Louis XII, (suite)
Conquêtes et désillusions italiennes.
• Le règne de Louis XII est marqué par une vigoureuse politique « italienne » visant à reconquérir le royaume de Naples et à chasser Ludovic le More de Milan. Naples est reconquise, puis perdue, entre 1503 et 1504, mais, dès 1500, le duché de Milan devient possession de la couronne de France, et les campagnes victorieuses menées par le roi en personne contre Gênes (1507) et Venise (1509) renforcent la domination française sur le nord de l'Italie.
C'est alors que le pape Jules II, craignant cette hégémonie, se retourne contre Louis XII en constituant la Sainte Ligue (dont Venise, l'Espagne et l'Angleterre, notamment, font partie). Malgré ses efforts pour réunir un concile schismatique à Pise, le roi ne parvient pas à faire déposer le souverain pontife, et, en 1512, les Français sont contraints d'abandonner le Milanais. Le territoire du royaume lui-même est alors menacé, pour la première fois depuis plusieurs décennies, car, en 1513, les Suisses assiègent Dijon, tandis que les Anglais envahissent la Picardie. À ces deux attaques, le royaume résiste grâce à des concessions territoriales ou financières. Toutefois, au cours de la dernière année de son règne, le roi parvient à briser la coalition de ses adversaires et se réconcilie avec Venise, la papauté, l'empereur Maximilien et Henri VIII, jetant ainsi les fondements de nouvelles expéditions italiennes.
« Père du peuple ».
• Le bilan de la politique intérieure de Louis XII est beaucoup plus flatteur, grâce à une bonne conjoncture économique, à la prudente administration de l'archevêque de Rouen et cardinal Georges d'Amboise, et aux conseils de ministres avisés, tels Florimond Robertet et le maréchal de Gié.
Privé d'héritier mâle, le roi assure la continuité de la dynastie en prenant sous sa tutelle François d'Angoulême, puis en le mariant à sa fille Claude de France en 1514, après la mort de la reine Anne de Bretagne (son épouse depuis 1499), qui a toujours été hostile à l'héritier présomptif de la couronne. Mais ce sont surtout les nombreuses réformes administratives (notamment dans les domaines régaliens que sont les finances, l'armée, la justice ou dans les relations entre l'Église et la monarchie) qui contribuent à renforcer l'unité du royaume en facilitant l'intégration en son sein des « nouvelles » provinces (Provence, Bourgogne, domaines angevins, Bretagne). Cette réputation de bon roi économe et prudent vaut à Louis XII le titre de « père du peuple », que lui décerne l'assemblée des notables en 1506.
Le jour de l'an 1515, à la veille d'une nouvelle guerre contre Milan, Louis XII s'éteint, sans laisser d'héritier direct, malgré son remariage l'année précédente avec la jeune Marie d'Angleterre. Faute de travaux récents concernant son règne, Louis XII est encore perçu, de façon contradictoire, tantôt comme un roi honnête mais sans projet, tantôt comme un administrateur talentueux injustement méconnu, balançant entre le grand féodal rêvant de conquêtes illusoires et le souverain moderne doté d'un indéniable sens de l'État.