Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Louis XII, (suite)

Conquêtes et désillusions italiennes.

• Le règne de Louis XII est marqué par une vigoureuse politique « italienne » visant à reconquérir le royaume de Naples et à chasser Ludovic le More de Milan. Naples est reconquise, puis perdue, entre 1503 et 1504, mais, dès 1500, le duché de Milan devient possession de la couronne de France, et les campagnes victorieuses menées par le roi en personne contre Gênes (1507) et Venise (1509) renforcent la domination française sur le nord de l'Italie.

C'est alors que le pape Jules II, craignant cette hégémonie, se retourne contre Louis XII en constituant la Sainte Ligue (dont Venise, l'Espagne et l'Angleterre, notamment, font partie). Malgré ses efforts pour réunir un concile schismatique à Pise, le roi ne parvient pas à faire déposer le souverain pontife, et, en 1512, les Français sont contraints d'abandonner le Milanais. Le territoire du royaume lui-même est alors menacé, pour la première fois depuis plusieurs décennies, car, en 1513, les Suisses assiègent Dijon, tandis que les Anglais envahissent la Picardie. À ces deux attaques, le royaume résiste grâce à des concessions territoriales ou financières. Toutefois, au cours de la dernière année de son règne, le roi parvient à briser la coalition de ses adversaires et se réconcilie avec Venise, la papauté, l'empereur Maximilien et Henri VIII, jetant ainsi les fondements de nouvelles expéditions italiennes.

« Père du peuple ».

• Le bilan de la politique intérieure de Louis XII est beaucoup plus flatteur, grâce à une bonne conjoncture économique, à la prudente administration de l'archevêque de Rouen et cardinal Georges d'Amboise, et aux conseils de ministres avisés, tels Florimond Robertet et le maréchal de Gié.

Privé d'héritier mâle, le roi assure la continuité de la dynastie en prenant sous sa tutelle François d'Angoulême, puis en le mariant à sa fille Claude de France en 1514, après la mort de la reine Anne de Bretagne (son épouse depuis 1499), qui a toujours été hostile à l'héritier présomptif de la couronne. Mais ce sont surtout les nombreuses réformes administratives (notamment dans les domaines régaliens que sont les finances, l'armée, la justice ou dans les relations entre l'Église et la monarchie) qui contribuent à renforcer l'unité du royaume en facilitant l'intégration en son sein des « nouvelles » provinces (Provence, Bourgogne, domaines angevins, Bretagne). Cette réputation de bon roi économe et prudent vaut à Louis XII le titre de « père du peuple », que lui décerne l'assemblée des notables en 1506.

Le jour de l'an 1515, à la veille d'une nouvelle guerre contre Milan, Louis XII s'éteint, sans laisser d'héritier direct, malgré son remariage l'année précédente avec la jeune Marie d'Angleterre. Faute de travaux récents concernant son règne, Louis XII est encore perçu, de façon contradictoire, tantôt comme un roi honnête mais sans projet, tantôt comme un administrateur talentueux injustement méconnu, balançant entre le grand féodal rêvant de conquêtes illusoires et le souverain moderne doté d'un indéniable sens de l'État.

Louis XIII

Parce que la pensée et l'action politique de Richelieu, son Premier ministre, ont suscité la curiosité passionnée des historiens, voire des romanciers, la vie et la personnalité de Louis XIII sont passées au second plan.

Son règne, commencé dans le drame, a connu bien des tragédies : révoltes populaires et conspirations nobiliaires furent écrasées avec rudesse. Peu à peu, aussi, la France s'est engagée dans une guerre européenne - la guerre de Trente Ans -, dont elle fut l'un des acteurs majeurs et qui mobilisa bientôt toutes les énergies du royaume. Louis XIII dut, dans ces circonstances, prendre des décisions fondamentales qui engagèrent l'avenir de la monarchie et lui donnèrent une forme nouvelle.

Successeur d'Henri III - le dernier roi de la dynastie des Valois -, Henri IV avait accédé au trône en 1589, dans le contexte des guerres de Religion. En 1600, il avait épousé en secondes noces Marie de Médicis, afin d'enraciner sa lignée. La naissance d'un dauphin, Louis (le futur Louis XIII), le 27 septembre 1601, puis celles de Nicolas (qui mourut en 1611) et de Gaston rassurèrent pleinement quant à l'avenir de la nouvelle maison royale des Bourbons et mirent un terme à la crise politique et religieuse de la fin du XVIe siècle.

La vie quotidienne du dauphin nous est bien connue, grâce au Journal que tint le médecin Jean Héroard. Ce document exceptionnel est sans doute, dans toute l'histoire, le seul texte qui décrive une enfance au jour le jour, voire d'heure en heure. Le médecin suivit avec tendresse la croissance physique et le développement intellectuel du jeune prince né à Fontainebleau, et qui fut d'abord élevé à Saint-Germain-en-Laye avec ses frères et les fils bâtards de son père. Cette éducation fut tournée vers l'action et privilégia l'équitation, l'apprentissage du métier des armes et la chasse, qu'il aima passionnément. Si l'enfant abandonna tôt l'étude du latin, il s'intéressa à l'histoire. Le caractère orgueilleux, ombrageux et coléreux du prince se révéla aussi très vite.

La régence

Lorsque Henri IV fut assassiné le 14 mai 1610, le jeune Louis, qui n'avait pas 9 ans, devint aussitôt roi. Marie de Médicis fut déclarée régente par le parlement de Paris dès le lendemain, et Louis XIII, sacré à Reims le 17 octobre 1610. Avant de mourir, Henri IV avait d'ailleurs confié la régence à sa femme, car il était sur le point de mener une grande guerre contre les Habsbourg à propos de la succession du duché de Juliers : finalement, les opérations militaires demeurèrent limitées, mais couronnées de succès. La régente, femme vaniteuse et aimant le faste, montrait beaucoup de rudesse à l'égard de son fils, et gouverna en le tenant à distance et en faisant confiance à l'un de ses compatriotes de Florence, Concini, qui accumula les dignités et devint marquis d'Ancre. Les ministres d'Henri IV, au premier rang desquels figurait Sully, furent écartés. Ce changement permit à Marie de Médicis de rompre avec la politique de son défunt mari. Elle favorisa un rapprochement avec la puissance espagnole, au nom d'une solidarité entre princes catholiques et de la lutte contre le protestantisme. Ainsi, Louis XIII devait épouser une infante d'Espagne, Anne d'Autriche, et Philippe d'Espagne (le futur Philippe IV), la sœur de Louis XIII. Ces « mariages espagnols », négociés en 1612, suscitèrent des oppositions, notamment chez les réformés, que cette politique « pro-catholique » inquiétait. Quant à l'influence de Concini, devenu maréchal de France en 1613, elle indisposait les grands seigneurs, qui suivirent volontiers le prince de Condé, cousin du roi, lorsqu'il se révolta au début de 1614. Marie de Médicis dut négocier, accepta de réunir en octobre les états généraux du royaume pour les consulter, et fit, comme jadis Catherine de Médicis avec Charles IX, un grand voyage en France avec son fils. Elle put conserver la charge du gouvernement quand la régence cessa, à la majorité du roi, qui fut déclarée le 2 octobre 1614.