, Premier consul, Cambacérès, deuxième consul, Lebrun, troisième consul. Mais, derrière cette façade collégiale, la réalité du pouvoir appartient au Premier consul, qui détient seul l'initiative des lois, nomme les conseillers d'État, les ministres, les officiers et les fonctionnaires.

Comme celles de 1793 et de 1795, la nouvelle Constitution est soumise à référendum et recueille 3 011 007 « oui » contre 1 562 « non ». En réalité, Lucien Bonaparte, ministre de l'Intérieur, a gonflé les chiffres : il n'y aurait eu qu'un million et demi de « oui » sur cinq millions d'électeurs. Le scepticisme persiste à l'égard du nouveau régime. La Constitution est complétée par la loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800) - qui institue les préfets dans les départements, donnant au pays une armature centralisée - et par celle du 27 ventôse an VIII (18 mars 1800) - qui établit une nouvelle hiérarchie de juges, tous nommés par le Premier consul.

La pacification intérieure.

• « La Révolution est finie », annonçait une proclamation des consuls accompagnant la Constitution. Le gouvernement, sans tarder, s'est mis au travail. Les consuls s'entourent de ministres : Talleyrand aux Relations extérieures, Carnot, puis Berthier à la Guerre, Abrial, puis Regnier à la Justice, Gaudin aux Finances, Barbé-Marbois au Trésor et Fouché à la Police. Le principal souci de Bonaparte est alors de rétablir la paix civile. Aussi, ses premiers gestes visent-ils à apaiser les passions : rappel des victimes des coups d'État du Directoire, suppression de la fête du 21 Janvier - anniversaire de l'exécution du roi -, radiations de la liste des émigrés... L'Ouest s'est à nouveau insurgé sous le Directoire : une proclamation du Premier consul, le 28 décembre 1799, offre le pardon aux rebelles contre leur soumission. La Vendée, épuisée, ne peut affronter une nouvelle guerre : les principaux chefs déposent donc les armes et signent la paix de Montfaucon.

Louis XVIII a cru que Bonaparte rétablirait la monarchie. Il écrit deux fois au Premier consul (le 20 janvier, puis le 4 juin 1800), mais celui-ci attend l'affermissement de son pouvoir pour lui répondre : « Vous ne devez pas souhaiter votre retour en France. Il vous faudrait marcher sur 100 000 cadavres. Sacrifiez votre intérêt au bonheur de la France. » Les réseaux chouans de la capitale sont aussitôt réactivés. Le 24 décembre 1800, une machine infernale explose sur le passage de la voiture du Premier consul, rue Saint-Nicaise. Il y a plusieurs morts, mais Bonaparte sort indemne de l'attentat, qui lui fournit un prétexte pour se débarrasser et des jacobins (rendus initialement responsables de l'attentat) et des royalistes (auteurs avérés du complot). L'opinion lui est surtout reconnaissante d'avoir mis fin au brigandage en instituant, par la loi du 17 février 1801, des tribunaux criminels spéciaux sans jury.