Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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paysannerie (suite)

Aujourd'hui, à deux siècles de distance, les tensions qui secouent la paysannerie trahissent toujours ces inégalités. Mais, désormais, aux questions strictement économiques est venue s'ajouter une interrogation universelle : quel est le sens, en France, du travail de la terre ?

Pech-Merle (grotte de),

célèbre grotte peinte paléolithique, située sur la commune de Cabrerets (Lot), près de Cahors, et qui a livré de très belles peintures datées d'entre 20 000 ans et 15 000 ans avant notre ère.

Découverte en 1922, la grotte se compose de deux galeries superposées se développant sur près de 2 kilomètres et dont environ 500 mètres recèlent des peintures. L'entrée préhistorique est maintenant obturée et l'on y pénètre par une entrée artificielle. La grotte contient de très belles stalactites et cet espace naturel singulier a visiblement joué un rôle dans l'imaginaire préhistorique. Les peintures les plus connues sont celles de la « frise noire », comprenant vingt-cinq animaux, dont un grand cheval et plusieurs bisons, eux-mêmes entourés de mammouths et d'aurochs, thématique principale de l'art rupestre paléolithique. Très connus sont aussi deux grands chevaux couverts de points et entourés de mains « en négatif » et, plus loin, la silhouette stylisée de huit « femmes bisons ». Il existe aussi des gravures et des tracés réalisés au doigt sur l'argile des plafonds, ainsi que les traces de pas d'adolescents qui ont pu être interprétées comme le signe d'une fonction initiatique de la grotte.

Péguy (Charles),

écrivain (Orléans 1873 - Villeroy, Seine-et-Marne, 1914).

L'itinéraire intellectuel et spirituel de Charles Péguy, entre socialisme et patriotisme, entre République et Église, recoupe, de l'affaire Dreyfus à la Grande Guerre, l'histoire d'une génération. Originaire d'une famille pauvre (sa mère est rempailleuse de chaises), orphelin de père, il est marqué par l'école primaire de la République et l'enseignement intransigeant de l'Église catholique. Boursier de l'État, il poursuit de brillantes études classiques, qui le conduisent en 1894 à l'École normale supérieure, où il devient un familier du bibliothécaire Lucien Herr. Acquis aux idées socialistes, il apprend la typographie et rédige une première Jeanne d'Arc (1897). Il s'engage avec ferveur dans la défense du capitaine Dreyfus, fait le coup de poing à la Sorbonne contre les nationalistes, puis démissionne de l'École normale, fonde un foyer et devient en mai 1898, avec l'appui de Jaurès, Blum et Herr, le gérant de la Librairie socialiste, qui deviendra la Société nouvelle de librairie et d'édition.

Sa mystique révolutionnaire se heurte bientôt à la politique socialiste de Guesde et de Jaurès, avec lesquels il rompt violemment dès 1899. En janvier 1900, il publie le premier numéro des Cahiers de la quinzaine, qu'il dirigera jusqu'à la guerre, par-delà les difficultés financières, les charges de famille et un amour sans espoir. Péguy accueille dans ses Cahiers des auteurs d'inspiration républicaine ou socialisante, Romain Rolland, André Suarès, Julien Benda, les frères Tharaud, ainsi que son œuvre personnelle, extraordinaire témoignage d'un homme libre, intransigeant, demeuré fidèle à ses engagements dreyfusards et républicains (Notre jeunesse, 1910 ; l'Argent, 1913). Hanté par la menace militaire de l'Allemagne (Notre patrie, 1905), il devient officier de réserve et cultive une mystique de la France. Il fait retour à la foi catholique à partir de 1908, et puise dans sa croyance retrouvée l'inspiration fervente et douloureuse du Mystère de la charité de Jeanne d'Arc (1910), des Porches et des Tapisseries ; il accomplit en 1912 le pèlerinage de Chartres et défend l'œuvre de Bergson. Mobilisé dans l'infanterie, il est tué, à la tête de sa section, durant la bataille de la Marne. Les strophes qu'il avait écrites dans Ève (1913) - « Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle » - sont, selon Daniel Halévy, « le poème même de cette guerre », et son influence, faible de son vivant, sera profonde dans la réflexion catholique (Maritain, de Lubac) et nationale (de Gaulle) de l'après-guerre.

peine de mort.

En septembre 1981, le Parlement français décide d'abolir la peine de mort, décision confirmée en 1983 par la signature du protocole de la Convention européenne des droits de l'homme qui en interdit tout rétablissement.

Le débat n'est pas clos pour autant : sous la pression d'une partie de l'opinion qui n'a pas désarmé, huit propositions de loi ont été déposées préconisant un rétablissement partiel, et l'arsenal des peines incompressibles a été renforcé entre 1988 et 1993.

L'histoire du châtiment est liée à celle de l'État et de la justice. En effet, elle témoigne, d'une part, d'un processus de socialisation montrant comment une autorité supérieure a monopolisé la violence civile et comment la société a résolu, selon les époques, le problème posé par les transgressions ; mais, d'autre part, elle illustre les paroxysmes d'un processus d'exclusion, en rappelant les politiques répressives menées par des régimes contre des groupes et des individus. Logiquement, enfin, elle ne dit rien des pratiques violentes mises en œuvre par des partis ou par des régimes lors d'affrontements (guerres de Religion, conquête coloniale, Seconde Guerre mondiale), laissant dans l'ombre des pans entiers de l'histoire de la violence.

La codification de la peine de mort remonte à la plus haute antiquité : du Code d'Hammourabi (2285-2242 avant J.-C.), qui réglemente les divers modes de mise à mort, aux Livres de l'Exode (loi du talion) et du Lévitique. Aussi dures que ces lois puissent être, elles inscrivent les condamnés dans une organisation collective : la lapidation exige ainsi la participation de la société, dans son ensemble, à la mise à mort. En outre, la rigueur de la peine est atténuée par l'instauration de l'asile ou du droit de refuge, en particulier dans les sanctuaires. L'Empire romain protège les citoyens romains et invente des peines de substitution (travail forcé dans les mines, esclavage...). Dans tous les cas de figure, le condamné est toujours partie prenante de la société et, paradoxalement, sa mise à mort vise même sa réintégration dans l'ordre social. L'Église n'intervient pas contre la peine de mort (à l'exception du cas de l'abandon de la crucifixion romaine), confiant les exécutions au bras séculier.